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L'Union européenne vient de décider de supprimer les visas touristiques
pour les cinq pays de l'Est européens qui ont signé, en décembre dernier, des
Accords d'association. 16 autres pays bénéficient de facilités. Et nous, dix
ans après l'entrée en vigueur des mêmes Accords d'association ?
Pour sa première présidence de l'Union européenne, la Lituanie aura tenu ses engagements centrés sur la valorisation du partenariat oriental de l'UE. Les signatures des Accords d'associations avec cinq pays de l'Est européens sur les six prévus (excepté l'Ukraine qui n'a pas signé l'Accord) ont produit, au-delà des aspects économiques qui ouvrent les marchés de ces pays aux Européens, une véritable plus-value socio-politique pour tous les partenaires : la libre circulation des peuples des cinq pays qui ont signé les Accords d'association à Vilnius en décembre dernier. Les citoyens de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de Géorgie, de Biélorussie et de Moldavie seront exemptés de « visas » pour circuler dans les 28 autres pays européens. Mieux, la mesure a été proposée à l'élargissement à 16 pays des Caraïbes et de l'Océan pacifique, et de faciliter au maximum les procédures d'obtention de « visa touristiques » aux citoyens des Emirats arabes unis, du Pérou et de la Colombie?et pour la première fois à un pays du Sud-méditerranée : le Maroc. Voilà un pays d'à peine 3 millions d'habitants et une superficie de 65.000 km2 qui opère une vraie « révolution » sociale et culturelle dans les politiques européennes. De juin à décembre 2013, durant les six mois de sa présidence de l'Europe, la Lituanie a fait franchir à l'Union européenne un pas décisif dans ses rapports avec ses voisins de l'Est. Immanquablement, la question nous interpelle : pourquoi les Accords d'association signés avec les pays du sud-méditerranéen voilà plus de 10 ans et plus pour certains, comme la Tunisie, ne contiennent pas cette « avancée », celle de la suppression ou du moins de la simplification des procédures de visas touristiques pour les « gens » ? De deux choses l'une : soit les pays de l'Est européens savent mieux négocier un Accord d'association avec l'UE, soit les Européens font de la discrimination entre les citoyens de l'Asie, des Caraïbes etc. et ceux du sud-méditerranéen. Le préjugé devient vite une certitude : les pays du Sud-méditerranée sont arabes et musulmans à la différence des peuples de l'Est-européen. Donc, culturellement différents et politiquement compliqués à gérer. Et pour cause ! La Lituanie a inscrit comme seconde priorité de sa présidence de l'Union, la question culturelle avec un intitulé « prestigieux » : la diplomatie culturelle. Ainsi, dans son argumentaire pour le rapprochement (et l'inclusion plus tard) des pays de l'Est-européen au reste de l'Europe, il est mis en évidence que : « la culture forme des citoyens actifs qui sont capables de construire individuellement et courageusement leur avenir ». Il est ajouté que la culture rapproche les peuples pour leurs valeurs communes et protège leur durabilité et leur diffusion. Et de rappeler ces « valeurs » que sont « les droits de l'homme, la liberté d'expression et la gouvernance démocratique ». Cela explique donc, la longue réunion des ministres de la Culture, tenue les 16 et 17 octobre à Bruxelles, avec les autres institutions européennes, y compris celle du Service d'Action extérieure de l'UE (Affaires étrangères). De juin à décembre 2013, pendant que l'Europe s'échinait sur les questions de la dette publique financière, l'emploi, la balance des paiements, la croissance, la fiscalité.. etc. la présidence lituanienne posait les jalons d'une Europe plus ambitieuse aux plans humain et culturel. La rivalité franco-allemande sur ces questions occupait les « unes » des médias et oubliait jusqu'au nom de la femme, présidente de Lituanie, Mme Dalia Grybanskaité. Et ce sont encore des préjugés qui accueillent la nouvelle présidence de l'UE, depuis ce 1er janvier, endossée par la Grèce. Un pays qui n'a pas su gérer chez lui, peut-il bien gérer les 27 autres pays de la famille européenne ? s'interrogent les eurosceptiques. Sauf que la Grèce a déjà présidé à quatre reprises les destinées de l'Union, sans scandale ni faillite. Quant aux pays du Sud-méditerranée, auront-ils l'audace et l'intelligence de mettre les questions humaines et culturelles au centre de leurs diplomaties avec l'UE ? Faudrait peut-être commencer par valoriser ces questions chez eux d'abord. |