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Mais
cette situation de l'Europe qui absorbait la surproduction américaine n'était
que conjoncturelle. Par conséquent, lorsque l'Europe, après la reconstruction,
va opérer son retour sur le commerce mondial et reprendre ses parts sur les
marchés mondiaux, les États-Unis vont se trouver confrontés à un problème de
surproduction industrielle et manufacturière. Que vont-ils
faire ? Arrêter la production pour résorber la surproduction ce qui se
traduirait par des destructions massives d'emplois. Et donc mettre au chômage
des millions d'Américains. Refusant cette perspective, le système financier et
les firmes de production des États-Unis ont préféré laisser les forces des
marchés agir et que celles-ci apporteront la solution.
C'est ainsi que les États-Unis se sont trouvés plongés dans une spirale spéculative infernale, cachant en fait la déliquescence de toute l'économie américaine. Le surstockage de richesses produites, les valeurs financières en Bourse ont explosé. Et comme toute bulle, ne cessant de gonfler, la bulle spéculative éclata à la Bourse de New York, en octobre 1929. Ce que l'on a voulu éviter ou cacher n'a été en fait que reporté. Elle fit dès le début des années 1930 plus de 15 millions de chômeurs américains, provoquant un déséquilibre économique mondial. Deux questions se posent: Pourquoi la soudaineté du krach de la Bourse de New York ? Pourquoi plus de quinze millions de chômeurs après le krach boursier ? Est-ce que c'est la bulle financière qui a explosé est seule responsable de cette destruction d'emplois unique dans l'histoire des États-Unis ? N'y a-t-il pas d'autres raisons qui expliquent ce chômage massif qui se compte en plus d'une dizaine de millions d'emplois détruits ? Après la décolonisation, et la fin des Trente Glorieuses, de nouveau des crises économiques apparaissent, mais elles sont surtout financières et monétaires. Le dollar-or qui était devenu la monnaie-centre du système international est remis en question par les puissances européennes. Comme dans les années 1920, les puissances européennes et le Japon qui se sont reconstruits et ont rendu convertibles leurs monnaies en or en 1958, ont commencé à concurrencer les États-Unis dans le commerce mondial. Des krachs pétroliers se sont succédé dans les années 1970, et ont abouti, suite au relèvement du taux d'intérêt directeur de la Fed américaine, à la crise d'endettement dans les années 1980. Une crise d'endettement qui, si elle a fortement éprouvé les pays nouvellement indépendants, a provoqué l'affaiblissement et la dislocation du camp socialiste des pays de l'Est. C'est ainsi que les pays d'Europe centrale et orientale sortent de l'influence soviétique, en 1989. L'Union soviétique cessa d'exister en décembre 1991. La Yougoslavie suit le processus d'éclatement dans les années 1990. C'est ainsi que, de nouveau, les pays se libèrent des régimes totalitaires. Le nombre de pays indépendants passent de 1975 à aujourd'hui, de 48 en Afrique à 54, de 39 en Asie à 47, de 7 en Océanie à 16, de 33 en Europe à 45. Le nombre d'États indépendants est ainsi passé de 72 en 1945 à 197 en 2012 (date de la reconnaissance de l'État de Palestine). La population mondiale est passée de 4 milliards d'êtres humains, en 1975, à 7,5 milliards d'êtres humains aujourd'hui. Elle a presque doublé aujourd'hui. Et cela est en relation directe avec les progrès humains sur tous les plans. «Il faut faire vite la paix, Kim !» Comment peut-on comprendre la dislocation du camp socialiste de l'Est ? Et l'éclatement de l'Union soviétique en 1991 qui s'est opérée sans guerre majeure, par le seul fait de son endettement et de l'endettement du monde. L'URSS a perdu ses clients importateurs d'armements, et n'était pas compétitive dans le commerce mondial, comme d'ailleurs les pays d'Europe centrale et orientale sous son influence. Aujourd'hui, la guerre ne se joue pas avec les armements nucléaires même s'ils sont toujours nécessaires pour tenir en respect l'autre, elle se joue essentiellement sur le plan économique. Et c'est la raison pour laquelle la Chine a pris les devants au début des années 1980 et « s'est convertie au socialisme de marché». Aujourd'hui, la Chine s'est classé deuxième puissance économique du monde après les États-Unis, depuis 2010. Elle aspire à surpasser la première puissance du monde. Il est évident que si l'âge nucléaire qui a mis fin aux guerres entre les grandes puissances, et que ces puissances ont trouvé le moyen de se combattre par pays interposés, ce qu'on appelle les «guerres par procuration», même les guerres par pays interposés vont trouver leurs limites. Pour preuve, le remodelage du Grand Moyen-Orient pensé par l'administration Bush s'est révélé un fiasco pour les États-Unis, au point que l'on a assimilé l'Irak à un deuxième Vietnam. Et les États-Unis ont toujours cru que le monde est devenu unipolaire depuis la fin de l'existence de l'URSS. Aujourd'hui, l'administration américaine a pris conscience que ce temps unipolaire n'existe pas et n'a jamais existé. Et ce pour au moins deux raisons majeures, vitales même pour l'Amérique. La première est que depuis l'intervention militaire russe en Syrie, alors que la Syrie était donnée déjà comme démembrée en trois territoires chiite, sunnite et kurde et un président Bachar al-Assad donné pour fini, le retournement qui s'est opéré et qui a obligé même la Turquie, pourtant membre de l'Otan et faisant bloc avec l'Occident, de s'allier à la Russie et l'Iran pour trouver une solution à la guerre civile syrienne, a non seulement faussé tous les plans occidentaux mais a mis à néant leur stratégie au Moyen-Orient. Les puissances occidentales essaient de colmater les brèches, et ont intérêt à le faire avec prudence et surtout montrer que leur stratégie est rationnelle et va dans le sens l'histoire. La volonté nouvelle américaine d'obliger l'Arabie saoudite de mettre fin à la guerre au Yémen, et de porter secours au peuple yéménite qui vit une crise humanitaire, s'inscrit vraisemblablement dans cette perspective. La deuxième raison majeure est très simple. C'est soit la vie, soit la mort. Et le choix est entre les mains du président américain, Donald Trump, et le président nord-coréen, Kim Jong-un. Et on peut se représenter ce qu'ils ont dit lors de leur rencontre historique, le 12 juin 2018, à Singapour. Où ils ont échangé une poignée de mains. Que se sont-ils dit ? Ici on raisonne en pensée pure. C'est-à-dire ce qui vient du plus profond de l'être tant de Donald Trump que de Kim Jong-un. La pensée de Kim Jong un dit à Donald Trump : « J'ai l'arme nucléaire et donc la bombe A et H, et les missiles intercontinentaux qui peuvent toucher n'importe quel point de ton territoire américain (13 000 km). Je peux détruire plusieurs de tes villes et faire « disparaître » plusieurs millions d'Américains. Mais, étant conscient et c'est parce que je suis conscient que je suis au pouvoir, et que ceux qui travaillent directement avec moi sont aussi conscients et tiennent à la vie et donc nous ne voulons pas mourir et donc disparaître, faisons la paix, Donald !» De même Donald Trump lui dira : «Certes vous détruirez quelques villes, vous ferez disparaître quelques millions d'Américains, mais moi j'«effacerai» la Corée du Nord de la carte du monde. Alors pourquoi cet inimaginable gâchis humain, impossible ce que pourrait être cet inimaginable s'il devait se réaliser. Il faut faire vite la paix, Kim !» En réalité, bien que ce soit eux qui ont certainement pensé à la paix et non à la guerre, c'est sur ce qui pouvait advenir qui a éclairé leurs pensées. Là encore, c'est la pensée de la Pensée qui régit le monde qui a suscité leur peur d'être emportés par une apocalypse nucléaire. Qu'ils ne pourront jamais savoir ce qu'elle sera si cette pensée de la Pensée ne les avait pas éclairés et que l'apocalypse venait à être déclenchée. 6. Epilogue Nous arrivons à la fin de cette analyse-synthèse. Que peut-on dire de la marche de l'histoire, ces derniers siècles ? Il est évident qu'il y a des problèmes métaphysiques qui se posent et qui doivent être compris, élucidés dans leur sens pour l'être humain. Tout d'abord nous savons que nous existons sur Terre. La Terre ne nous appartient pas, nous lui appartenons, et c'est la Terre qui nous fait vivre. De cette vérité, et elle est vérité, on ne peut l'oublier. En clair, nous ne sommes que des invités sur Terre, et appelés à mourir un jour. Donc, nous sommes programmés dès ou même avant notre naissance. Les 99,9999 pour cent des êtres humains vivront moins d'un siècle. Par conséquent, au vu de ces vérités métaphysiques, et aucun homme sensé ne peut aller contre, nous sommes forcément programmés par notre naissance, par notre mort qui sont une réalité. On ne peut croire donc que l'homme est jeté seul dans l'étant terrestre, seul sur terre. S'il croit qu'il est seul, c'est seulement parce qu'il n'aperçoit personne de pensant à part lui-même sur Terre. Mais c'est insuffisant cette pensée de lui-même sur Terre. Pourquoi ? Pour la simple raison que, dans l'absolu, rien ne nous appartient puisque nous n'existons que par nos corps, nos pensées qui nous sont donnés, et cette Terre qui nous fait vivre. Et qu'en fait, tout ce que nous faisons n'est en fait que ce que nos pensées nous disent, nous ordonnent de faire. Faire la guerre vient de nos pensées. Quel est l'homme ou les groupes d'hommes qui gouvernent et disent : «Je ou nous déclarons la guerre à cette nation !». Il est évident que, dans l'absolu, ils agissent selon leurs pensées, ils croient être libres par leur libre arbitre qui leur est donné. Quand bien même le libre-arbitre leur permet d'opter pour la guerre, de se lancer dans la guerre, les événements et les situations nouvelles qui sortent après la guerre donnent un autre sens au sens de la guerre. Les plans humains se trouvent souvent totalement faussés par l'enchaînement d'un devenir qui se trouve complètement différent de ce qui avait été projeté. Bien au contraire, les hommes ont, par leur volonté de domination, accéléré un processus qui a donné l'opposé à ce qui a été voulu. Dès lors, la seule réponse qui nous semble valable et fiable est qu'il y a un « Esprit » dans la pensée des hommes. Et, en fin de compte, c'est Lui qui tisse l'histoire de l'humanité. Hegel a vu juste en énonçant que l'Esprit gouverne le monde. Par conséquent, quand bien même nous sommes libres, et nous le sentons réellement, il demeure que nous le sommes que par la pensée que nous avons de nous-mêmes, donc de soi et du monde. Mais dans l'absolu métaphysique, nous ne sommes pas libres. Nous sommes tout au plus dans une semi-liberté et même dans cette semi-liberté, nous relevons de notre histoire que nous ne maîtrisons pas. Dès lors, il est facile de comprendre que toutes les guerres que l'humanité a vécues entrent dans les «lois de la Nécessité». L'homme n'y peut rien ni ne sait rien sur ces «lois de la Nécessité», pour la simple raison qu'elles le dépassent. La seule chose qu'il peut savoir dans les événements que l'humanité a traversés, il le voit dans les progrès de l'histoire humaine, dans les progrès de l'humanité. On peut même penser que «l'Esprit du monde cherche à parfaire l'humanité qu'il a créée». En octroyant à l'homme le savoir, la science dans toutes ses formes, et sur l'arme absolue, l'Esprit du monde a cherché et cherche à faire prendre conscience à l'homme la réalité de sa situation. Qu'il appartient à une seule communauté humaine, que la guerre ne peut être une solution. La guerre n'a été qu'un moyen «nécessaire», et au-delà des souffrances humaines, pour parfaire les hommes, et les amener à un monde sans guerre, à un monde plus uni. Que l'ordre universel relève de l'Esprit du monde, Dieu, que certainement d'autres enjeux» attendent l'homme qu'il ne sait pas aujourd'hui. Parce que l'humain que nous sommes ne peut croire que le «vivre ensemble en paix du monde» serait synonyme de «béatitude». Une existence béate serait-elle une existence ? Que serait alors le sens de l'existence de l'homme ? *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale - Relations internationales et Prospective. |
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