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Douro et Terro

par Ali Brahimi

Depuis des millénaires, les deux rives de la méditerranée ont constitué des contrées aux innombrables confrontations identitaires générant, étrangement, des élans civilisateurs formidables.

En effet, les tempéraments socioculturels des élites se succédant dans le temps, de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée, sembleraient se complaire avec ces comportements tantôt emportés tantôt sereins et, donc, enclins aux humeurs euphoriques des fois, coléreuses, abattues et méfiantes souvent. Par ailleurs, celles-ci n'ont pas cessé de s'empêtrer dans des conflits, générés aux plan interne et externe, d'ordre existentiel conjugué à l'accaparement outrancier des profits liés au bien-être exclusif des enfants de la rive nord de la méditerranée, et de ceux d'Israël se trouvant a son? sud.

 Il est donc vrai que la Méditerranée, à l'origine, avait toujours constitué le berceau du veau d'or et des excès liés aux plaisirs de la possession, des biens matériels, et ce, depuis, notamment, la révolution industrielle et les propensions coloniales ainsi que de leurs importants impacts sur le mode de vie et les caractères des gens des deux rives avec, toutefois, à chacune son lot d'opportunités pour les uns, et, de dépendance totale pour les autres. En d'autres termes, l'ère, de la finance internationale et ses excès, vient d'être inaugurée. Avec de nouveaux entrains et méthodes marchandes intercontinentales.

 Le Douro, mot probablement d'origine sémite, de l'appellation également d'un fleuve d'Espagne s'épanchant sur le Pacifique en passant par le Portugal, avait constitué durant des siècles la monnaie centrale de la rive sud de la Méditerranée et d'ailleurs. Il valait cinq pesetas en Espagne. Chez nous, cinq anciens centimes français. En arabe, Douro cela veut dire aussi un? rond ! A ce propos, on dit encore chez nous : Imout â ladouro. : Il adore le Douro jusqu'à en mourir. Lorsque quelqu'un est volé ou trompé il dit : Ce n'est pas la perte du Douro en tant que tel qui me chagrine, mais le dessin qu'il y a dessus. Et encore : il serait raisonnable de manger - dépenser - un Douro aujourd'hui et d'en garder un autre pour les lendemains. Toujours. C'est le conseil d'un vieux Papa expérimenté à son fils dépensier.

 A ce propos, il est toujours utile de noter que la chute de l'Andalousie, avec ses principautés, a été en grande partie due à l'amour effréné au Douro générateur de tous les plaisirs dépravants et, également, des discordes terroristes interminables fomentées par des officines mettant l'intérêt de l'or, combiné aux extrémismes religieux et culturels, au dessus de toutes autres considérations.  

Comme aujourd'hui par d'autres subterfuges d'échanges boursiers devenant incontrôlables voire toxiques : un nouveau terme du genre... terrorisant. La Grèce, autrefois berceau de la civilisation des sagesses, est devenue à la merci des restrictions ordonnées par des nations ogresses et travailleuses non dépensières surtout. A l'image de l'Allemagne !

 Ainsi, l'actuel ordre économique mondial, ne tenant qu'a des indices virtuels d'ordre boursier, est en train de s'essouffler par la force de l'évolution d'un monde en pleine mutation sur tous les plans que ce soient économique, politique, financier? et, d'une façon générale, de sécurité devenue un fourre-tout pour quelques pays, notamment les USA, la Grande Bretagne, la France?, mettant en avant divers arguments convaincants pour eux , alors qu'en vérité ils ne pensent qu'aux hégémonies leur permettant de bloquer l'essor moral et matériel du reste du Monde. Et ce, tout en sachant qu'ils ont participé à des réalisations merveilleuses au profit de l'Humanité. Cependant, en Douro en contrepartie et en Terro comme motif à d'autres dessins liés. Les USA viennent en tête dans ce classement.

A ce propos, ils n'admettent pas les nouvelles réalités et se posent des questions sans accepter, pour autant, les dures réponses de peur qu'elles aillent les surprendre voire les dépouiller de leur soi-disant puritanisme. A l'exemple des frasques de l'ex Président des USA, Bill Clinton, avec l'Israélienne Monika Lewinski. Malgré tout, l'actuelle Ministre des affaires étrangères des USA défend bec et ongles les intérêts?d'Israël. Décidemment, ce dernier «arrange» bien les choses entre l'ex nord et l'ex sud des USA.

 Entre-temps, la Chine, justement pays des grandes catastrophes naturelles, est en train d'illustrer à sa manière sur le terrain les réalités et réalisme en face aux défis actuels liés aux aléas naturels et les limites du mode actuel de gouvernance économique mondiale. En effet, et depuis un certain déjà, le pays du Dragon a su combiner, intelligemment, les différentes théories et pratiques liées aux idéologies capitalistes et communistes. Un greffage fructueux d'un nouveau genre. Comme pour ses agrumes et ses étonnantes rosacées.

 A ce sujet, et sur un autre angle de vue, des chiffres font apparaître ce qui suit : 75000 milliards de dollars, c'est le montant du produit intérieur brut mondial tel qu'établi par les Etats, alors que celui des « produits financiers » furtifs et fictifs circulant au niveau des marchés internationaux, formels et notamment informels, parfois virtuellement, il avoisine les 600.000 milliards de dollars. Faramineux !

 La Chine en possède une bonne partie, en réserve, équivalente aux dettes publiques réunies de la Grèce, l'Italie, la France, l'Espagne et le Portugal. A titre d'exemple, les USA sont devenus redevables, de plus 800 milliards de dollars, envers la Chine.

 Cette dernière est entrain de célébrer avec un faste inouï la fête dédiée à la ville, des mandariniers, considérée comme le coeur économique du pays de la Grande Muraille. Évidemment, c'est de Chang-Hai qu'il s'agit. Cette kermesse d'un nouveau genre polarise l'attention des cinq continents. Les organisateurs prévoient 100 millions de visiteurs/jour. De l'incroyable ! Ainsi, la Chine, après avoir organisé avec brio les derniers jeux olympiques mondiaux, est en train réédites voire innover d'autres succès surprenants.

 Ainsi le Monde a beaucoup changé pour ceux sommeillant encore sous les anciens lauriers-roses. C'est une évidence : Il changera encore plus aux cours des vingt prochaines années. L'homme de lettres et politique français Alain Peyrefitte (1925-1999) avait prédit dans son livre paru en 1967 - du vivant de Mao Zedong - : «Quand la Chine s'éveillera», que le Monde découvrira ce pays de tous les paradoxes, et avec lui d'autres pays dérangeants les visées d'anciens pays, à l'image d'Israël attaché à des souvenirs culpabilisants les pays Européens notamment, et n'acceptant nullement que son monde a lui, basé sur le Douro et le Terro, soit bouleversé. En effet, la terreur à?. peur du courage. Et le Terro de la Démocratie.

 Et non de la tiédeur et autres mièvreries exprimées par les opinions désarticulées des pays arabes. A part quelques mutations encourageantes dont les mues difficiles, des dites opinions arabes, vers la liberté de la presse et la Démocratie, distendues, en face de celles unifiées et inassouvies d'Israël.

L'INSATIABILITE D'ISRAEL COMBINANT A SA GUISE LES NOUVEAUX DOUROS ET TERROS AUPRES DES OPINIONS ARABES

USA y aidant ! Ces combines, devenues obsolètes voire agaçantes, à plus d'un titre, provoqueraient, à terme, l'éveil final et le ras-le-bol définitif des opinions internationales, notamment celles de pays arabes aujourd'hui étouffées par tant de gangues et léthargies de toutes sortes insoutenables à terme et un déclic définitif, emportant le vert et le sec comme on le dit chez nous, est en train de se mettre en compte à rebours. Et, le moment venu, leurs medias via ceux des pays arabes, tenus en laisse, aujourd'hui honnis seront demain vomis

 L'Iran le sait que trop bien. Israël, également, et, c'est pour cette raison, qu'elle tente de concentrer d'abord l'attention des pays arabes notamment ceux du golfe, menacés soi-disant par l'extension de l'exemple de la Révolution islamique iranienne, et à leur tête l'Arabe Saoudite. Comme toujours. En attendant, Israël est tranquille voire confiante du coté d'une partie de l'opinion, européenne et des USA, conditionnée à outrance par leur soi-disant culpabilisation lors de l'horrible Shoah.

 Au fait, est-ce la seule souffrance que le peuple d'Israël ait connue ? Ou bien alors, l'Etat d'Israël tente de polariser voir complexer sciemment, pour encore des millénaires, les opinions européennes vis-à-vis des mortifications, certes horribles, subies par des millions de juifs qui ne sont plus de ce Monde ?

 Pourtant, d'autres peuples ont subi les mêmes douleurs. Dont ceux vivants, actuellement, à coté d'Israël. Et d'ailleurs. A l'exemple de plusieurs millions d'Iraniens morts et estropiés à vie lors de la guerre imposée, en grande partie, par ses lobbys Euro-USA ne tenant guère en compte, aujourd'hui, de la dislocation du peuple Irakien manipulé par un système de gouvernance ne différant pas de ceux encore en place des autres peuples arabes estropiés de la volonté de libre expression. Dont, en premier lieu, celle des Médias tous statuts confondus.

 Ainsi, l'Iran est en train de polariser patiemment et pertinemment l'attention des opinions arabes, malmenées par tant de vicissitudes qui leur sont propres et qu'elles sont sciemment suscitées par leurs gouvernants détournant ainsi l'attention de leurs peuples. Par des problèmes intra-muros En vain ! Car ce black-out informatif démobilisateur suscite d'autres attaches à l'exemple de celui des réactions musclées de la part de l'Iran confortés par quelques voisins néanmoins déterminants malgré toutes les combines médiatiques actuelles pour les en dissuader. Dimanche passé, les déclarations du Ministre français des affaires étrangères poussent encore sur le champignon dans ce sens : Un Iran esseulé !

En conséquence, ces occultations ne pourraient plus atteindre leur but comme par le passé. Le Chef du Hezbollah avait affirmé que tant qu'il y a du bruit il n'y aurait point d'attaque ni contre le Liban ou la Syrie. Pas encore semblait insinuer ! Une chose est sure cependant : Toute attaque surprise, comme l'apprécie Israël, provoquerait des effets incommensurables. Pires que ceux d'avant. En effet, aujourd'hui, les choses ont considérablement changé. A ce propos, quelques médias arabes et?européens ont rapporté également les réactions non moins fortes du Hezbollah - fiché comme terroriste - ; tandis que pour les autres sous tutelle exclusive des gouvernants arabes à la merci à leur tour des influences de l'Argent, estampillé en dollars et en euros, leur permettant d'investir dans les créneaux annihilant tout autre essor, escomptent-ils à tort, émancipateur et mobilisateur de leurs peuples et, donc, ces expédients encouragent, lesdits pays arabes, de s y maintenir à leurs privilèges dont le sacro-saint pouvoir sans partage.

 A l'image de la partition du Soudan pour que la dictature à la canne dansante soit préservée. D'autant plus, que c'est au nom de la soi-disant cohésion de la ligue arabe, justement, devenue un fourre-tout des échappatoires, que ce soit pour le cas du Soudan et d'ailleurs, leur permettant de se complaire dans le mutisme et la compromission illimitée. Les dirigeants des pays du Maghreb, quand à eux, ont, pour le moment, d'autres chats à fouetter. Pour faire passer?le temps !

RIO DE ORO ET SAGUIA EL-HAMRAOU LES INSULTES DU TEMPS PERDU

Le Sahara occidental représente, aujourd'hui plus qu 'avant, un enjeu aux multiples facettes pour l'ensemble du Maghreb et entraînant, tout récemment, dans son sillage, des pays du Sahel en proie, en plus des aléas de la nature dont la désertification, aux phénomène du terrorisme et de la rapine, des biens et des personnes, sous toutes leurs formes, dont celle institutionnalisée par des cercles intéressés, internes et externes, pivotant autour des pays dudit Sahel limitrophe à notre grand Sahara.

Par conséquent, des coups fourrés en perspectives. Donc, l'essentiel n'est plus la polarisation sur le Sahara occidental, mais bien au delà. Dorénavant, c'est à ce niveau amplifié, notamment au plan externe à la région, que se situe le véritable danger. Khalatha tassfa - cela veut dire en quelque sorte prêcher le faux pour avoir le vrai - semble être l'obscur mot d'ordre, devenu à la mode, pour ce cas d'espèce. Et si tout cela ne se décante pas de sitôt ?

 A voir la vélocité des médias, notamment télévisuelle, et des bruits en tous genres qui courent, c'est comme il y'a une certaine détermination de vouloir trouver un compromis arrangeant les intérêts visibles et encore scellés y compris d'ordre personnel. Vers la fin des années 1970, au sommet du conflit, les médias marocains, sous la houlette du Maghzen, ont lourdement humilié le passé du défunt Président Houari Boumediene franchement engagé dans le désaccord entre le Polisario de l'époque et le royaume du Maroc.

 Ce dernier, n'avait pas hésité de dévoiler des intimités voire les défauts du défunt lorsqu'il était au Maroc. Que des coups bas de la part du Maghzen. Les impairs du défunt Hassan II ne se sont pas limités à l'Algérie. Il avait qualifie à l'époque, publiquement l'OUA, pour ses positions conciliantes, d'assemblée de?Tam-tam. Du vocabulaire tout «franc».

 Après le Douro, le Franc et le Terro? à l'eu, il semblerait que l'embellie, pour l'Union maghrébine, n'est pas pour demain. En effet, les enfants - adeptes illuminés - rancuniers de Hassan II n'hésiterons pas de récidiver les coups bas d'hier. En attendant le temps presse et les hommes sont tellement éphémères. Aujourd'hui ils sont ici, demain qui sait ?