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Aujourd'hui, cours d'éducation politique

par Moncef Wafi

Aujourd'hui l'école va rouvrir ses portails pour une nouvelle fournée. Une première rentrée scolaire de la nouvelle ministre de l'Education nationale, Benghebrit, placée sous le signe du doute. Monopole de l'Ecole algérienne, les rentrées difficiles ont de tout temps rythmé ces débuts d'années scolaires augurant de trimestres houleux. 52 ans après l'indépendance, on en est toujours au stade du bricolage et de l'improvisation, des réformes et des contre-réformes et du bras de fer entre tutelle et partenaires sociaux prenant en otage les millions d'élèves qui hantent les bancs des établissements scolaires. A croire qu'une malédiction a frappé cette Ecole qui n'en finit plus de ployer sous le poids de la médiocrité institutionnelle. Rien n'a été épargné à nos enfants par un système éducatif aussi tatillon qu'obsolète précipitant des centaines de milliers d'élèves à la rue pour gonfler les chiffres de la déperdition scolaire. L'Ecole algérienne est devenue à force de replâtrage, de méthodes d'enseignement importées et de calculs politiciens, un laboratoire d'essai qui fabrique chaque année des millions de lobotomisés. Gonflement des taux de réussite aux examens de passage, interdiction de renvoyer des élèves qui n'arrivent pas à date de péremption faisant exploser la démographie scolaire, passe-droits, tous les subterfuges ont été utilisés pour donner de l'Ecole une image propre. Cette année ne déroge pas à la règle générale puisque tous les paramètres indiquent qu'on se dirige vers une rentrée sur les charbons ardents alors que les priorités sont encore reléguées aux vestiaires. Aujourd'hui, Benghebrit a décidé que le premier cours de l'année sera consacré à l'unité nationale et son coup d'envoi sera donné à partir de Ghardaïa. Tout un symbole alors qu'à côté, des parents d'élèves demandent le changement des personnels enseignant et administratif de 18 établissements scolaires. Encore un autre symbole. L'Ecole de Benghebrit s'ouvre sur le renforcement de la discipline. Pas de rouge à lèvres ni de gomina. A croire qu'interdire le port du short ou d'une jupe au-dessus du genou a plus d'importance que le niveau des enseignants ou de la méthode d'apprentissage. En s'attaquant aux faux problèmes on est certain de ne pas trouver les vraies solutions à la tragédie que vit l'Ecole algérienne et ce ne sont pas ces millions de dos voûtés et d'esprits embrouillés par huit heures de cours non-stop qui vous diront le contraire. Au lieu de s'atteler à solutionner le problème de la surcharge des classes, du poids des cartables, de l'incompatibilité du système éducatif et de la médiocrité du niveau de l'enseignement on trouve plus urgent de mesurer la longueur d'une jupe ou de surveiller, au rayon X, les cheveux de l'élève.