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Guerre en Ukraine: L'Algérie épargnée par la crise du blé ?

par Abdelkrim Zerzouri

L'impact économique de la guerre en Ukraine se fait ressentir, à différents degrés, un peu partout dans le monde. Au-delà de la hausse des prix du pétrole et du gaz, ainsi que les effets financiers sur les places boursières en Europe, la pression sur le blé n'est pas des moindres préoccupations de plusieurs pays.

La Russie et l'Ukraine étant de grands fournisseurs de blé, les effets d'une crise du blé se font, ainsi, sentir à travers les pays clients des deux pays en guerre. Qu'en est-il de l'Algérie, en tant que pays importateur de blé ? Une guerre reste affreuse en tout lieu et en tout temps, mais celle-ci, en sus du désastre humain, aura de graves conséquences sur le plan économique, notamment à cause de sa coïncidence avec une situation compliquée par les effets de la crise sanitaire.

L'Algérie, même si le pays a adopté une politique de diversification des partenaires commerciaux sur ce registre, reste dans ce contexte exposée quand même aux développements de la situation sur le marché mondial du blé.

Ainsi, malgré la menace de la sécheresse, qui fait planer un recul de la production nationale, et la guerre en Ukraine qui exerce une pression énorme sur le marché mondial, les experts et les acteurs du secteur agricole sont rassurés que « l'Algérie est à l'abri de la crise qui touche ce produit stratégique au cours de l'année en cours ». Révélant dans ce sens que l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a anticipé la crise en lançant des appels d'offres pour l'approvisionnement du marché national en blé il y a trois mois, et en parallèle on exige un plan strict et une stratégie précise pour doubler la production dans les saisons à venir, d'autant plus qu'il est difficile aujourd'hui d'anticiper l'avenir des bourses mondiales, sachant que la principale source d'approvisionnement des stocks algériens est la France et le Canada, et non la Russie et l'Ukraine.

Il y a bien eu de récentes intentions d'importer du blé de Russie, mais cela demeure au stade de programme qui n'a pas encore vu le jour, ont indiqué des experts agricoles.

Ces derniers ont, ainsi, exclu toute crise dans l'approvisionnement en blé du marché algérien cette année, soulignant que les fournisseurs les plus importants de l'étranger sur le marché national aujourd'hui sont la France en premier lieu et le Canada en second lieu.

Les mêmes experts soutiennent aussi que l'OAIC a lancé ses appels d'offres pour l'importation de céréales pour approvisionner le stock de 2022 il y a près de trois mois, et donc toutes les commandes ont été complétées, ce qui éloigne les Algériens de toute crise d'approvisionnement du marché national en blé au cours de l'année en cours. Mais, le stress hydrique dans les wilayas réputées productrices de céréales peut provoquer une détérioration lors de la saison prochaine, notamment dans le cas de l'inscription dans la durée de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui va continuer de faire monter les prix sur le marché mondial et augmenter la pression sur la demande sur ce produit stratégique.

La conjugaison de ces circonstances pourrait affecter le stock de l'Algérie en 2023, d'autant plus que les prix sur le marché mondial ont connu une hausse folle au cours des dernières heures, et l'Algérie pourrait payer le double l'année prochaine sans pouvoir gagner beaucoup cette saison, compte tenu des données récentes sur les bourses mondiales.

Pour les experts, le stock en blé de cette année est suffisant, et l'Algérie n'a pas de souci à se faire à propos de sa sécurité alimentaire pour 2022, grâce aux importations et à la production nationale, malgré toutes les données que le marché mondial pourrait connaître.

Les céréaliers soutiennent pour leur part que la sécheresse aujourd'hui menace la saison agricole, qui peut enregistrer dans ce contexte une forte baisse des rendements, pouvant atteindre la moitié cette année. L'espoir est encore permis sur le plan de la pluviométrie au niveau d'un certain nombre de wilayas, comme Constantine, Skikda, Mila, Bouira et Tiaret, pouvant sauver la saison agricole à des taux de 40 à 50%, est-il indiqué.

Alors que la saison agricole est hypothéquée au niveau des plaines, comme Saïda, El Bayadh, M'Sila, Djelfa et Laghouat.

La situation actuelle nécessite de la pluie en mars, sinon la sécheresse sera officiellement déclarée, ce qui menace les cultures de blé et d'orge, ajoutent les concernés qui précisent que « l'encouragement de la production de blé nécessite une diversification des sources d'irrigation.

Ainsi que d'autres mesures pour encourager les investissements dans le sud et les plateaux, pour atteindre la sécurité alimentaire ». En somme, assurer l'autosuffisance sur le plan de la production céréalière est un objectif stratégique qu'il faut réaliser dans le très court terme.