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Panne d'idée ou plagiat maquillé ?

par Slemnia Bendaoud

« Embrasse le Savoir et ne lui concède jamais le moindre substitut, car la vie de l'être humain est éphémère mais celle des Hommes de la Science est éternelle*. »

Telle était donc autrefois la devise de la vie chez les érudits savants de la théologie et des grands hommes des sciences dures. Et ce fut ainsi que le Savoir se transmettait à son tour de génération en génération, des siècles durant, pour une très longue période de notre histoire, de la plus ancienne à celle plutôt très contemporaine.

Depuis, bon an mal an, c'est la chute libre et plutôt à une cadence vertigineuse des Algériens et autres musulmans qui est tantôt accélérée, tantôt quelque peu freinée ou seulement juste atténuée, atteignant ces tout derniers temps les profondeurs abyssales de cette parodie de gouvernance qui fait surtout dans ce fantastique burlesque que peine pourtant à bien le décrire et le caricaturer l'humour le plus décapant et le plus percutant qui soit !

Nos centres de décision ne sont-ils désormais plus ces autrefois antres fructueux d'où pouvaient à tout instant jaillir ces lumières utiles scintillant de leurs beauté et connaissances qui éclairent le parcours de nos trop vielles lanternes.

Aussi, nos institutions ne sont-elles, elles également, plus que de simples bâtisses sans âmes et sans envergure qui font plutôt pitié à les voir dans leur état caricatural et sidéral ; tant elles sont bien loin de faire justement leur seul devoir !

Et tout à fait en haut de la pyramide du Grand Perchoir, l'on est plutôt vraiment inconscient de l'existence pourtant pérenne mais très souterraine de ces très grands et maudits avaloirs qui séparent les gouvernants de leurs gouvernés, créant à ceux-ci de très compliquées histoires et envoyant ces autres aux couteaux aiguisés et lacérés de ces trop vieux abattoirs de la censure de la parole et de la torture de l'esprit.

L'on est donc bel et bien tous tenté de croire que désormais la médiocrité s'est inéluctablement institutionnalisée pour être vraiment installée dans la durée, arrivant même à surclasser toute idée novatrice ou salvatrice, susceptible de nous réveiller de cette longue léthargie ou somnolence dont on ne peut plus nous relever de sitôt.

En raison, justement, de notre incapacité à pouvoirtoujours nous hisser au diapason des préoccupations citoyennes du moment, mais surtout de notre manque de perception de l'impact réel et plus que persistant de ces dangers imminents qui nous guettent à tous les tournants de la vie pour nous jeter en pâture à ces sociétés évoluées qui devancent tous les peuples du monde contemporain, grâce notamment au bon usage de la Science et de l'interprétation juste et efficace des usuelles connaissances.

Et si à ce niveau-là, nous tournons volontairement le dos au Savoir et aux sciences de manière générale, à cause d'avoir justement parfois sciemment négligé leur précieux apport à positivement modifier notre quotidien, il est évident que nous nous dirigeons tout droit vers cette impasse de laquelle nous sommes presque incertains de nous en sortir

Pour s'être volontairement et définitivement écartés de ce bon sens et du droit chemin où mènent à coup sûr le Savoir, les sciences et toutes les précieuses connaissances, il est tout à fait naturel que le résultat obtenu ne pouvait se situer que dans le prolongement de cette philosophie de la déchéance et de la décadence sociétale.

Ainsi donc, n'est-il pas venu le tour de toutes ces médiocrités de l'humanité de monter à la foulée,crescendo et en nombre impressionnant,au créneau pour occuper au pied levé toutes ces très hautes fonctions électives et exécutives étatiques, narguant du haut de leur usurpé piédestal toutes les sommités de l'art, de la science et des nobles lettres !

A tour de rôle et sans discontinuité durant presque toute une éternité, ce furent donc ces dépités députés, zélateurs sénateurs et semblants d'élus très mal élus qui écumèrent sans vergogne et sans partage, toute honte bue, la plus haute sphère du pouvoir, en quête de dividendes et de prébendes à percevoir tel un dû sur ce tout modeste contribuable ou misérable citoyen.

Le fleuve de la déliquescence du sens de la bonne gouvernance de l'état et de la société, se mettant, lui aussi, de la partie, ne pouvait, bien entendu, que charrier à longueur de temps toutes ces calamités naturelles et autres négations de l'humanité, vomies en série pour être ensuite propulsées au-devant de la scène politique nationale.

Du coup, il n'est plus étonnant ni même juste préoccupant de voir s'élever si haut dans le grand univers de la toute puissante sphère de la hiérarchie du pouvoir, au rang de sénateur, de député ou de toute autre fonction élective, bien évidemment, tous ces parvenus de la vingt-cinquième heure d'une politique nationale amorphe, boiteuse et anachronique, faisant presque tous dans la pure fonction de ce ?'trader-cascadeur'' d'occasion qui investit avec armes et bagages un monde si bien considéré parmi les milieux des peuples et nations les plus développés !

Nul besoin donc aussi de s'interroger sur cette spirale d'une irruption contre-nature et à la série au sein de l'auguste hémicycle de toute cette flopée d'anciennes coiffeuses, femmes de ménage de gage, vieux courtiers de seconds couteaux, mécaniciens au sol sachant calculer au vol le sens du verrouillage du jeu politique, factotums de la toute dernière classe et basse besogne, semblants d'hommes d'affaires ne sachant plutôt rien faire d'autre en dehors des combines à honteusement réaliser sur le dos du contribuable et de la rapine aux dépens du trésor public et des malheureux citoyens !

Pour avoir volontairement sans cesse travesti les bonnes valeurs sociétales, nous sommes aujourd'hui contraints de subir dans notre propre chair les soubresauts de cette maudite attitude qui en dit long sur notre transfiguration et surtout notre acculturation qui aura,elle, par conséquent, tout modifié dans nos jadis bonnes habitudes et fabuleux comportements d'antan qu'on aurait aimé pourtant tant les conserver et mieux les pérenniser à travers le temps et le cycle des toutes jeunes générations.

Déjà, à ce niveau-là, le mal s'était rapidement transformé en un véritable grand fléau social, se propageant de plus à la vitesse de la lumière, puisqu'il avait pris de très considérables proportions et une très importante dimension au fil du temps et des nombreux évènements.

Quant à le voir ces toutes dernières années concerner au premier plan notre élite et surtout ses œuvres littéraires, nous sommes en droit de nous poser ces drôles de questions qui intéressent l'avenir de l'Algérie !

Est-ce le fait même du tout fortuit hasard et de la pure et bien simple coïncidence que deux écrivains de renom de la trempe de Wassini Laaredj et Boualem Sansal puissent à un intervalle de temps vraiment très réduit titrer leurs deux ouvrages de la rentrée littéraire de l'année en cours de cette identique adresse littéraire très chiffrée (2084), titre qui avait véritablement inspiré l'écrivain britannique George Orwell, il y a trente années de cela (1984) ?

Comment donc expliquer cette « maladresse de l'anticipation » dans le cadre d'une tranche de temps si rapprochée entre les deux titres de ces deux auteurs algériens ? Mais qui a donc copié l'autre ? Et pourquoi ces deux plumes algériennes ont-elles toutes les deux singé l'œuvre chef-d'œuvre et très prémonitoire de l'écrivain anglais ?

S'agit-il d'un manque flagrant d'inspiration ? Ou au contraire d'un plagiat subtilement maquillé ou astucieusement déguisé pour l'occasion ?

Il est vraiment très difficile d'y répondre, à présent ! Puisque le nouveau roman de Boualem Sansal était,lui, absent des étals du vingtième SILA d'Alger, chose qui ne nous permet nullement d'établir une quelconque comparaison entre les dits ouvrages.

Il reste tout de même que cette étrange similitude dérange manifestement le monde de la littérature algérienne au tout premier plan ! Et comment ?

Un mal aussi profond est un signe qui ne trompe pas sur cette fatidique régression que nous enregistrons présentement sur tous les plans. Lors des grandioses festivités du soixantième anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne, le génie algérien n'a pu faire mieux que de squatter purement et simplement un sigle étranger pour illégalement se l'approprier !

Qui dit mieux !

(*) ? Paroles de l'Imam Ali Ibn Abou Taleb.