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Contre la cybercriminalité: La police de l'Internet arrive

par M. Aziza

L'Algérie, à l'instar d'autres pays, commence à connaître l'émergence de la cybercriminalité. Les instances judiciaires du pays ont enregistré, depuis le début de l'année 2010, 12 affaires de cybercriminalité dans lesquelles 88 personnes ont été inculpées et sont poursuivies par la justice. Ce sont les chiffres avancés, hier, par les responsables du ministère de la Justice, en marge du séminaire international sur la lutte contre la cybercriminalité, à l'hôtel Sheraton, et dont les travaux se poursuivent aujourd'hui. Les responsables du département de Tayeb Belaïz, ont cité des cas tels que le piratage du site de notre journal «Le Quotidien d'Oran» et l'attaque du site du quotidien électronique «Tout sur l'Algérie (TSA)», ainsi que l'intrusion d'un jeune informaticien dans les fichiers de la Banque d'Algérie et des Douanes nationales à Oum El Bouaghi. D'autres affaires relatives à la diffusion de scènes obscènes sur Internet à Rouïba, le vol d'informations et l'atteinte à la vie privée des citoyens ont été évoquées.

 Le nombre d'attaques sur les différents sites électroniques en Algérie atteint, selon les chiffres avancés par le P-DG de l'Eepad, 3000 attaques par mois. Pour le directeur général du Centre de recherche juridique et judiciaire (CRJJ), Bouzertini Djamel, l'Algérie ne connaît pas, à vrai dire, une grosse criminalité technologique par rapport à des pays qui sont très avancés en matière de technologie de l'information. «Le phénomène de la cybercriminalité n'est pas très développé car notre pays n'est pas encore outillé pour l'utilisation, à grande échelle, des cartes d'accès aux comptes bancaires et le haut débit est limité», a-t-il affirmé. Mais il a tenu à souligner que l'Algérie a intérêt à se préparer pour lutter contre la cybercriminalité pour les années à venir, d'autant plus qu'elle ambitionne de généraliser l'accès à Internet en fixant l'objectif d'atteindre les six millions d'abonnés en 2013. Et d'évoquer aussi la future généralisation du payement électronique par Internet qui exige la sécurisation des réseaux et la confidentialité totale. Bouzertini a affirmé que les autorités algériennes sont conscientes et ont mis en place un dispositif législatif, tant en droit civil que pénal. «50 magistrats ont été formés pour se spécialiser dans le domaine de la cybercriminalité, des formations qui ont touché également les corps de sécurité», a déclaré l'intervenant. Et d'ajouter qu'un office national de lutte contre la cybercrimilaté sera prochainement installé et que sa création devrait intervenir incessamment par la voie d'un décret exécutif. Les autorités algériennes misent, selon les participants, sur la coopération et l'échange de renseignements, notamment en ce qui concerne l'intrusion illégale dans les systèmes d'information, l'escroquerie, le financement et la propagande du terrorisme et la pédophilie ?

 Des représentants d'Interpol et des experts américains, français, irlandais et britanniques ont pris part à ce séminaire. Le représentant d'Interpol a confirmé que les autorités algériennes, notamment les services de sécurité, coordonnent, à travers le bureau central d'Interpol à Alger, avec leurs services, que ce soit dans le traitement d'affaires liées à la cybercriminalité ou autres liées au crime en général. Pour le représentant de la police internationale dans notre pays, Michel Moran, «l'Algérie ne pourra jamais lutter contre la cybercriminalité sans un échange de renseignements et sans coopérer avec des pays étrangers, dans un monde devenu sans frontières». Et d'affirmer que ses services coopèrent d'une façon très efficace avec la partie algérienne. «Nous avons un groupe algérien qui travaille avec nous sur la lutte contre la cybercriminalité qui touche essentiellement les enfants et les mineurs, et chaque année, des policiers algériens assistent avec nous à des séminaires, des formations dans le domaine de la cybercrimilaté». S'agissant de la protection de nos institutions et nos entreprises face à des formes d'ingérence et d'espionnage, le DG du CRJJ a appelé les responsables de celles-ci à se rapprocher de préférence des hébergeurs de sites Internet algériens. «Il est plus facile aux services de sécurité de traiter une affaire d'ingérence, d'escroquerie ou d'espionnage auprès d'un hébergeur qui se trouve à côté, au lieu d'aller chercher ou poursuivre un hébergeur qui se trouve loin à des milliers de kilomètres», a-t-il indiqué. Et d'ajouter que ce genre de séminaire permettra aux acteurs du secteur de conclure des partenariats avec des experts étrangers afin qu'ils puissent développer plus de logiciels locaux.