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Petits gestes et grandes œuvres

par Farouk Zahi

Il est observé depuis peu que des mises en service d’ouvrages et des remises de milliers de logements à la leurs bénéficiaires sans cérémonie protocolaire de très haut niveau. Il en était ainsi pour le MAO, ouvrage hydraulique devant alimenter Mostaganem-Arzew-Oran, inauguré par le ministre des Ressources en Eau et tout récemment les titres de jouissance de centaines de logements par les autorités locales des wilayas d’Alger et de AinTemouchent. La dernière sortie des autorités locales d’Alger, prenant l’allure d’une tournée ministérielle, a mis en service plusieurs projets achevés. S’il est vrai que la symbolique de l’inauguration présidentielle a plus de charge politique, la satisfaction de besoins sociaux longtemps attendue est enfin de compte l’objet à remplir et c’est tant mieux. Les centaines de logements (300) remis ce jour là, ont sorti inéluctablement les familles bénéficiaires de la dèche. La trémie d’Hussein Dey et la salle de cinéma Sierra Maestra rénovée ont certainement fait beaucoup d’heureux. Le stade de Garidi, même s’il est en cours de réalisation, il ne manquera pas de nourrir de l’espoir chez les jeunes. Cette nouvelle approche ne fera que conforter le Commis de l’Etat et l’élu local dans en sa qualité de partie prenante.

 Cette manière de faire éloignera probablement le spectre du travail forcément hâtif observé à la veille des inaugurations Les manques à gagner dans l’attente, souvent longue d’une visite de très haut niveau, sont incommensurables sur les plans financiers et comportementaux. Une visite qui tarde à venir pour des raisons évidentes de calendrier, peut perturber le cours d’événements précédemment planifiés. Ce déclic s’il venait à se vérifier, fera engranger d’énormes dividendes au développement local dont les ambitions mettent à mal les plannings de réalisation et par voie de conséquences les règles de l’art.

 Les plans de charge le plus souvent démesurés au regard des potentialités locales, génèrent des délais de réalisation prolongés et des surcoûts sans préjudice des retombées négatives sur le dernier maillon de la chaîne : le bénéficiaire ou l’usager. Il est loisible et jusqu’à l’heure actuelle d’observer çà et là, des structures livrées dans l’attente d’une mise en service. Les locaux professionnels destinés aux jeunes et initiés par le chef de l’Etat en sont le meilleur exemple. Il est par contre des exemples d’anthologie, tel ce poste de transformation électrique qui a attendu, près de deux ans, une hypothétique visite ministérielle. Les choses ont beaucoup évolué depuis lors. Beaucoup de localités ont bénéficié du gaz naturel ou de l’électricité suite à la mise en service des réseaux par les directeurs de l’exécutif local chargés de l’Energie. Compte tenu de ce « plan Marshall » du développement tout azimut et qui ne réglera certainement pas tous les problèmes, les besoins évoluant selon le profil socio-économique, il est envisageable d’impliquer tous les acteurs de la vie nationale par l’appropriation des projets de toute nature à travers la consultation et l’accompagnement au cours de toutes les phases de réalisation. On a souvent entendu par le passé, le discours qui distingue le projet centralisé du projet décentralisé comme si le maître de l’ouvrage n’en était pas l’Etat ! Les deux profils ont pourtant la même source de financement : le Trésor public.

 Si l’intention les plus hautes instances du pays, à travers cette nouvelle démarche, est de consacrer le rôle de l’autorité locale dans le développement, ce n’est que justice rendue à cette multitude intègre de Commis de l’Etat qui font de la chose publique un sacerdoce. Opiniâtres la tâche, beaucoup d’entre eux oublient les leurs dans leur scolarité ou leurs besoins affectifs jusqu’à en perdre les liens familiaux ou solidaires. Ils ont souvent prouvé leur attachement à la cause, parfois même, au péril de leur vie. Notre pensée va à ces anciens cadres locaux assassinés en 1994 alors qu’ils étaient en visite de travail, dans les profondeurs de wilaya de Tissemssilt et à Brahem Hakkam cadre de Sonelgaz mort en détention à la veille de sa mise à la retraite. La justice a réparé le préjudice subi en l’innocentant.