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L'opposition tente de regrouper ses forces

par Kharroubi Habib

Rendues à l'évidence que l'idée d'un candidat du consensus national autour de laquelle ils se rangeraient pour l'élection présidentielle est irréalisable tant ils sont divisés sur le projet et programme politique qui devraient être à la base de leur éventuel front commun, des formations partisanes et personnalités politiques de l'opposition se sont fixé un autre objectif : celui d'œuvrer ensemble pour exiger du pouvoir les conditions d'une compétition loyale lors de la présidentielle d'avril 2014.

Quatorze partis et quatre personnalités nationales ont adhéré à cette démarche en cosignant une déclaration commune de laquelle il ressort qu'ils sont opposés à une révision de la Constitution avant la présidentielle et revendiquent la mise en place d'une commission nationale indépendante qui superviserait les opérations électorales lors du scrutin d'avril 2014. Ils ont justifié leur rejet de la révision constitutionnelle avant l'élection présidentielle par le fait qu'à leurs yeux le pouvoir en place n'a «aucune légitimité» à procéder à une telle opération dont l'objectif pour lui est de «confectionner un costume sur mesure pour l'actuel chef de l'Etat». Quant à la mise en place d'une commission nationale indépendante de supervision de l'élection présidentielle, elle s'impose pour eux au vu du précédent que les garanties données par le président et les autorités gouvernementales d'organisation des élections législatives de mai 2012 transparentes et régulières n'ont pas été tenues.

Il y a incontestablement de la pertinence dans le rejet d'une révision de la Constitution avant l'élection sur lequel les 14 formations et les quatre personnalités nationales ont joint leurs voix. Un tel calendrier pour l'opération de révision conduirait en effet à faire droit quel que soit le résultat de l'élection présidentielle d'avril 2014 à l'ordre constitutionnel voulu et projeté par l'actuel chef de l'Etat et son camp. Il est aussi indicateur que le pouvoir est dans la certitude que le résultat de cette élection sera le triomphe de son candidat.

La question reste de savoir si les deux exigences formulées par ce front de l'opposition qui s'est formé autour d'elles constituent des préalables dont les réponses que leur fera le pouvoir conditionneront les positions qu'il adoptera pour l'élection présidentielle. Autrement dit, les formations qui composent ce front et les personnalités qui y ont adhéré tireront-elles la même conclusion de l'attitude qu'adoptera le pouvoir ou se réserveront-elles alors le droit d'agir selon leur propre appréciation respective ?

Parmi les «péchés» dont l'on accable l'opposition, il y a celui de son impuissance à se rassembler ne serait-ce que sur un minimum politique et stratégique à défendre en commun contre le pouvoir. Les initiatives qui ont vu le jour en son sein à l'approche des échéances politiques qui pointent pour le pays montrent que ses acteurs ont conscience de cette faiblesse et s'emploient pour tenter de la surmonter. Ira-t-elle jusqu'au bout dans cette voie ? Qui est la seule pouvant lui permettre d'espérer peser à l'occasion de ces échéances politiques.