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Et « attaquer le mal par le
mal» signifiait recourir de nouveau aux émissions monétaires « ex nihilo» ou
plutôt « ex nihilo nihil fit», formule latine qui indique que « rien ne vient
de rien», tout a une cause. Le rien n'existe pas. En effet, les émissions
monétaires par la Banque centrale américaine (Fed) ou la Banque centrale
européenne pour la zone euro ou pour les Banques centrales du Royaume-Uni et du
Japon ont des causes précises, dictées par la crise, et doivent s'opérer selon
des programmes et échéanciers déterminés. Mais c'est la Fed américaine, en tant
que meneuse du système financier et monétaire international, qui orchestrera,
via ses programmes d'injections de liquidités, les programmes des autres
Banques centrales qui ne feront que la suivre pour ne pas déstabiliser le système
financier et monétaire mondial. Selon d'autres échéanciers ou différés dans le
temps.
Et ces Programmes appelés les « politiques monétaires non conventionnelles», en anglais « quantitative easing ou QE», devaient sortir l'économie occidentale, et donc mondiale, de la crise et la « Grande Récession». Et l'Occident a réussi sauf qu'il a généré un marasme économique mondial. Puisque le reste du monde se débat à son tour dans la crise. Et les QE au final n'ont fait que transférer la crise au reste du monde, et de nouveau l'effet retour agit sur l'Occident. Pour rappel sur ces programmes de quantitative easing, la Fed américaine a mené trois cycles d'assouplissement monétaire non conventionnel QE1, 2, 3 dont le dernier s'est terminé en octobre 2014. Certes la base monétaire a fortement augmenté, de même le bilan de la Banque centrale américaine a grossi, et c'est tout normal vu que les émissions de liquidités monétaires ex nihilo ont eu pour contreparties les rachats massifs de titres publics et de privés, i.e. les bons de Trésor américain, les obligations, les créances hypothécaires à risque... Les banques, en échange de liquidités, lui cédaient des titres. Et ainsi s'est opérée la financiarisation de l'économie américaine, la pression sur les banques s'est relâchée, et la croissance économique est repartie. Même processus en Europe et au Japon. Rachats de dettes publiques et privées par la création monétaire. La BCE a mené de nombreux programmes dits LTRO, TLTRO, QE, et c'est pratiquement toujours le processus. Évidemment, le volume de la création monétaire de ces quatre pôles s'opère en fonction de la taille de leur PIB sur le plan mondial, et aussi de la part que chaque pôle a dans les réserves de change mondiales. Le dollar primant sur les autres, cela va de soi. Et là aussi, le même constat, avec les QE, l'« âge d'or» se prolonge pour les pays du reste du monde. Pour cause, les réserves de change de la Chine doublent. De nouveau, les réserves de change, via les excédents commerciaux, des pays du BRICS et exportateurs de pétrole explosent. Les réserves de change de la Chine passent de 1.966 milliards de dollars, en 2008, à 3.900 milliards de dollars en 2014. Elles ont plus que doublé. Les réserves de change de l'Inde passent de 257,423 milliards de dollars, en 2008, à 325,081 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change du Brésil passent de 193,783 milliards de dollars, en 2008, à 363,57 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l'Afrique du Sud passent de 34,07 milliards de dollars, en 2008, à 49,122 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l'Arabie Saoudite passent de 451,279 milliards de dollars, en 2008, à 744,441 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l'Algérie passent de 148,099 milliards de dollars, en 2008, à 186,351 milliards de dollars, en 2014. En 2013, les réserves de change pour l'Algérie ont plafonné à 201,437 milliards de dollars (2). Corrélativement, l'endettement occidental, à partir de 2008, explose. La dette publique des États-Unis est passée de 64,062% du PIB, en 2008, à 96,372% du PIB, en 2014. La dette publique du Royaume-Uni est passée de 55,601% du PIB, en 2008, à 107,231% du PIB, en 2014. Les dettes de la France et des autres pays occidentaux ont pour la plupart explosé, s'approchant de 100% du PIB voire pour certains les dépassant (3). Cette situation paradoxale des QE a encore « renforcé» les pays émergents et exportateurs de pétrole du monde dans leur rôle de « créanciers de l'Occident». Donc au détriment de l'Occident. Et un autre phénomène est apparu. Les taux d'intérêt directeur de la Fed qui ont fortement baissé, frisant 0 %, en 2008, ont forcément fait monter les taux d'intérêt longs, accentuant encore plus l'endettement occidental. Et, sachant que, pour au moins 50 % de la dette publique extérieure est détenue par des résidents et 50 % par des pays étrangers, la montée des taux d'intérêt longs ne fera qu'exacerber l'endettement extérieur américain et européen. Puisque l'Occident sera forcé d'augmenter les avoirs des pays étrangers, en particulier, les pays du BRICS et exportateurs de pétrole, par le seul fait que les taux d'intérêt à long terme se sont inversés avec les taux d'intérêt court directeurs qui sont partis à une forte baisse. Il est évident qu'une telle situation ne peut être qu'intenable non seulement pour l'Occident mais pour l'ensemble des pays du monde, i.e. l'économie mondiale. 3. Un nouveau stade historique en cours d'émergence pour l'humanité, portée par les forces de l'histoire ? Toute phase devait se terminer pour laisser place à une autre phase, le monde n'est pas figé, il est en mouvement. Des forces y jouent pour qu'il se régénère. Par conséquent, l'« âge d'or» d'une partie du reste du monde dont au centre la Chine ne pouvait perdurer indéfiniment. C'est contre le cours naturel même de l'évolution de l'économie mondiale. Une telle évolution prolongée qui fait qu'un Occident endetté sans limite par la création monétaire et un reste du monde qui s'enrichit par cette création monétaire ex nihilo ne pouvait être viable à terme. Il amènera à la fin l'Occident créateur de monnaies à dépendre du reste du monde par ces mêmes monnaies qu'il aura créées. Et ce par la seule voie qui s'offre à l'Occident, « consommer» massivement les biens (moins chers) et matières premières produits par le reste du monde parce qu'il n'a de choix que de batailler pour maintenir une domination « chimérique» sur le monde. Ne sachant pas qu'en fait il fait la part belle au reste du monde. Et le problème pour l'Occident, ce qui devait être devait l'être, signifiant que l'Occident lui-même a été instrumentalisé par l'histoire. Si les États-Unis avaient su que la guerre en Irak serait un désastre, il est certain que les États-Unis n'auraient pas attaqué l'Irak. Mais ils ne le savaient pas, et c'est là le rôle des événements contingents pour faire avancer l'histoire. Et même aujourd'hui, les menaces américaines contre l'Iran ne peuvent que rester des menaces verbales à la lumière de la leçon qu'a donnée la dernière intervention américaine en Afghanistan et en Irak et qui s'est terminée par un fiasco militaire. A moins que de nouveau les États-Unis soient « instrumentalisés» selon un ordre contingent dicté par l'Histoire pour un « deuxième désastre». Israël, par exemple, pousse les États-Unis à faire le travail, sans penser que l'histoire pourrait s'accélérer et produire un effet pire à ceux passés. Et les risques qu'Israël subira. Et un embrasement généralisé qui se soldera par un changement total des régimes politiques de la région et la fin des États-Unis de leur statut de première puissance mondiale. Le déclin ne sera encore que plus prononcé pour l'Occident. Et le risque est que le dollar cessera d'être la première monnaie-centre du système financier et monétaire international. D'autres monnaies internationales surgiront en rapport aux pays qui montent et à leur puissance économique dans le monde, à l'exemple du renminbi ou yuan de la Chine qui est devenu la cinquième monnaie mondiale dans le panier du DTS, étalon monétaire qu'utilise le FMI. Et on le constate aujourd'hui. Les États-Unis ne cherchent-ils pas, aujourd'hui, à accélérer un processus de paix avec les Talibans ? Avec la Corée du Nord ? Qu'apportera une guerre désastreuse contre l'Iran qui fera de nouveau exploser les prix du baril de pétrole, un nouvel âge d'or pour les BRICS et exportateurs de pétrole, un nouveau surendettement de l'Occident et une création monétaire tous azimuts. Et de nouveau des quantitative easing QE4, QE5, QE6, pour résorber partiellement le surendettement. Il est clair qu'un deuxième désastre n'est pas porteur pour l'Amérique. Et que la politique économique, financière et monétaire américaine, européenne, japonaise et même chinoise restera restrictive, encore des années. Les QE ne doivent pas tromper, ils ont un rôle spécifique qui est paradoxalement aussi restrictif. Donc l'économie mondiale continuera de fonctionner sur une corde raide. Il est peu probable qu'un krach majeur éclaterait malgré des pronostics alarmants des économistes. Et ce parce que la situation économique mondiale est déjà en plein marasme. A voir le taux d'intérêt directeur américain parti à la hausse puis brusquement de nouveau abaissé en 2019, et probablement va encore être abaissé. La croissance économique est partout anémique en Occident. L'Allemagne, le fleuron de l'économie européenne, s'est affaiblie, et risque même une récession. Le Royaume-Uni toujours ébranlé par le Brexit. Les puissances occidentales naviguent aujourd'hui à vue malgré l'unité qu'elles affichent, comme elles l'ont fait à l'occasion du dernier G7 à Biarritz, en France. La Chine en plein conflit avec les États-Unis sur ses excédents commerciaux. La baisse de ses réserves de change, ou les petites hausses enregistrées en 2018 et 2019 montrent que les entrées et sorties de devises sont presque à somme nulle. L'« âge d'or» est lointain. Il a cessé avec les quantitative easing américains en 2014. Le prix du pétrole qui a joué le rôle de pondérateur lors des grandes émissions monétaires américaines, en pleine guerre contre l'Irak, et après la crise financière de 2008, pour financer des déficits publics et courants hors-norme, ne joue plus ou très peu. Pas de guerre, des politiques économiques serrées voire austéritaires ne demandent plus un pétrole à 100 dollars et plus. Le prix du baril à 40, 50 ou 60 dollars est suffisant pour financer les déficits courants américains actuels. De même, pour l'Europe et le Japon avec l'« effet balancier» concerté entre les Banques centrales occidentales. Ceci étant, le nouveau stade historique qui émerge avec la crise financière, la fin de l'âge d'or pour une partie du reste du monde et le retournement pétrolier ne relève pas seulement des considérations dans les échanges économiques internationaux et leurs pendants, le surendettement occidental et les déséquilibres macroéconomiques trop visibles entre l'Occident et le reste du monde. L'histoire avance aussi sur le plan socio-politique tant en Occident que dans le reste du monde. Les effets de la crise, la recherche de l'Occident de préserver son rang mondial, les politiques monétaires agissant dans ce sens, touchent de plus en plus mal les peuples. A voir aujourd'hui le Venezuela, le Soudan, l'Algérie, l'Iran, les guerres en Syrie, en Libye, en Afghanistan, et les monarchies arabes qui se sont coalisés contre un petit pays, le Yémen, sous le prétexte qu'il est aligné à l'Iran ou Israël, qui bombarde la Syrie sans retenue, sans respect pour le droit international. Tous ces conflits, crises et guerres ne sont-ils pas des germes pressentant un nouveau stade historique, une nouvelle configuration mondiale en cours ? Et les mouvements populaires qui remettent en question les systèmes politiques ne cessent de monter. La crise financière et pétrolière a fortement déstabilisé le Venezuela qui arrive difficilement à importer des produits de première nécessité, les étals des magasins sont vides. Le Soudan de même, tous les prix ont fortement augmenté, le prix du pain a triplé d'où les manifestations, la chute du président Omar al-Bachir et la volonté d'asseoir un régime démocratique pour plus d'équité entre les citoyens qui prennent conscience de leur état de gouvernés qui comptent. En Algérie, depuis la chute du pétrole en 2014, la situation politique a tenu grâce aux réserves de change accumulées. Mais, avec la fonte de ces réserves d'environ 120 milliards de dollars, la situation sur le plan économique, est en train de se tendre. Si les réserves de change s'épuisent, l'Algérie risque de vivre la crise politique, économique et financière que vit le Venezuela. Ce qui explique d'ailleurs le mouvement citoyen du Hirak. Le peuple aspire à des changements, et ne veut pas revivre les crises passées telle la décennie noire. Sur le plan des réserves de change, l'APS donne un aperçu sur ce qu'il reste et même dans un graphique fait le résumé de la diminution de réserves depuis 2013. Une baisse continue. « Les réserves de change ont reculé à 72,6 milliards de dollars (mds usd) à la fin avril 2019, contre 79,88 mds usd à la fin de l'année 2018, soit une baisse de 7,28 mds usd en quatre mois, a indiqué le ministre des Finances, Mohamed Loukal» (4). Ce qui signifie que tout n'est pas rose sur le plan économique pour l'Algérie. Le Hirak algérien ne fait pas exception. De nombreux mouvements ont surgi depuis la débâcle financière de 2008. Le « Printemps arabe» qui a vu des changements considérables dans les systèmes politiques même s'il s'est essoufflé, le mouvement des « indignés» dans le monde, la montée du « populisme» en Occident, les événements à Hong Kong, en Russie, montrent cette aspiration à une meilleure gouvernance, ce qui passe inévitablement par la démocratie. Évidemment, le chemin est long, mais le monde change et le nouveau stade, par ces changements, par la nouvelle mentalité des peuples qui veulent apprendre leur présent et leur avenir, et surtout jouissant des formidables progrès dans la communication, grâce à Internet, inévitablement vont influer sur leurs gouvernements, voire les changeront pour que tout gouvernement soit conscient qu'il a en face de lui un peuple qui pense, un peuple qui veut choisir son destin, en un mot qui veut vivre dans la dignité. Et ce mot résume tout le sens de l'humain. Et c'est ce que l'on constate dans cette nouvelle phase historique du monde. Une phase de la connaissance, du progrès et de la remise en question de l'ordre de plus en plus caduque du stade historique actuel. Un peu comme la Première Guerre mondiale dans le siècle passé et qui a généré un nouvel état du monde en 1945, un monde entièrement nouveau. L'ordre colonial avait disparu. Est-ce que le monde se trouve aujourd'hui aussi dans cette perspective ? Force est de l'admettre. L'humanité ne commande pas son destin, et donc son avenir. Précisément, c'est dans ces stades historiques qu'elle traverse qui donnent sens à son existence. L'humanité n'a pas été créée dans la nature pour seulement être, si c'était seulement cela, l'humanité n'aurait pas eu de sens d'exister. Précisément, c'est dans ces changements dans son histoire que l'humanité a un sens, que l'humanité réellement existe, qu'elle est ouverte à une destinée que personne sur terre et dans le monde connu de l'univers n'a. Et cette destinée est aujourd'hui à un nouveau stade de son histoire, que l'humanité ne commande pas, parce qu'il est inscrit dans son essence. Comment comprendre la baisse du pétrole depuis 2014 ? Et les réserves de change des pays exportateurs de pétrole qui ont fondu et continuent de fondre ? *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective Notes de renvoi : 3. Dette du gouvernement central, total (% du PIB) https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=US https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=GB 4. « Les réserves de change à 72,6 milliards de dollars fin avril 2019», par APS Algérie Le 12/07/2019 http://www.aps.dz/economie/91802-les-reserves-de-change-a-72-6-milliards-de-dollars-fin-avril-2019 |
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