Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

CES «RESPONSABLES» QUI N'OSENT PAS DEPLAIRE AUX HOOLIGANS? !

par M. Saadoune

Les batailles rangées, violentes et stupides qui se sont déroulées avant-hier en marge du match de football entre Kouba et Hussein-Dey sont scandaleuses. Mais le plus scandaleux est bien le fait que les responsables du football algérien, qui ne sont pas censés être moins bien informés que les habitants de Hussein-Dey et de Kouba, n'ont rien fait pour éviter ce saut dans la brutalité et les destructions.

 Personne ne peut comprendre l'attitude des responsables du football algérien. Ni la jeune femme qui assistait, impuissante et horrifiée, de son balcon à l'incendie de sa voiture, ni les policiers qui ont été mis à rude épreuve pour mettre fin à une émeute aisément évitable. A quoi peuvent servir une ligue et une fédération de football si ses responsables ne sont pas capables de prendre des décisions évidentes pour prévenir des atteintes à l'intégrité physique et aux biens d'autrui ? La responsabilité se limiterait-elle donc à la «représentation» et aux «voyages»?

 Pour ceux qui habitent Kouba et Hussein-Dey, le climat était déjà planté depuis plusieurs jours et la «guerre» des quartiers était clairement annoncée. Sans avoir à chercher qui a contribué à chauffer à blanc ces jeunes ? il est vrai très facilement inflammables ?, il y avait des mesures évidentes à prendre. Si l'on n'est pas en mesure d'assurer l'organisation convenable d'un match ? ce qui implique que les supporters des deux équipes puissent accéder sans difficultés aux tribunes qui leur sont réservées ?, il faut prendre des décisions déplaisantes qui donnent à réfléchir.

 Pour le match de vendredi, les habitants de Hussein-Dey et de Kouba, dont des parents de ceux qui ont fait la «guerre», savaient qu'il fallait soit faire jouer le match à huis clos, soit le délocaliser complètement et loin d'Alger. Il faut oser déplaire aux hooligans, messieurs les «responsables» du football. Il faut déplaire aux dirigeants des clubs qui ne font pas la pédagogie élémentaire pour éviter que des supporters se transforment en danger pour autrui et pour eux-mêmes. Et que l'on ne vienne pas dire qu'on ne savait pas.

 Avant-hier, entre Kouba et Hussein-Dey, c'était une répétition en plus grave d'une bataille rangée qui a déjà eu lieu, il y a quelques années, au moment d'un match entre El-Harrach et Kouba. Pour les habitants qui ont eu à subir les effets de cette émeute absurde, les dirigeants du football algérien sont pleinement comptables du fait qu'ils n'ont pas pris les décisions préventives qui s'imposaient. Ils ne comprennent pas ce qui signifie être un «responsable» si on n'assume pas ses obligations élémentaires.

 Les responsables du football, à défaut d'avoir réussi à diffuser les notions de fair-play, étaient tenus de prendre les devants. Le match de vendredi n'aurait pas dû avoir lieu à Kouba. Les supporters chauvins et violents doivent être privés de football. C'est aussi simple et c'est faisable.

 Etre responsable ne signifie pas attendre que les dégâts arrivent. Entre Hussein-Dey et Kouba, rares sont les personnes qui ne pressentaient pas les dégâts annoncés. Il faut croire que les responsables du football algérien font partie de ces rares personnes qui ne se rendent jamais compte. Si une structure n'est pas en mesure de délocaliser un match où les risques de violence sont clairement établis, c'est qu'elle est totalement inutile.