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Quand la mémoire des hommes est souillée !

par Abdelkrim Zerzouri

On ne sait vraiment pas d'où viennent ces pseudos artistes-sculpteurs, qui défigurent les grands hommes qui ont marqué l'histoire de l'Algérie, ni dans quelle école ils ont appris cet « art » de lacérer dans le vif la mémoire du peuple.

Les habitants de la ville natale du Chahid Larbi Ben M'hidi, ainsi que tous les Algériens, ont été choqués et consternés par cette statue que les autorités locales ont érigée à sa mémoire. Inauguré le 3 mars, date marquant la 59e année de la mort du chef de la Zone autonome d'Alger, ce buste qui a suscité tant de colères, d'indignations et de critiques, rappelle étrangement ce qui a été vécu par les Constantinois, il y a de cela près d'une année, lorsque les autorités locales ont installé une «méconnaissable» statue du Cheikh Abdelhamid Benbadis en plein centre-ville, un certain 16 avril 2015, toujours à la même occasion symbolique de célébration de la date de sa mort. Si ce n'est pas délibérément qu'ils ont défiguré l'illustre héros de la révolution, Larbi Ben M'hidi, cet homme qui a forcé l'admiration de ses pires ennemis, et avant lui le vénéré Cheikh Abdelhamid Bendadis, cet autre homme qui a détruit par la force du verbe des murs solidement érigés par les colons dans le but d'asphyxier la culture algérienne, de quels crimes se sont rendus coupables ces sculpteurs en les présentant dans un moule hideux qui ne leur ressemble en rien ? Non, bien sûr, même s'ils sont « présumés » coupables d'atteinte à la mémoire du peuple, personne n'a songé à les traduire devant le tribunal. Mieux, on vient toujours la nuit pour effacer la trace de la honte, déboulonner les statues et les cacher aux regards. Passer le scandale à l'oubli. C'est la culture impitoyable du buzz sur les réseaux sociaux. On a bien oublié l'infamie causée par la statue du Cheikh Abdelhamid Benbadis. Et on finira, aussi, par oublier ce buste qui ne peut représenter qu'une « horrible chose », mais jamais notre héros de la révolution. C'est ça le problème, le fond, du peuple et de ses dirigeants. On oublie les hommes qui se sont sacrifiés en donnant leurs vies pour nous laisser un si précieux legs, la liberté, l'indépendance. Impardonnable oubli. Si on savait leur donner une juste dimension, ces hommes ne seraient pas sculptés en statues de bronze, de quelque deux milliards de centimes, mais alors là pas du tout. Tout l'or qu'on possède, que possède le pays, ne suffirait pas pour leur tailler des statues. Non, ces hommes auraient souhaité qu'on se souvienne d'eux en prenant soin de l'Algérie.