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Algérie-Etats-Unis: Des relations «fortes et grandissantes»

par Ghania Oukazi

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a reçu, hier, l'Ambassadrice des Etats-Unis à Alger pour évoquer ensemble «plusieurs sujets importants».

C'est l'Ambassadrice Elizabeth Moore Aubin qui en a fait l'annonce par un twitt sur son compte personnel en faisant savoir que «plusieurs importants sujets ont été évoqués lors de cette rencontre notamment les relations fortes et grandissantes entre les deux pays». Elle n'a pas manqué de noter «toujours le plaisir de se retrouver (avec Lamamra) et discuter de la relation bilatérale forte et croissante entre les Etats-Unis et l'Algérie». Pour rappel, le 14 septembre dernier, Aubin a été reçu par le général d'armée, Said Chengriha, chef d'état-major de l'ANP, au ministère de la Défense nationale (MDN). Un communiqué du MDN a rapporté que «la rencontre s'est déroulée en présence du Secrétaire général du ministère, les officiers de brigade et les doyens de la Défense nationale et l'Etat-major de l'ANP (et) a constitué une occasion pour les deux parties de discuter des questions d'intérêt commun ainsi que de l'état de la coopération bilatérale entre les deux pays et les moyens de la renforcer (?)». Aubin a publié, lundi dernier, une photo avec à ses côtés, Mohamed Hannache, le nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Algérie aux Etats-Unis, juste avant qu'il ne rejoigne son poste à Washington.

De retour en Algérie en février 2022, Aubin a remplacé John Descrocher qui a quitté Alger au mois d'août 2020. De 2011 à 2014, elle a été chef de mission adjointe à l'ambassade des Etats-Unis à Alger. La diplomate américaine connaît donc bien l'Algérie pour avoir tissé d'importants réseaux à tous les niveaux.

Des sénateurs américains «à contresens de la diplomatie»

Rappel important, depuis plusieurs jours, 27 sénateurs américains, entre républicains et démocrates, exercent de fortes pressions sur le Secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken pour l'obliger à prendre des sanctions contre l'Algérie parce qu'elle achète son armement de la Russie. Une demande qu'ils confortent avec «le CAATSA (Countering America's Adversaries Through Sanctions Act» de «la loi 2017 (article 231) de lutte contre les adversaires des Etats-Unis par les sanctions». La première lettre dans ce sens a été rendue publique le 15 septembre dernier par le sénateur Marco Rubio. Le 30 du même mois, agissant sous l'égide de Lisa McClain, qu'on dit membre de l'AIPAC (Americain Israël Public Affairs Committee), - un lobby sioniste de grande envergure-, ces sénateurs écrivaient à Blinken, pour «vous exprimer notre préoccupation devant le développement des liens entre la Fédération de Russie et la République algérienne (?)». Ils indiquent qu'«en 2021, l'Algérie a contracté des transactions d'achat d'armes russes pour 7 milliards de dollars, incluant le Soukhoï 57, un avion de chasse particulier que la Russie n'a, jusqu'à maintenant, accepté de vendre à aucun autre pays dans le monde». Ils estiment qu'«il est urgent que le Président et son administration se préparent à sanctionner ceux qui financent le gouvernement russe et sa machine de guerre à travers l'achat d'équipements militaires», allusion très claire à leur soutien à l'Ukraine.

Autre «hasard» de calendrier de l'audience d'hier de Lamamra à Aubin, la programmation du 16 au 28 novembre prochains, des manœuvres militaires algéro-russes «Bouclier du désert-2022» annoncées officiellement par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, en affirmant que «ces exercices de lutte contre le terrorisme sont planifiés et menés dans le cadre du programme de coopération militaire avec l'Algérie» et en précisant toutefois, que «nous tenons à souligner que, comme tous les exercices militaires auxquels la Russie participe, celles-ci ne visent aucun tiers». Un communiqué officiel russe a rapporté que «ces manœuvres antiterroristes conjointes russo-algériennes doivent avoir lieu à la base de Hammaguir», à 120 km de Béchar, aux frontières algériennes sud-ouest.

Visites officielles de responsables russes et américains à Alger

Des exercices militaires tactiques contre le terrorisme se sont aussi déroulés au sud de la Russien en septembre dernier. En novembre 2021, les équipages de navires russes et algériens ont mené ensemble, «des exercices de communication, des séances et opérations conjointes, une formation des équipes d'inspection, un exercice de démonstration sur le contrôle des dommages». En septembre dernier, l'Algérie, la Russie et la Chine ont participé ensemble à l'est de la Russie, à des manœuvres militaires sous le nom de code «Vostok 2022» qui, selon le vice-ministre russe de la Défense «sont purement défensives et visent à développer la performance des forces armées pour assurer la sécurité de la Russie et de ses alliés dans la région orientale et ne sont pas dirigées contre un pays ou des alliances militaires». Pas loin de cette région, du 8 au 18 juin dernier, c'était «African Lion», «le plus grand exercice militaire américain», qui s'était déployé dans l'un des territoires du Sahara Occidental occupé, organisé par les forces armées marocaines sous la direction du Commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom) et auquel ont participé les forces de l'OTAN et de plusieurs autres pays occidentaux et africains. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov est attendu à Alger durant cette période, annonce faite après qu'il ait rencontré Ramatane Lamamra en marge de la dernière Assemblée générale de l'ONU. Le président russe, Vladimir Poutine, par ailleurs, réitère son invitation au Président Abdelmadjid Tebboune, à effectuer «prochainement» une visite officielle à Moscou.

En attendant, dans un Tweet posté le 1er octobre, le représentant spécial américain pour le Commerce, Dilawar Syed, a fait part- de sa visite «prochaine» en Algérie (qui), a-t-il dit, «sera l'occasion de rencontrer des hommes d'affaires algériens, des entrepreneurs dans le domaine du digital mais aussi des responsables et des membres du Gouvernement, en vu de discuter sur le renforcement de la coopération économique bilatérale».