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Une rentrée des classes sous haute surveillance

par Yazid Alilat

La rentrée scolaire 2014-2015 va se dérouler sous «haute surveillance». C'est le cas de le dire avec l'annonce de dispositifs sécuritaires particuliers, annoncés autant par la Gendarmerie nationale que par la DGSN. Pourquoi un tel branle-bas de combat jamais enregistré jusque-là depuis l'indépendance ? On ne sait. Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup d'appréhensions pour cette rentrée scolaire.

Il s'agit d'abord des clivages entre les syndicats indépendants et le ministère sur certaines revendications sociales pas encore réglées et qui peuvent altérer cette année scolaire. Ensuite, il y a tout le remue-ménage actuel autour du recrutement d'enseignants, par voie de concours, qui a provoqué une mini-crise au sein du ministère. «Last but not least», il y a le problème de la surcharge des classes, pointé du doigt par les syndicats de l'éducation et que le ministère n'arrive pas à résoudre, tout comme la problématique des matières enseignées qui rendent les cartables trop lourds pour les frêles épaules d'élèves du primaire. C'est là en vrac les gros soucis du ministère de l'Education nationale qui va affronter cette rentrée scolaire 2014-2015 avec de «grosses pierres dans les sabots». Car, outre les revendications sociales des syndicats pas encore satisfaites, il y a le problème du manque d'enseignants et, surtout, celui des administratifs et enseignants pas encore titularisés et employés sous forme de CDD.

Bref, les syndicalistes tirent la sonnette d'alarme: les vrais problèmes des travailleurs du secteur, toutes catégories confondues, n'ont pas été résolus. Un autre problème en fait pour la ministre de l'Education Nouria Benghebrit, envoyée à Ghardaïa donner le «top» à cette rentrée des classes pour près de 8,6 millions d'élèves. On peut ainsi logiquement s'interroger sur les mobiles du déplacement de la ministre de l'Education dans la capitale du M'zab, qui a connu de graves événements tout au long des 9 derniers mois, pour y annoncer solennellement la rentrée scolaire. Geste politique d'apaisement de la part du gouvernement envers les populations de la ville, donner une autre image de cette cité millénaire autre que celle de la violence, ou tentative de récupération des attentes réelles des populations locales quant à la fin de la violence dans la ville et la région ?

Certes, le retour au calme dans la région est palpable, pourvu qu'il dure, mais quelle autre lecture donner à ce déplacement de la ministre de l'Education dans une ville meurtrie il n'y a pas si longtemps par des affrontements pénibles? A moins que l'on ne veuille donner à cette rentrée des classes des contours autres que ceux liés à l'école, le savoir, l'éducation et le livre. D'autant qu'en «interne» tous les litiges ne sont pas encore assainis entre le ministère et les syndicats.