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Mercuriale en folie, ce n'est pas ce qui motivera la tripartite

par Kharroubi Habib

Les mercuriales ont un coup de chaud en cette période estivale, ce qui préfigure leur embrasement pendant le mois de Ramadhan qui pointe. Pour toute explication à leur emballement, il nous est doctement asséné qu'il n'est que conjoncturel parce que dû à la hausse exceptionnelle de la demande qui s'exprime durant cette période.

 Par expérience, le citoyen lambda sait lui que, quand les prix flambent chez nous, c'est pour ne plus redescendre, baisse ou pas de la demande après. Ce dont il est certain est que la contraction de son pouvoir d'achat s'exerce inexorablement. La seule lueur d'espoir à laquelle le citoyen salarié s'accroche est l'engagement pris par le président Bouteflika pendant sa campagne électorale d'augmenter le SNMG et, par voie de conséquence, les salaires.

 Il y a toutefois qu'il est improbable que les relèvements qui seront décidés comblent l'érosion que l'inflation inflige au pouvoir d'achat des couches à faible revenu. Le seuil des 25.000 dinars, qu'une étude relative au budget familial a établi comme étant le strict minimum en dessous duquel une famille moyenne n'est plus en situation financière d'assurer ses besoins les plus élémentaires, n'est pas dans le projet des pouvoirs publics. La tripartite prévue à l'automne prochain, que le Président a chargée de donner une traduction chiffrée au relèvement du salaire minimum garanti, n'assumera très certainement pas de décision dans ce domaine à hauteur des attentes que nourrissent les salariés et encore moins les revendications en la matière formulées par certains acteurs politiques et d'autres organisations syndicales que l'officielle UGTA.

 La seule certitude est que la tripartite entérinera le relèvement du SNMG national, histoire de démontrer que le candidat Bouteflika tient ses engagements électoraux. Lequel a pris la précaution, quand il s'est engagé sur cette revalorisation, de ne pas lui fixer d'amplitude. Sa promesse a été faite dans le climat électoraliste de la présidentielle. Passé ce moment, avec le résultat que l'on sait, Bouteflika a réitéré sa détermination à la respecter, mais en mettant en avant une analyse de la situation financière et économique appelée à justifier ce que la tripartite va fixer et qui sera très certainement en deçà des hausses que ses rivaux à la présidentielle ont fait miroiter en cas de leur victoire. La rétraction de la manne pétrolière, l'obligation dans laquelle elle met les autorités de puiser dans le fonds de réserve, mais également la forte réticence du patronat algérien à une augmentation du SNMG au-delà du symbolique, se conjugueront à la tripartite pour réduire «la générosité» électoraliste de Bouteflika à l'octroi d'une revalorisation qui ne sera d'aucun secours pour le porte-monnaie des salariés soumis aux pressions ruinantes d'une inflation en constante progression.