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La violence nourrit la violence

par Abdelkrim Zerzouri

Depuis le déclenchement des frappes, dans la nuit du 11 au 12 janvier, contre des cibles sous le contrôle des Houthis par les Américains et les Britanniques, les appels à la désescalade reviennent dans toutes les déclarations. Eviter l'escalade, l'ONU n'a pas cessé de prévenir contre la menace d'un embrasement dans cette région «déjà au bord du précipice du fait du conflit israélo-palestinien», comme l'a estimé le représentant du Mozambique lors de la réunion du Conseil de sécurité au lendemain des attaques en question. «Le cycle de violence auquel nous assistons présage de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région», a mis en garde M. Mohamed Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l'Asie et le Pacifique, rappelant notamment la fragilité de la situation humanitaire dans le pays.

Comme nombre de délégations, il a exhorté les parties concernées à faire montre de retenue afin d'éviter toute escalade et de restaurer une navigation maritime sûre dans la région. Mais, avant de se soucier d'une escalade en mer Rouge, ne sommes-nous pas en face, déjà, d'une escalade, qu'on cherchait à éviter, par rapport aux attaques meurtrières de l'armée israélienne contre les populations à Ghaza ?

Les attaques des Houthis en mer Rouge ont été déclenchées en signe de soutien à la résistance palestinienne et de ce fait, on assiste à une véritable escalade du conflit israélo-palestinien. Pour ce qui est des réactions internationales, la Russie n'y est pas allée dans la demi-mesure, dénonçant clairement une agression flagrante contre les Houthis au Yémen. Ainsi que l'Iran qui a condamné les frappes des Américains et des Britanniques. L'Algérie a exprimé, à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères, publié vendredi, sa «profonde préoccupation et ses regrets», suite aux frappes américaines et britanniques ayant ciblé plusieurs villes de la République du Yémen, pays frère.

Pour l'Algérie, qui a exprimé ses préoccupations au sujet des tensions en mer Rouge bien avant ces frappes, l'escalade on y est. Dans ce sens, le communiqué du ministère des Affaires étrangères affirme que cette escalade dangereuse «est à même de saper les efforts consentis par les Nations unies et les pays de la région pour parvenir à une solution au conflit au Yémen». Pour les Etats-Unis, et les Occidentaux en général, la seule crainte d'une escalade viendrait d'une implication directe de l'Iran dans le conflit.

L'Iran pourrait ne jamais intervenir directement dans le conflit, pas tant que l'intégrité de son territoire reste sauve, mais la riposte aux frappes contre les Houthis viendrait de plusieurs endroits, et pas forcément de là où on les attendrait. D'ailleurs, les Houthis laissent entendre que «tous les intérêts américano-britanniques» constituent des «cibles légitimes pour les forces armées yéménites».