Hier, à
Addis-Abeba, c'était la grande première de Christian Gourcuff qui effectuait
ses débuts comme responsable technique d'une équipe nationale. Gourcuff est
donc venu avec sa philosophie du football, différente de celle de son
prédécesseur. Tout au plus, et en tenant compte des nombreuses données
spécifiques à cette rencontre dont l'importance est à souligner, le coach
français a adopté une stratégie avec des dispositions générales pour la
préparation la plus rationnelle à ses yeux. La tactique de départ devait être
un classique 4-4-2, mais l'idée de faire reculer d'un cran le second attaquant
était dans l'air. Il faut reconnaître que Gourcuff avait précisé que son option
n'est pas figée, mais souple, en fonction de la situation du moment et de
l'adversaire. C'est dans cet ordre d'idées qu'il a donné des instructions
précises à ses poulains. Il leur a demandé de ne pas trop forcer en première
mi-temps qu'il faudra bien gérer, car il fallait tenir compte de l'altitude
(2.500 m) où l'acclimatation d'un athlète nécessite au moins deux semaines. Sur
le plan tactique, Gourcuff avait prévu la première, classique en 4-4-2, la
seconde avec une «sentinelle» devant le quatuor défensif, et trois milieux dont
l'un était chargé d'épauler Slimani. Et c'est finalement cette tactique, qui a
été adoptée dès le coup d'envoi. Appliquant à la lettre les consignes de leur
entraîneur, les Algériens ont fait preuve de retenue, évitant de se précipiter
face aux Ethiopiens qui s'attendaient à subir la pression des Algériens. Cette
option a sans aucun doute décontenancé les hommes de Barreto qui furent donc
contraints d'avoir recours aux longues balles. Supérieurs sur le plan technique
et mieux organisés, les Fennecs furent récompensés par un but de Soudani, même
si ce dernier a bénéficié d'une certaine réussite. Il est certain que ce but a
influé sur les «prévisions» des deux entraîneurs. En effet, Gourcuff avait
prévu de passer carrément à l'attaque en seconde période. Or, les Ethiopiens se
sont montrés plus entreprenants dès la reprise, sollicitant M'Bolhi et sa
défense. A l'issue de ce premier test, on relèvera deux constats essentiels. En
premier lieu, l'équipe nationale a certainement franchi un palier intéressant
au vu de la maîtrise du match livré hier à l'extérieur. En second lieu,
l'équipe nationale s'est montrée plus efficace du côté gauche, la présence du
duo Brahimi-Soudani (ce dernier étant suppléé par Mahrez) étant liée à ce
constat. Que Brahimi ait été l'auteur du second but explique le relatif
«effacement» des joueurs du couloir droit. Il est certain que ces faits n'ont
pas échappé à Gourcuff, qui s'est engagé à renforcer les points forts. Outre ce
projet, il lui reste à éliminer les lacunes. Incontestablement, son règne
débute sous les meilleurs auspices.