![]() ![]() ![]() ![]() Pourquoi les pays de l'Opep
ont-ils besoin de rappeler, un à un, et d'une manière distinctive leur soutien
à la décision commune, prise le 5 octobre dernier à Vienne, visant la réduction
de la production de pétrole de deux millions de barils par jour, à compter de
début novembre prochain ? On a vu ces derniers jours, l'Irak, l'Algérie, le
Koweït et d'autres, confirmer publiquement leur soutien à la décision de l'Opep+, certainement pour atténuer la pression exercée sur
l'Arabie Saoudite par les Américains, qui lui en veulent d'avoir accepté de
fermer les vannes.
Pourtant, en tant que membres du cartel, ils ont bien appuyé cette décision, prise à l'unanimité des membres de l'alliance entre l'Opep et dix autres pays producteurs de pétrole, dont la Russie, qui forment l'Opep+. Depuis 2016, ces pays se réunissent régulièrement pour étudier l'évolution de l'approvisionnement des marchés et prendre des décisions de réduction ou d'augmentation des volumes de production de pétrole, dans un cadre bien précis purement technique et économique, misant sur l'équilibre des marchés. Sans aucune velléité politique. Et sans faire trop de vagues au sein des pays importateurs d'or noir. Mais, cette dernière décision, engagée dans un contexte d'une crise mondiale exacerbée par la guerre en Ukraine, a provoqué trop de remous politiques, dont les retombées prennent une dimension qui risque d'altérer les relations stratégiques entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. A la suite de la décision de l'Opep+ de réduire la production de pétrole à deux millions de barils par jour, le président américain Joe Biden a clairement indiqué que cela aurait «des conséquences» sur les relations entre Washington et Ryad. Pour les États-Unis, la réduction des volumes de production est une volonté de la Russie, qui cherche à faire grimper le prix du baril pour financer sa guerre en Ukraine, et qui a trouvé un soutien de la part de l'Arabie Saoudite. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a précisé à travers un communiqué que la décision de l'Opep+ avait été prise par consensus, afin d'enrayer la volatilité du marché. Mais, ce qu'on demande à l'Arabie Saoudite c'est d'aller à contresens de ce consensus, au risque de faire éclater l'alliance Opep+. Et, bien évidemment, toutes les explications fournies par l'Arabie Saoudite pour justifier la décision du 5 octobre dernier n'ont pas fait revenir l'administration américaine à de meilleurs sentiments. C'est ce qui explique la sortie de tous les pays membres de l'Opep, un à un, pour soutenir l'Arabie Saoudite face aux accusations américaines, dire tout haut que la décision du 5 octobre a été prise à l'unanimité et qu'elle bénéficie aux consommateurs et aux producteurs. Malgré toute la pression qu'il a exercée sur le royaume pour l'amener à s'opposer à une fermeture des vannes, le président américain est sorti bredouille de la partie, et il ne manquera pas, comme il l'a promis, de recadrer les relations US avec l'Arabie Saoudite. Seulement, pourrait-il vraiment changer quoi que ce soit à cette relation quand on sait que les liens entre les deux pays ne sont pas aussi fragiles qu'on pourrait l'imaginer ? Mais, prenant au sérieux les accusations d'un alignement avec Moscou, l'Arabie Saoudite veut s'entourer de tous ses alliés de l'Opep pour parer à d'éventuelles représailles. |
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