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44 Palestiniens tués: Trêve à Ghaza

par Ghania Oukazi

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir hier à la demande de l'Autorité palestinienne pour examiner la situation dans les territoires occupés au lendemain d'un cessez-le feu obtenu après trois jours de guerre infernale menée par l'armée israélienne contre les populations de Ghaza et d'autres villes palestiniennes occupées.

C'est une délégation des services égyptiens du renseignement qui s'était déplacée dimanche en Palestine occupée pour négocier une trêve entre l'entité sioniste et le mouvement du Djihad islamique dont les responsables ont dirigé la résistance palestinienne durant cette autre guerre contre Ghaza. L'Egypte avait annoncé l'entrée en vigueur de la trêve en question le même jour à 23h au lieu de 20h comme c'était prévu. Le secrétaire général du Mouvement du Djihad islamique, Ziad Nakhaleh a souligné dans une conférence de presse qu'il a animée dimanche à partir de la capitale iranienne, Téhéran, que pour cette fois, le cessez-le-feu a été obtenu après avoir mis au cœur des négociations avec l'entité sioniste, la protection des prisonniers palestiniens. Le Mouvement du Djihad islamique a obtenu dans ce contexte, « avec une garantie égyptienne », la libération de Khalil Awawdeh, qui était en grève de la faim depuis plus de 150 jours. Le prisonnier devrait être conduit aujourd'hui vers un hôpital pour bénéficier de soins intensifs au regard de la grave détérioration de son état de santé. Le Djihad a aussi négocié et obtenu la libération Sheikh Bassam al-Saadi, un de ses dirigeants. C'est donc dimanche soir que le cessez-le-feu est entré en vigueur dans les territoires occupés après trois jours de massacres des Palestiniens dans une guerre menée par une force nucléaire avec un arsenal militaire de dernière génération contre des roquettes lancées par le Djihad islamique mais dont la majorité a été interceptée par l'antimissile israélien.

Plus de 1.500 habitations détruites

Trois jours de guerre, 52 heures de frappes aériennes intensives contre des sites du Djihad islamique où deux de ses éminents dirigeants ont perdu la vie, Tayseer al-Jabari et Khaled Mansour. Et aussi sur des quartiers populaires où sont tombés en martyrs 44 Palestiniens dont 15 enfants et 4 femmes et 360 autres ont été blessés. Située à la frontière avec l'Egypte, Rafah à elle seule a subi 8 heures de raids israéliens et a eu 7 martyrs. L'entité sioniste a en même temps ciblé plus de 1.500 habitations de familles palestiniennes pour les réduire en ruines. Bien que le cessez-le feu avait été conclu, l'armée israélienne avait continué à martyriser les populations palestiniennes dans la soirée du dimanche au lundi et ce jusqu'à l'aube. C'est à ce moment qu'elle a ramené 4 engins dans le village de Romana pour détruire des habitations occupées par les familles de deux prisonniers palestiniens. El Qods occupée continuait aussi de vivre les horribles provocations des colons dont des milliers ont investi l'esplanade des mosquées et pénétré la Mosquée d'El Aqsa. Dès les premières heures de l'aube, les Palestiniens ont commencé à enterrer leurs morts qu'ils ont sortis de sous les décombres des milliers d'habitations et d'infrastructures détruites. «A chaque guerre, on défend les capitales arabes avec les sacrifices de notre peuple et les corps déchiquetés de nos enfants par l'armée sioniste», disait hier un représentant de Feth.

«Quand on met dos à dos l'agresseur et l'agressé?»

Tel-Aviv se dit avoir atteint ses objectifs «en décapitant» le Mouvement du Djihad islamiste. «C'est une trêve en attendant d'autres étapes», soutiennent des responsables israéliens. Fortement épaulée par les Etats-Unis, l'entité sioniste plaide «la légitime défense » pour chaque massacre de Palestiniens commis. «Le peuple palestinien a réalisé une grande victoire face à l'agression, en particulier les Brigades Al-Qods, le Mouvement du Djihad islamique s'est lancé pour défendre l'unité du peuple palestinien(?), 58 colonies étaient en même temps sous le feu de nos missiles», a déclaré pour sa part Ziad Nakhaleh. «C'est la énième trêve qui suit la énième attaque contre le peuple palestinien, le scénario se répète à chaque fois qu'il y a des élections israéliennes en vue», a déclaré hier Hala Abou Hassira, ambassadrice et cheffe de la mission Palestine en France, à franceinfo. Hala Abou Hassira a souligné que «chaque Premier ministre israélien utilise le sang palestinien, fait couler le sang palestinien et rivalise avec les autres candidats politiques en Israël pour tuer le plus de Palestiniens et faire couler le plus de sang palestinien (?)». A une question sur «les craintes» qu'Israël met en avant pour attaquer Ghaza, la diplomate palestinienne répond«c'est à chaque fois le même scénario, on craint quelque chose et on finit par lancer une attaque meurtrière et par tuer des enfants (?) et la terreur vécue par les 2 millions d'habitants. Comment peut-on justifier une telle réaction ?(?)». Il ne faut pas oublier, dit-elle, « que le peuple palestinien est sous occupation militaire qui dure depuis plus de 55 ans. Il y a un système d'apartheid imposé sur l'ensemble du peuple palestinien occupé. C'est le peuple palestinien sans abri, sans protection, qui a le droit de se défendre et c'est la protection du peuple qui doit être assurée contre l'État agresseur et l'État occupant. Les réactions internationales y compris celles de la France, des États-Unis, de la Grande-Bretagne sont inacceptables. Quand on met dos à dos l'agresseur et l'agressé c'est inacceptable. Quand on n'invoque pas la responsabilité première de l'État d'Israël dans cette attaque c'est inacceptable. Il ne faut pas juger les choses à géométrie variable ».