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Mystère!

par Abed Cherifi

Les Algériens sont unanimes à se plaindre de la cherté de la vie. Ils ont l'impression tenace que ce que l'Etat donne de la main droite le reprend aussitôt de la main gauche. C'est qu'au pays où l'oseille n'a pas la même odeur pour tous, «le miracle économique» consiste en un «jeu de dupes» aussi inutile que scélérat : compresser la demande sociale en réduisant jusqu'au goulot de l'offre, provoquant du coup une situation ubuesque où celui qui a dix sous neufs fourre sa main baladeuse dans la poche de celui qui a un demi-douro trop usé. Sinon, comment dégoupille-t-on cet épais mystère algéro-algérien qui voudrait qu'à chaque fois que la situation semble s'améliorer en matière de disponibilité des produits alimentaires de toutes sortes, la mercuriale s'arrache les cheveux? à en perdre raison ? L'Etat fait tout pour mettre différents produits à la disposition du citoyen, à des prix raisonnables, mais la hausse sauvage des prix des produits alimentaires et autres assèche le portefeuille de la pauvre ménagère.

Avec ce paradoxe bien de chez nous : ce n'est pas notre ventre qui dépend de ce que produisent nos terres mais c'est juste nos estomacs, plus grands que nature, qui courent à perdre haleine après celui qui détient les clefs du garde-manger national. Avec la crise mondiale, tout ne s'annonce pas sous de bons auspices, loin s'en faudrait. La situation est si psychédélique que le pays paraît vivre sur deux planètes: l'une vivant derrière le dos de l'autre. L'on nous susurre que des quantités «gargantuesques» de boustifaille est stockée; mais pourquoi pardi ?! Alors qu'en même temps et sous les cieux du même pays, manger à sa faim (re) devient la première priorité de l'Algérien d'en bas...

Les chiffres «balancés» d'en haut nous parlent d'un pays devenu un giga-bazar à ciel ouvert, sans que personne ne sache qui en est (sont) réellement le (s) propriétaire (s) ni qui contrôle un marché à enjeu capital. Il y a trop longtemps que le pays racle le fond de ses caisses dans l'entretien de la chaîne alimentaire nationale. Il y a, aussi, un bon bout de temps depuis que le pays ne s'est pas «auto-suffi», en matière de blé, celui né des entrailles de la terre ; mais aussi celui caché dans des coffres-forts, jamais aussi bien gardés. Avec pour seul sursis une baguette de pain garantie pour tous !