L'esplanade de la
mosquée Emir Abdelkader, dont la sublime image se confond avec cette belle
architecture, n'existera désormais que sur les vieilles cartes postales. C'est
que des travaux de réhabilitation entamés le 10 mars 2014 dans le cadre de
l'événement ?'Constantine capitale de la culture arabe'' ont démoli cette
esplanade qui incarnait à elle seule et à merveille cette culture arabe. Afin
de préserver cet ouvrage, des correspondances d'alerte (dont copies sont en
notre possession) ont été envoyées au DLEP, datant du 17 mai 2014 et du 13
janvier 2015, par le comité du complexe de la mosquée Emir Abdelkader, où il
est relevé, « nous assistons impuissants à la démolition de la totalité de
l'esplanade?, nous enregistrons la démolition intégrale des installations
existantes y compris les candélabres, le réseau d'eau potable, le réseau
d'incendie, les jets d'eau, les espaces verts? ». Ceci, bien que, nous a
informé M. Benabderrahmane, le président du comité de la mosquée EAK, les plans
de 40 installations souterraines, de locaux, de différents réseaux, de
l'éclairage aient été remis le 17 décembre 2013, c'est-à-dire avant l'entame
des travaux pour que l'entreprise chargée de la réhabilitation en tienne compte
lors de la réalisation des travaux. Par ailleurs, une route a été tracée au
niveau du talus ouest malgré les recommandations de tous les bureaux d'études
qui se sont succédé au niveau de la mosquée, « de ne pas chahuter ce talus car
cela engendrera le glissement des résidences se trouvant en amont de ce
versant, un glissement s'étant déjà produit au début des années 80 », souligne
notre interlocuteur. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a été
également saisi par le comité, à la suite de quoi une délégation présidée par
l'inspecteur général du ministère s'est déplacée sur site le 8 octobre 2014 à
laquelle on a remis, précise-t-on, un support magnétique (CD) retraçant l'état
initial et les travaux en cours. « On est en train de saccager tout ce qui
existait sur terre et sous terre », lancent, attristés, les membres du comité,
en affirmant que le projet ne sera jamais terminé comme il était auparavant et
qu'il ne sera pas prêt pour le début des festivités de ?'Constantine capitale
de la culture arabe''. Signalons que, chose étrange et paradoxale, le fait que
les images de l'ancienne esplanade inexistante actuellement, défilent en boucle
sur l'écran publicitaire de la place La Brèche et que la mosquée Emir
Abdelkader et automatiquement son ancienne esplanade soient retenues comme
sujet phare dans une exposition de l'art contemporain au cours de ces
prochaines festivités. On ne sait pas que cette ancienne esplanade n'est plus !
Même le DEP nous dira à ce propos qu'il n'était pas là au moment de ce choix ou
de cette décision de réhabilitation contestée.