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Ali Haddad : cheval en chair ou oiseau de fer ?

par Slemnia Bendaoud

Ali Haddad est-il ce pur cheval en chair, de course ou de guerre, qui conquiert les vastes territoires à la recherche de ses repères et tout mérités grands titres de gloire ? Sinon cherche-t-il à plutôt devenir cet autre oiseau de fer qui part, longtemps suspendu dans les airs, à la vitesse de la lumière de cet hémisphère vers cet autre lointain hémisphère dans son voyage de prospection de notre grand univers ?

Est-il, en fait, ce chétif et très rétif bourrin à qui l'on donne bien souvent de violents coups de gourdin pour le faire avancer à un rythme cadencé, afin de ne pas se faire distancer par les autres rapides équidés, de peur de rater ce chemin emprunté par l'ensemble de la caravane ?

Ou alors est-il cet autre gros volatile, si magnifique et de consistance bien métallique, qui parcourt dans tous les sens et directions la voûte céleste, sans jamais soucier de la moindre alerte, fonçant sur son aérien trajet qui nous répercute ses empreintes en lignes lumineuses et très parallèles au dessus de nos têtes ?

Est-il ce véloce coureur pur sang qui arrive à mettre tous ses nombreux concurrents dans le vent,à la moindre incartade ou simple accélération imprimée à ses longs jarrets qui ne marquent jamais un quelconque arrêt jusqu'à cette ligne d'arrivée qui fait triompher les grands héros et recaler les véritables tacots ?

Sinon se prend-t-il désormais pour ce légendaire et très léger être humain, aux mains palmées et au buste super plat, pour faire aussi bien dans les airs que ces oiseaux grands-migrateurs qui planent très haut dans le ciel et changent, selon leur convenance et aisance, constamment d'espace de mouvance ?

Où faut-il donc placer cet homme à la fulgurante ascension qui est aussi rapide qu'un pur-sang Arabe dans ses courses préférées à très court trajet et vole aussi très haut dans le ciel algérien jusqu'à faire de l'ombre sur les grands Astres de la politique du pays ?

Qui aurait parié un seul sou sur ce petit hôtelier de la région de la Grande Kabylie pour lui prédire de passer outre toutes autres Universités et leurs nombreux ateliers de formation qui consacrent l'élite de demain qui milite sur le terrain ?

Mais lorsque le destin de longue ou grande chevauchée ne dépend pas seulement du calibre du poulain que produit notre écurie, il devient dès lors très difficile aux nombreux observateurs de reconstituer le tracé de ce long trajet qui mène avant terme à cette parfois inattendue ou usurpée consécration !

Chez les pépites des jeunes et très prometteurs équidés, la bonne graine est déjà visible bien avant même leur première montée ou chevauchée ! On y décèle déjà ce tout nécessaire gène qui nous fait en bout de course triompher ! Qui aide à gagner haut la main et à la série les trophées mis en jeu !

Mais Ali Haddad faisait-il déjà partie de ces pupilles qui étaient prédestinées à cet avenir radieux sans même avoir à longtemps y observer cet itinéraire tortueux aux chemins escarpés d'un Savoir bien difficile à s'en accaparer ?

Comment a-t-il encore fait pour trôner très haut dans les airs sans jamais se tromper d'escalier à prendre ou de palier à atteindre ? A-t-il emprunté cet ascenseur ?'classe affaire'' de l'espoir qui ne s'arrête qu'aux gares principales pour les besoins typiquement commerciaux et de très haut niveau ?

Sinon a-t-il bien calculé son coup, passant en coup de vent au soleil levant par cette autre porte dérobée du fameux «enrobé» pour être finalement le premier à l'arrivée qui foule aux pieds ce tapis rouge réservé aux hôtes de prestige et autres grands souverains ?

Cheval en chair ou oiseau de fer, Ali Haddad cultive tout de même ce grand mystère qui entoure l'extraordinaire réussite de l'époustouflante carrière d'homme d'affaires qu'il est désormais devenu. Loin de nous toute idée de faire sa longue rétrospective, l'on admet qu'il est plutôt devenu cet homme ?'touche-à-tout'' dans le terrain de prédilection s'étend de celui du foot et son monde de gens vraiment fous à celui de la politique et ses acteurs très hypocrites, en passant par celui très syndical au cliché bien libéral.

En prenant vraiment de l'envergure, il bascule de temps à autre au devant de la scène, propulsé qu'il le soit très souvent au fur et à mesure que se bousculent les évènements du champ politique national.

Ainsi donc, ce petit peuple de ces Algériens d'en bas le découvre pour la première fois, communiquant comme nos gouvernants d'aujourd'hui dans la langue de ce colonialisme d'autrefois.

Il en prend donc note à mesure qu'il découvre au fil des jours ce nouveau chef du patronat algérien coopté et boosté à son tout nouveau poste, à la manière d'un président de la fédération algérienne de football (FAF) dont personne ne peut vraiment jouer à son hypothétique concurrent, sachant à l'avance la nature de la résonance des urnes.

Aussi, sa candidature à la tête du forum des chefs d'entreprises (FCE) est passée comme une lettre à la poste, n'enregistrant ni un quelconque obstacle ni la moindre objection quant à sa nouvelle promotion.

Mieux encore, contrairement aux anciennes traditions et aux cérémonies d'investiture ou d'usage ayant été organisées par ses nombreux prédécesseurs, toute une bonne brochette de ministres de départements-clefs de l'activité quotidienne des Algériens y était alors conviée et invitée ; ce qui laisse désormais amplement deviner la nature de l'appui très conséquent qui lui est apporté par cette équipe gouvernementale. Ainsi donc, de l'image qui nous est pompeusement véhiculée ou savamment répercutée, l'on est même tenté de croire en de bien nouvelles ou meilleures mœurs a qui se sont désormais ancrées au sein de notre misérable paysage politique ; sauf qu'au lieu d'en faire dans un cadre global et très général cela ne concerne que quelques entités, le plus souvent tirés sur le volet.

Ali Haddad, ce forgeron par le nom, connait une fulgurante ascension dans le monde des affaires qui donne un véritable tournis à ses nombreux pairs et différents concurrents, contrôlant désormais conjointement avec les hommes du pouvoir les grands leviers de la rente pétrolière nationale.

C'est donc à travers le tourbillon de la poussière soulevée du sol et propulsée en l'air en véritables colonnes de nuage de terrepar le mouvement continu et cadencé des pattes arrièrede ce nouveau poulain du pouvoir que le petit peuple évalueà juste titre cette interconnexion contre nature ou mélange douteux d'intérêtspublics et privés qui ne profiteront jamais à la société, suscitant au passage les courroux de Madame Louisa Hanoun, ce leader du parti des travailleurs PT).

Ce grand galop jusque-là bien réussi en ligne droite et direction très verticale par ce plus ou moins jeune cavalier lui ouvre-t-il, par conséquent, droit à tous ces nombreux galons engrangés à la pelle et sans la moindre peine pour que l'effet de la moutarde lui monte si fort au nez jusqu'à opter dorénavant pour ce vol plané et durable d'un véritable oiseau de fer !

Seul un cheval en chair qui a les nerfs en acier peut garder la tête froide et bien fixée sur les épaules devant pareilles séduisantes sollicitations ! Comme quoi il faut disposer de ce mental qui résiste ou défie la force reconnue au métal.