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Colère dans les bureaux de poste

par B. Mokhtaria

Elles étaient plus d'une trentaine de personnes, un chèque et une pièce d'identité à la main, à attendre dans ce bureau de poste situé au centre-ville, que l'employée veuille bien les prendre en charge.

 Mais devant la lenteur de l'opération, le climat commence à devenir tendu avec toute cette foule amassée devant un seul guichet. Il est 11h10, une chaleur suffocante règne à l'intérieur. Des vieux, des femmes et des jeunes attendent depuis plus d'une demi-heure et ils ne sont pas sûrs d'encaisser leurs chèques. Las d'attendre, certains n'hésitent pas à agiter leurs documents et d'exprimer leur colère à l'employée de la poste.

 Cette dernière ne semble pas se soucier de l'impatience de tous ces gens. Elle se lève et crie : «Calmez-vous, sinon je ne travaille pas. Je suis toute seule. Et si j'accepte vos chèques, c'est juste une faveur que je vous fais !». Elle s'adresse à la chaîne des hommes: «Je veux du calme avant de commencer mon travail !».

 Là, c'est toute la foule qui se déchaîne devant le comportement de cet agent de la poste. «Nous vous demandons juste de nous payer et de nous renseigner si le compte est alimenté. Nous ne supportons pas de rester dans cette chaleur et d'attendre des heures pour rien», a lancé un homme, la soixantaine environ qui se tenait appuyé à une canne. Dans la chaîne des femmes, l'impatience est à son comble. Une jeune, la trentaine, ne semble pas faire cas des réflexions de l'employée. Se servant de la pièce d'identité comme un éventail, elle chuchote à sa voisine : «Je ne veux pas perdre mon énergie dans ces querelles. C'est toujours le même scénario au niveau des bureaux de poste. Je suis fatiguée de devoir chaque fois rouspéter pour ces lenteurs. Je n'ai qu'un seul choix, celui d'attendre».

 Encaisser un chèque au niveau des bureaux de poste ou faire transférer de l'argent, c'est devenu un calvaire en cette période de canicule et des congés.

 Au niveau de la grande poste, la situation est plus complexe avec le nombre important de clients, des retraités et des personnes âgées qui viennent pour encaisser. Trois files d'attente bloquant le passage à l'intérieur de cette agence sont installées depuis plus d'une heure devant le guichet de paiement à vue. Une autre chaîne est aussi visible devant le guichet des transferts d'argent. Un retraité malade, le visage pale, ne supportant pas de rester debout très longtemps, s'est retiré de la file d'attente pour s'asseoir sur une chaise. Trois autres femmes, d'un certain âge, le visage en sueur, se sont assises par terre car la chaîne avançait à pas de tortue. Derrière les guichets, trois employés de la poste pour le paiement à vue étaient chargés de satisfaire plus d'une centaine de personnes. Il est 11h27, le dernier de la chaîne est presque devant la porte d'entrée. «C'est infernal», lance cet employé dans une entreprise en s'adressant à cette jeune femme devant lui. «Je suis venu une première fois et il y avait autant de monde. Une heure après, je suis revenu et j'ai l'impression que la chaîne n'a pas bougé».

 Pour arriver au bout de ces files d'attente, les usagers devaient prendre leur mal en patience car au niveau des autres bureaux de poste, c'est la même situation qui se présente. Au bureau de poste de St-Charles, le guichet des paiements à vue était carrément fermé lundi dernier pour une panne technique. Devant la protestation des usagers pour retirer leur argent, l'employé de l'agence s'est contenté de suggérer aux clients de mentionner toutes leurs réclamations dans le registre des doléances. Avec cette période de congés et de canicule, les citoyens ne sont pas au bout de leurs peines. C'est la même situation qui se présente au niveau des autres administrations. Pour retirer des documents au niveau de l'état civil ou de la daïra, c'est le parcours du combattant. Au niveau du service des actes de mariage, impossible d'avoir un rendez-vous ce mois-ci. La liste d'attente est saturée et il faut prendre ses dispositions des mois à l'avance avant d'accomplir le mariage officiel.

 Entre canicule et administration qui fonctionne au ralenti, le citoyen ne trouve plus son compte. Qu'en sera-t-il durant le Ramadhan ?