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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Mardi 23 février 2016

Après les ambassades, le roi du Maroc entame le renouvellement de l'appareil consulaire dans le but d'améliorer les services fournis aux Marocains résidant à l'étranger.

Devant le consulat du Maroc de la ville d'Orly, en banlieue parisienne, le roi Mohammed VI, s'est offert un bain de foule «royal».

Son déplacement au consulat du Maroc à Orly fait suite à son discours du 30 juillet 2015, date anniversaire de son accession au trône, où il avait sévèrement tancé certains responsables consulaires, accusés d'avoir manqué à leurs devoirs les plus élémentaires.

Depuis, 31 chefs de poste ont été renouvelés, un mouvement qui comprend 26 nouvelles nominations. En France, 6 consuls généraux sur 16 ont été remplacés. France, Espagne, Italie et Belgique ont été aussi concernés par ce renouvellement et des sanctions disciplinaires ont été prises à l'encontre des agents ayant commis des fautes graves dans l'exercice de leurs fonctions, dit-on.

Les consuls ont signé une charte de valeurs concernant l'éthique et l'intégrité de leur mission et se sont engagés à améliorer les conditions d'accueil des 5 millions de Marocains vivant à l'étranger, dont 1,5 million en France. Un numéro vert pour recueillir les réclamations et les doléances des Marocains a été mis en place.

À travers cette politique d'ouverture sur ses sujets résidant à l'étranger, Mohammed VI entame la deuxième partie d'un vaste mouvement de remaniement dans le MAE. Le 6 février, il avait renouvelé plus des trois quarts des postes diplomatiques du royaume à l'étranger, en mettant à leurs têtes de nouveaux ambassadeurs, issus entre autres du monde politique et des droits de l'homme. L'objectif est de mieux défendre les dossiers sensibles du Maroc sur la scène internationale, à leur tête la question du Sahara? On saura quelques jours après que le «SG du Front Polisario est invité par un Centre de recherche et d'études, par fax, à une conférence internationale à Marrakech, du 8 au 10 avril?sur le Sahara occidental» ( ????).

La réforme de l'appareil diplomatique suit la nouvelle stratégie de développement de l'influence du royaume à l'échelle internationale, dans laquelle Rabat cherche à mettre en avant ses atouts. Le 17 février, le roi du Maroc a rencontré le président François Hollande et a assisté avec lui à la présentation du projet de création d'un centre culturel marocain à Paris, le premier en France, qui sera édifié en plein Quartier latin. Un investissement de 6,7 millions d'euros.

Jeudi 25 février 2016

Après Yasmina Khadra, après Boualem Sansal, après Kamel Daoud, voilà donc que l'on s'attaque, par sites d'information (arabophones) interposés, à une de nos vedettes de la littérature? Ahlem Mosteghanemi. Elle a «commis» le «grand crime» de se faire traduire en hébreu. Sacrilège idéologique, politique, religieux racial.. et j' en passe. Au passage, Waciny Laredj est égratigné pour «complicité». Pour l'instant, les Palestiniens ne se sont pas prononcés? et c'est bon signe (comme d'ailleurs pour l'affaire Vimpelcom-Djezzy). Pour nous, le signe est déjà mauvais depuis bien longtemps. Pas seulement de la jalousie et de l'envie, mais trop de manipulations et je commence même à adhérer à la «théorie du complot»? avec, cette fois-ci à la barre, les «mains nationales».

- Les informations concernant la campagne de presse contre l'entreprise nationale Djezzy commencent à être livrées au public. Une histoire de fin de gros contrats publicitaires et de gestion de centre d'appels (2009-31 décembre 2015). Il est vrai que Djezzy avait très mal programmé sa conférence de presse. Les «révélations» auraient pu faire basculer la fête dans l'émeute juste après la rencontre de football Algérie-Palestine qui avait vu converger 60.000 supporteurs, tous pro-Palestine.

Vendredi 26 février 2016

Marine Le Pen au milieu de chatons? ou en train d'arroser des fleurs à son balcon grâce à son nouveau blog. Une mise en scène de son intimité, mais aussi des notes sur l'actualité.

Début février, Jean-Luc Mélenchon lançait son émission YouTube «Pas vu à la télé». Le député y reçoit des «personnalités qui ont peu d'espace dans les médias audiovisuels classiques afin de traiter des thématiques peu ou pas débattues», et fait intervenir les internautes sous forme de vidéo. Dans le même temps, Nicolas Sarkozy présentait sa webradio «Fréquence France».

De plus en plus, en Europe assurément, mais chez nous aussi, les politiques, surtout ceux de l'opposition, cherchent à utiliser toutes les formes de réseaux qui permettent une désintermédiation journalistique. Ces plateformes leur permettent de passer hors des canaux traditionnels : «Ils restent au contact des citoyens en évitant les journalistes et en contrôlant la temporalité de leur prise de parole», indique Arnaud Mercier, spécialiste en communication politique et professeur d'université. «Cette stratégie n'est pas nouvelle. Elle s'inscrit dans la continuité de l'utilisation de Twitter et Facebook».

Autre objectif de ces nouveaux réseaux, accentuer le sentiment de proximité. «Dans le cas de Marine Le Pen, la mise en scène vise à gommer les aspects négatifs liés à son personnage médiatique : poser avec des chats pour gagner en sympathie et corriger son image autoritaire», avance Arnaud Mercier. «On retrouve la même problématique avec le personnage clivant qu'est Jean-François Copé, l'un des politiques les plus détestés dans l'opinion, qui s'était grillé dans les médias après l'affrontement face à Fillon».

Souvent critique envers les médias, l'ancien président de l'UMP avait amorcé son retour en mars 2015 par le lancement d'un blog. «Je me suis astreint à une discipline : du silence, du travail, du terrain. Plus de politique politicienne. Plus de médias. Du fond. Prendre le temps», écrivait-il.

«Il est toujours amusant de voir certains politiques entretenir cette idée d'ostracisme dans les médias dont ils ont tant besoin», affirme Arnaud Mercier. «Mais ils savent très bien que les journalistes ont intégré ces plateformes comme des sources directes». Et espèrent secrètement que leur billet, leur tweet, ou leur statut sera reproduit dans les médias traditionnels pour toucher un plus large public. Sacrés hypocrites !

- Selon l'inénarrable mais relativement efficace ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, le Maroc va démarrer un programme de formation de 5.000 jeunes «au plaidoyer numérique sur la cause nationale dans le conflit au Sahara occidental». Durée : cinq ans.

Objectif : «Défendre la cause nationale dans le monde numérique, et ceci avec une stratégie de communication très poussée». Il précise que ce sont les jeunes politisés qui se seront formés. «On va signer une convention avec les jeunesses des partis politiques pour la formation des jeunes, en ce qui concerne les plaidoyers dans le digital». Idée pas bête du tout. Par la suite, une barbichette et un uniforme à l'«afghane» complèteront la formation? pour aller encore plus loin? ou plus haut!

-On dit que Ahmed Lahri, le jeune et talentueux présentateur du JT /Entv/Canal Algérie aurait été « redéployé» n'ayant pas donné du «Monsieur le Président de la République» lors de la présentation d'une info. On se souvient encore de Daoud Antar, alors tout jeune journaliste, revenant d'une formation spécialisée à l'étranger, qui avait présenté, il y a de cela plusieurs décennies, un JT? debout, à la «Mourousi»? puis assis sur le coin du bureau. Il n'avait pas fait long feu. De 62 à nos jours, tous les autres «essais» n'ont duré que le temps d'un «feu de paille», vite éteint. Il est vrai qu'on ne change pas un discours et une méthode qui gagnent. Avis aux novateurs ! Journalistes, ne citez jamais un wali avant un ministre, ou un ministre avant le Premier ministre, ou un général avant un général-major, ou? Du secteur public, vous serez «redéployés» et du secteur privé «boycottés». L'ordre protocolaire est, chez nous, et chez bien d'autres, il est vrai, un ordre immuable? et mortel.

Samedi 27 février 2016

Bien, sûr, derrière la campagne de presse? basée sur le «risque Algérie», menée par Le Figaro (journal de droite proche du couple Sarkozy-BHL), il y a? les grosses «affaires» ratées (Dassault, le marchand d'armes qui aurait bien voulu que l'Algérie lui achète des Rafales), il y a la rancune amassée depuis l'époque coloniale, il y a des calculs politiciens frisant le chantage (surtout après les voyages, en Algérie, de concurrents sérieux à l'approche de l'élection présidentielle française), mais il y a, aussi, des choix géostratégiques suscités, directement ou insidieusement, par nos «amis» de l'Ouest ?surtout après les récentes déconfitures diplomatiques liées au Sahara occidental (dont l'annulation de l'accord commercial avec l'UE) et au refus persistant de l'Algérie de ré-ouvrir les frontières terrestres? l'augmentation récente du prix du carburant étant la goutte ayant fait déborder la citerne déjà pleine de la contrebande. Quant à la contribution de plumes algériennes (ou amies) au dossier, il ne faut pas trop vite condamner et y voir on ne sait quel «complot», les auteurs ayant leurs raisons?et la liberté de penser et d'écrire. En fait, leur inquiétude n'a d'égale que leur trop grand amour pour l'Algérie. Et, toute passion peut être, quelque part, aveugle? et pardonnable!

- Trois sépultures musulmanes de plusieurs époques?à une dizaine de mètres de tombes chrétiennes, sont découvertes à Nîmes (sud de la France) par des chercheurs de l'INRAP. Elle datent des VIIè et XVIè siècles. Déjà, on avait découvert, par le passé, des tombes musulmanes du XIIè siècle à Marseille et à Montpellier. On attend avec impatience les «explications» des nouveaux islamophobes sur ce rapport de cohabitation à l'air tout à fait pacifique et accepté par les ancêtres.

Dimanche 28 février 2016

Décidemment, nos partis politiques, quand ils sont dans l'opposition, n'y vont pas de «main morte». Ainsi, pour eux, s'appuyant, disent-ils, sur les analyses d'experts et de spécialistes, ils qualifient le système politique national actuel d'«inclassable». Ni présidentiel, ni présidentialiste, ni semi-présidentiel, ni parlementaire, ni d'Assemblée? ni? C'est un système «hyper-présidentialiste», disent-ils ! Unique au monde ! Et, il paraît que le pays n'a jamais connu cette catégorie de pouvoir. J'en doute, après quelques décennies de pleine citoyenneté nationale. L'Algérie n'a connu que des «hyper-zaïms» (même dans nos entreprises économiques et nos ministères? une vraie maladie)? et un seul hyper- parti politique, les seules éclaircies ne durant que le temps d'une hyper-illusion.

Quant aux partis «au pouvoir», leurs dirigeants en tout cas, ils sont bien plus préoccupés par la «plus grande des batailles», celle de la succession, les uns comme les autres demandant, en attendant de décrocher le gros lot, la direction du gouvernement. Ils redoublent d'imagination en vocabulaire et mobilisent leurs troupes, tout particulièrement les jeunes, bien plus malléables que les anciens. Parions que les tribunes des stades de foot vont bientôt prendre le relai.

Mardi 1er mars 2016

L'accusé, Abdelfatah Hamadache, chef d'un parti islamo-politique (non agréé), le «Front de la Sahwa islamique salafiste libre», risque fort de passer quelque temps à «l'ombre» pour avoir demandé, en utilisant une chaîne de télévision populiste, la «peine de mort pour apostasie» contre Kamel Daoud ?

Le procureur du tribunal de la Cité Djamel-eddine d'Oran a requis six mois fermes, assortis d'une amende de 50.000 dinars.

Une affaire qui remontre à décembre 2014 !

Durant près de 15 mois, l'écrivain et journaliste s'est donc trouvé dans la peau de cible des partisans de la «fatwa de mort», l'obligeant, je crois, à éviter les lieux publics par exemple et à se réfugier dans un «certain exil»? et à travailler «avec la tension d'une gestion de vie ou de mort». Mais, même «là-bas», il a été la cible d'un autre extrémisme, celui d'intellectuels (19, a-t-on compté)? accusé de «blasphème»? à l'endroit de la culture et de la sexualité arabo-islamique (base : l'affaire «Cologne»)? par le biais d'une déclaration collective «assassine».

Le premier a plaidé l'innocence et la justice, s'en tenant aux textes de lois, va trancher. Les seconds se sont subitement tus et le public les a déjà totalement oubliés, «tués» par le ridicule. Quant à l'Algérie, elle s'est retrouvée, une fois de plus, une fois de trop, enfoncée dans le marécage des critiques étranges et/ou des interventions étrangères.

Mercredi 02 mars 2016

Une véritable bouteille à l'encre que le paysage politique algérien, ces derniers temps. Et les derniers amendements apportés à la Constitution n'ont fait que le rendre encore bien plus illisible? pour les citoyens, cela s'entend, préoccupés surtout par les informations pessimistes ( toujours versées à grande eau par les «experts») sur la situation économique et financière et les effets sur les bourses familiales. Car, pour le personnel politicien, surtout celui en poste, il n'y a qu'un seul sujet de discussion, de débat et de polémique : le remaniement ou le changement de gouvernement, chaque «chef» défiant les autres tout en espérant «décrocher» la meilleure place pour le sprint final. C'est dire l'état délabré de la pensée politique nationale dirigeante. Mais, peut-être, pas si délabrée que ça ? En fait, les «arrières» étant largement assurés, tout est déjà partagé et placé ailleurs, bien en sécurité. Ne reste plus à discuter et à disputer? que les profonds fauteuils du pouvoir.