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La
76e édition est riche en surprises venues d'Afrique et du monde arabe, mais une
fois de plus sans l'Algérie qui disparaît peu à peu de la carte de la
cinéphilie mondiale.
On ne sait pas combien de films algériens ont été proposés aux différentes sélections du plus grand festival de cinéma au monde, mais le résultat est là, et il est sans appel. Pas un seul de retenu alors que l'édition de cette année réserve une place de choix aux films venus d'Afrique et du monde arabe. Sans trop y croire, on se demandait si par charité La Quinzaine des Réalisateurs allait prendre le dernier film de Merzak Allouache ou celui de son fils putatif Nadir Moknèche, puisque et l'un et l'autre ont, paraît-il, quelque chose de nouveau à nous montrer. Faut-il se résigner ? Le cinéma algérien (comme la diplomatie algérienne, comme le football algérien, etc.) est en train de disparaître tout simplement de la carte mondiale et les derniers signaux envoyés par les officiels de la culture ne sont pas de nature à arranger les choses à notre humble avis. Résignons-nous alors et voyons voir ce que vont nous proposer nos bien chanceux voisins, tunisiens et marocains. Mais d'abord un rectificatif, on ne dit plus «La Quinzaine des Réalisateurs», désormais il faut dire «La Quinzaine des cinéastes». Merci me-too. Année après année, la Tunisie s'impose dans le monde du cinéma et gagne en visibilité à Cannes. Cette fois, c'est carrément en compétition officielle que la Tunisienne Kaouther Ben Hania présentera son dernier film Les filles d'Olfa, qui oscillerait, selon l'argumentaire de son dossier de presse, entre documentaire et fiction. Il est question d'Olfa, une mère tunisienne de 4 filles, qui voit un jour disparaître ses deux aînées. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles (dont la star Hind Sabri); on est très curieux de découvrir le film. Le Maroc, lui, aligne pas moins de trois films cette année. Avec, pour rester dans le documentaire de création, Kadib Abyad, de Asmae El Moudhir, étrangement traduit par la «Mère de tous les mensonges». Sélectionné à Un Certain Regard, ça a tout l'air d'être un film intimiste et politique, histoire nationale et histoire personnelle entremêlées, sujet qui revient sur les émeutes du pain en 1981 pour montrer comment cet événement a profondément marqué la société marocaine contemporaine. Un autre film du royaume voisin a été retenu dans la même sélection «Les Meutes» de Kamel Lazrag, qui propose de nous plonger dans les affres des faubourgs populaires de Casablanca, et en compagnie de sa pègre locale. Le talentueux Fawzi Bensaïdi revient, quant à lui, via La Quinzaine des cinéastes et avec Déserts, un film mêlant comédie, road-movie, western et quête initiatique, si on se fie synopsis qui donne envie de voir le film : «Pieds nickelés marocains du surendettement, Mehdi et Hamid sillonnent en voiture et en costards cravates froissés le sud du pays. Leur mission : recouvrer pour leur agence les arriérés d'emprunts que n'ont pas honorés de pauvres bougres accablés par la misère et la sécheresse du désert, dans des villages de nulle part». Pour terminer en majesté avec le Maroc, signalons que la réalisatrice Maryam Touzani est cette année membre du jury de la compétition officielle. L'Afrique subsaharienne revient en force également, c'est-à-dire en compétition officielle avec Banel et Adama, une histoire d'amour réalisée par la franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Dans la sélection Un Certain Regard, c'est peu de dire qu'on attend avec impatience de voir Goodbye Julia du jeune réalisateur soudanais Mohamed Kordofani. La Semaine de la Critique qui propose des premiers et seconds films de cinéastes émergents parie, de son côté, sur Inshallah a boy / Inchallah un fils du jeune Jordanien Amjad al-Rashee. Stop, attendez, on a enfin trouvé dans le lot cannois un film qui pourrait être considéré comme un peu algérien; c'est un moyen métrage de 43 minutes, sélectionné par La Quinzaine des cinéastes, La maison brûle, autant se réchauffer de Mouloud Aït Liotna, tourné en Kabylie; la bio précisant que le réalisateur né en Algérie est arrivé en France avant ses 18 ans, pour des études en cinéma et en philosophie. On pourra compter sur la vigilance de l'envoyé spécial du Quotidien d'Oran pour être le premier à en rendre compte. Sinon, à défaut de films russes pour cause de la guerre en Ukraine, on essayera de voir autant que possible les films chinois et iraniens, présents en nombre et à peu près dans toutes les sélections du festival. Pour notre grand plaisir, on retrouve également des habitués du Festival, les déjà palmés en or ou archi-primés ailleurs, tels le britannique Ken Loach (The old oak), le turc Nuri Bilge Ceylan (Les herbes sèches, précisons que cette fois son film ne dure que 197 minutes), le japonais Hirokazu Kore-Eda (Monster), les américains Wes Anderson (Asteroid city)» et Todd Haynes (May december), l'allemand Wim Wenders (Perfect days), les italiens Nanni Moretti (Vers un avenir radieux) et Marco Bellocchio (Rapito), le finlandais Aki Kaurismaki (Les feuilles mortes), le brésilien Karim Aïnouz est de retour lui aussi en compétition officielle (Le jeu de la reine) et en hors compétition, c'est encore mieux. Que vaut le court film de Pedro Almodovar tourné en américain ? Aura-t-on vraiment envie de voir le dernier Indiana Jones ? Faudra-t-il se lever de très bonne heure ou vaut mieux ne pas se coucher pour être certain de pouvoir voir le dernier Martin Scorsese inspiré du best-seller de David Grann. Avec De Niro et Di Caprio, Killers of the Flower Moon, un film qui se déroule dans l'Oklahoma des années 20, «Le règne de la terreur», et retrace une affaire de meurtres de membres de la tribu Osage, devenue riche grâce au pétrole. C'était fait pour lui, effectivement. En clôture, le dernier Pixar Élémentaire de Peter Sohn et partout ailleurs beaucoup de films français, dont certains, qui sait, seront peut-être moins mauvais que d'autres ? |
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