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Débat :
La formation continue et la modernisation des méthodes de travail facteurs déterminants dans la modernisation du secteur public
par Brahim Lakhlef* ![]() Dans la rubrique «L'actualité
Autrement Vue» (Quotidien d'Oran du 14 août), M. Cherif Ali a abordé une
question intéressante relative à l'amélioration du fonctionnement de
l'administration publique.
Tenant compte de l'influence considérable de cette institution sur la qualité de vie du citoyen et sur l'évolution économique du pays, je voudrais élargir la réflexion à l'ensemble du secteur public, en essayant de cerner les différents facteurs qui peuvent apporter une amélioration conséquente, aussi bien pour le citoyen que pour tous les secteurs de l'économie nationale. En effet, ce secteur doit répondre d'une manière efficace et efficiente aux besoins de tous les secteurs économiques et sociaux (économie, réalisation des infrastructures de base, éducation, santé, social...). C'est pour cette raison que les spécialistes considèrent le service public comme l'un des facteurs clés de réussite des réformes et des stratégies de développement. La modernisation de l'administration et d'une manière globale la modernisation du secteur public possède un rôle positif sur l'évolution d'une économie nationale en réduisant, en premier lieu, les coûts de fonctionnement, en facilitant et en encourageant l'investissement et la création d'entreprises, en alimentant le marché de l'emploi, en améliorant la qualité de l'éducation et de la santé Malheureusement, le secteur public, pour des raisons diverses, peut aussi être un facteur de blocage par ses lourdeurs administratives, par ses dépenses exorbitantes et sans résultat convaincant, par l'inexistence de son soutien aux investisseurs, par l'absence d'une stratégie de croissance et de création d'emplois. Dans beaucoup de pays, des plans de relance économique ont connu des échecs. Les causes de ces contre-performances ne résident pas dans l'insuffisance de capitaux ou dans l'absence de volonté politique. Ces échecs s'expliquent essentiellement par les multiples carences et défaillances du secteur public. Un secteur incapable de s'aligner sur les exigences des plans de développement et de l'évolution de la société. C'est pour ces différentes raisons que la modernisation du secteur public est devenue une priorité dans les politiques et les stratégies économiques d'une nation. L'OCDE et l'UE accordent une importance capitale aux réformes visant l'amélioration des services publics et de la réglementation. Les objectifs sont la performance, l'efficacité et l'efficience. L'Union européenne considère la modernisation du secteur public comme «un enjeu fondamental pour l'évolution de l'Europe». Actuellement, l'ensemble des pays membres de l'OCDE s'appuient sur les principes et les techniques du New Management Public (NMP). Il est considéré comme l'approche la mieux indiquée pour moderniser le secteur public et optimiser son efficacité. La caractéristique de cette approche est d'appliquer les principes et outils de la gestion des entreprises à la gestion du secteur public dans le but perfectionner sa flexibilité et la qualité de ses services, de réduire ses coûts et renforcer son efficacité, d'éliminer la bureaucratie et la centralisation. Ce sont les principaux principes sur lesquels repose le nouveau management public. Le NMP vise l'introduction de plus de souplesse dans la gestion de l'administration, la hiérarchisation des objectifs mesurables et une évaluation basée sur des indicateurs. Le but final de l'évaluation est de pouvoir tirer des enseignements et capitaliser les expériences pour favoriser un perfectionnement continu de la gestion publique. L'intérêt porté par les pays développés à l'amélioration des services publics relève de la conviction que l'efficacité de ces services contribue fondamentalement à la réussite des réformes économiques et à l'évolution du bien-être du citoyen. En Algérie, l'État a retenu la modernisation de l'administration comme objectif stratégique dans le but «d'édifier une administration électronique efficiente et transparente» en adoptant les nouvelles technologies de gestion, de communication et de l'information. Les objectifs ciblés par cette option de modernisation de l'administration sont d'atteindre l'efficacité et l'efficience dans les missions de ce secteur, d'améliorer la relation entre l'administration et le citoyen, d'éliminer les insuffisances qui ont longtemps caractérisé l'action publique, d'introduire et d'adapter de nouvelles technologies à l'ensemble du secteur. La réussite de cette option stratégique nécessite des conditions qui lui permettent d'atteindre les objectifs retenus. Parmi les conditions fondamentales de succès, figure la mise en place d'un système de formation essentielle. Il existe plusieurs facteurs qui peuvent améliorer une organisation. Mais quelle que soit l'approche retenue, la formation et l'amélioration des méthodes de travail constituent le socle qui conditionne la réussite de toute stratégie. En effet, l'influence de la formation sur l'évolution de tout plan ou stratégie visant l'amélioration de l'organisation, de la gestion et des résultats économiques et sociaux est justifiée par une évolution rapide des techniques et des technologies et par les exigences de la société et du marché. L'adaptation à ces différentes évolutions et la concrétisation des objectifs de développement sont devenues un enjeu stratégique pour toute nation aspirant à un développement équilibré. D'une manière générale, la formation contribue à : - la valorisation du personnel par l'élévation du niveau de connaissances et de qualification. - l'autonomie dans le travail et une meilleure maîtrise des exigences du poste et par conséquent une amélioration de la qualité du travail - l'adaptation aux nouvelles techniques. - une meilleure capacité d'adaptation aux normes et au changement - l'instauration d'une organisation plus efficace et une meilleure circulation de l'information. La prise en compte de ces évolutions par la formation professionnelle est une exigence du marché qui voit ses besoins en personnel qualifié se transformer avec les évolutions scientifiques et technologiques. Dans ce cas précis de modernisation du secteur public, la mise en place d'un système de formation continue et d'évaluation permanente des qualifications constitue un facteur déterminant dans la réussite de toute stratégie de modernisation. La mise en place d'un système de formation continue dans une organisation donnée vise plusieurs objectifs, d'une part : permettre à des structures d'atteindre les objectifs retenus aux moindres coûts, dans les délais et selon les normes de qualité d'autre part, de permettre au salarié de bénéficier d'une formation, d'un perfectionnement d'une manière continue. Le but recherché pour le salarié est de s'adapter aux exigences de son poste, de suivre l'évolution des méthodes et des responsabilités, d'améliorer ses compétences, de faciliter sa reconversion à d'autres postes, d'évoluer hiérarchiquement, de valider ses compétences auprès de son employeur, de renforcer la sécurité de l'emploi en cas de compression du personnel La modernisation des méthodes de travail est une approche qui permet à toute organisation de s'adapter aux différentes évolutions, de concrétiser ses objectifs selon les normes de coûts, de délais et de qualité. Cette approche nécessite la présence d'un personnel formé et apte à maitriser les techniques modernes de gestion et de management. Une méthode de travail professionnelle efficace implique la planification, la priorisation des tâches, la précision dans la détermination des objectifs en s'appuyant sur la méthode SMART (objectifs spécifiques, mesurables, réalisables et réalistes, temporellement définis) en optant pour la gestion du temps et l'optimisation de l'environnement de travail. Il est également essentiel d'évaluer et d'ajuster sa méthode pour une amélioration continue. Ce sont des méthodes qui favorisent la clarté et l'objectivité dans l'évaluation, ce qui favorise l'engagement, la motivation du salarié et sa détermination à réaliser ses objectifs. En outre, il est nécessaire de créer dans l'administration de nouveaux postes de travail pour intégrer les métiers dits « émergents ». Métiers nés des innovations et des évolutions dans les domaines technologiques, scientifiques, informatiques et numériques pour améliorer la maîtrise des nouvelles techniques et éviter tout dysfonctionnement. Comme toute option stratégique, la politique de formation nécessite une démarche claire établie sur la base d'une détermination des besoins de formation, des choix d'objectifs mesurables, de méthodes, de moyens, de délais, de coûts et d'indicateurs d'évaluation. Elle est considérée aujourd'hui comme un investissement et doit obéir à des calculs de rentabilité et de retour sur investissement comme tout projet de développement. En conclusion, l'histoire du développement nous montre que la formation possède un impact important sur l'évolution de tout système. Elle est devenue une fonction incontournable pour l'administration et pour l'entreprise, un facteur clé de succès pour toute option stratégique. Dans les pays de l'OCDE, une étude confirme que le capital humain (formation et accumulation d'expérience) est l'un des principaux moteurs d'amélioration et d'évolution de tous les secteurs, y compris le secteur public. Cette option de modernisation du secteur public ne peut être isolée de l'ensemble des autres réformes économiques, sociales et territoriales. La modernisation du secteur public doit être soutenue par une démarche méthodologique structurée, comprenant des indicateurs mesurables pour pouvoir évaluer et corriger l'évolution de la réalisation des objectifs ciblés. *Economiste |
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