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Quand on perd la boussole

par Boutaraa Farid

Quand on perd la boussole on tombe dans un sentier sombre qui fera de nous des figurines sans ombre. En effet, le quotidien de beaucoup de citoyens est absent, froid et sans joie. Les hommes vivent sous une tension.

Les humeurs sont en bas et les cœurs en émoi. Il est vrai, les réveils sont tristes et les nuits ne réparent plus des fatigues. Les êtres ont tous envie de dormir et de ne plus ouvrir les yeux. La vie est devenue un jeu de manège qui s'accentue de plus en plus. La nausée est là. Les peurs et les frustrations font la loi. Les langues ne disent rien et les plumes refusent les lumières. Et oui, quand on perd la boussole, nos visages n'ont plus d'éclat et nos esprits n'ont plus la force d'achever le chemin. On oublie la signification du vocable «demain». Le même refrain. Les mêmes images ont fait de nous des ratés qu'emprisonne une cage.

Le même mensonge que les multiples médias diffusent gratuitement a ôté toute initiative. Les puissants Le clanisme ne tolère plus les changements. On craint le nouveau et l'ancien ne répond plus aux exigences de l'heure. Le noir reste la seule option pour les âmes qui adorent les évasions et les lumières. Que peut-on faire quand les mots perdent leur sens? Que peut-on faire quand les cœurs n'ont plus de clémences? Nulle échappatoire de la bêtise humaine qui dicte sa loi et qui impose sa voix.

La face à face absurde que joue le monde d'aujourd'hui. D'une main on vous invite et avec l'autre on vous tire sur le dos. Tout nous laisse dire que les humains ont perdu la raison. Ils ne savent plus quoi faire de leur vie. Les puissants demeurent cupides et sans foi et les pauvres ont cessé de croire aux vertus du travail et tentent vainement d'imposer leurs voix. Les humains de nos jours s'accusent mutuellement et aucune sortie de la crise des valeurs n'est à l'horizon du moment que l'amour et la paix ont quitté les maisons. La guerre des cultures et des religions refait surface en mettant le monde dans une situation périlleuse et chargée de stress et d'angoisse. L'humanité vient de perdre sa boussole et aucune solution ne peut stopper les guerres et les conflits. Des endroits sont ravagés par des pluies et des inondations, tandis que d'autres n'ont pas la moindre goutte d'eau. Les températures sont en augmentation continue et les États industrialisés narguent ouvertement les écologistes. Tout va à l'envers. Les humains ressemblent étrangement à des égarés. L'hypocrisie et l'amnésie ne sont plus des défauts. L'humanité a perdu son chemin et elle ne possède ni pieds, ni mains.

Les gens de nos jours ont la frousse du nouveau. Ils ont peur du demain qui ne ramène que du vide et de la désolation. La coopération, l'aide et la solidarité ne figurent plus sur les menus. On parle d'intérêt et de partage. Les pauvre et les démunis n'ont aucune place dans les programmes des nouveaux maîtres. Que peut-on attendre d'un cupide quand il monte sur le trône? Absolument rien. Il va continuer sa quête de richesse et de nouvelles conquêtes. Que peut-on espérer d'un monde malade et en colère? Absolument rien du moment que les frontières sont fermées et les cœurs gelés. Et oui, la planète vit un mal atroce. La planète vit des moments de divorce. La planète terre est entre des mains franchement pas sincères. La planète terre vit une crise de valeurs. L'amour et le pardon demeurent absents et tout le monde parle d'explosion, de meurtre et de sang. Où sont les sages et les braves pour mettre un peu d'ordre et permettre aux enfants et aux vieux de passer un hiver tranquille et doux.

Où sont les sages des parlements, des mosquées et des églises pour stopper ces hécatombes qui nous poussent à creuser chaque jour de nouvelles tombes? Des femmes et des enfants n'ont ni pays, ni argent en ces jours froids et pluvieux. Un grand nombre d'humains ont besoin d'une soupe chaude, d'un peu de pain et d'un gîte tiède pour passer la nuit. Elle est où notre solidarité? Comment peut-on vivre tranquillement, alors que nos semblables sont dehors et font face à un froid et à un dénuement total? Comment peut-on vivre tranquillement, alors que des bombes aveugles sont larguées au Yémen, en Syrie et en Irak? Non l'humanité a perdu sa boussole et trop de sang coule de nos jours sur les sols.

Le moment est venu pour mettre du l'ordre à la maison «terre». Le moment est venu pour cesser ce massacre qui perdure et qui a métamorphosé tout sur son passage. Les hommes instruits ont un rôle à jouer. Les politiciens de cette ère devraient revoir leurs cartes. Le monde souffre d'une crise de principe. Le côté matériel prime sur le spirituel et l'humanité est en face d'une impasse qui exige la conjugaison des efforts et l'union de toutes les mains. Il ne faut plus attendre. La situation exige un penchement sérieux. Il est de notre devoir de penser aux malades et aux nécessiteux. Il est de notre devoir de penser aux pauvres et aux désespérés. Les autres ont aussi le droit à la vivre et au rire. Ils ont besoin de nos soins et de notre bonté ainsi que de notre générosité.

Comment peut-on faire cesser les cris de famine et de misère? Comment peut-on agir contre les forces du mal qui endoctrinent chaque jour de nouvelles victimes pour faire d'elles des bombes ambulantes? C'est avec la partage du peu qu'on a que nous vaincrons sur le mauvais sort. C'est avec le partage que nous gagnerons les défis et que notre planète reprendra sa quiétude et paix. C'est par le langage de l'amour et du pardon que les cœurs vont oublier les querelles et les disputes. C'est par la mise en place d'une politique d'équité et de justice universelle que nous reprendrons le dessus. Tout est possible. Il suffit que les intellectuels décident de mettre un peu de pression sur les politiciens qui ont le pouvoir sur les armées. Une pression pour faire arrêter ces guerres absurdes. Les organisations internationales ont la noble tâche de mettre un programme de lutte contre cette fuite en avant des décideurs. Pourquoi les budgets de presque tous les États vont aux armées? Des peurs et des craintes infondées et on rentre dans une guerre sale et interminable. Pour finir, nous dirons que l'erreur est humaine et qu'à tout début malheureux, on s'attend à une fin heureuse. Notre vœu en ce mois de mars qui coïncide avec la fête des femmes, est de voir les sourires à nouveau sur tous les visages de ces femmes qui n'ont ni pays, ni argent, ni toit. Notre souhait est de voir le retour de tous les migrants à leur terre natale. Nous voulons que ce mois de mars 2016 soit celui de la réconciliation et du pardon.