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L'enjeu céréalier

par Abdelkrim Zerzouri

L'Algérie est-elle en voie de quitter le top 5 des importateurs mondiaux de blé ? Si tout va comme on le souhaite, le pays pourrait réduire ses importations céréalières de 25%. On table dans ce contexte sur une production nationale de céréales, pour la saison 2021/2022, entre 2,7 et 3 millions de tonnes, alors que la consommation devait tourner, en 2020/2021, entre 10,7 et 11 millions de tonnes. Ainsi, pour augmenter la production nationale des céréales, le ministère de l'Agriculture mise en particulier sur l'augmentation de la superficie agricole dédiée aux céréales qui est actuellement de l'ordre de 3,3 millions d'hectares, l'amélioration des rendements agricoles à 60/70 quintaux par hectare, la généralisation de l'irrigation notamment dans les zones ouest et centre du pays. Et, on ne sait pas à quel niveau se situerait l'apport de «l'agriculture saharienne», un avenir sûr en matière de sécurité alimentaire pour le pays, qui pourrait, effectivement, «beaucoup apporter à la filière au vue de ses atouts et son rendement fort qui peut atteindre 100 quintaux par hectare», comme l'a souligné le ministre de l'Agriculture. Et sur quoi mise-t-on encore ? Sur l'augmentation du rythme de développement de la filière des céréales, à travers plus de sueur et plus d'investissement, notamment à la suite de la majoration conséquente du prix d'achat du blé tendre et blé dur aux agriculteurs (blé dur de 4.500 DA à 6.000 DA, le prix du blé tendre de 3.500 DA à 5.000 DA, le prix de l'orge de 2.500 DA à 3.400 DA, et le prix de l'avoine de 1.800 DA à 3.400 DA). Des prix d'achat qui devraient inciter les agriculteurs à produire plus, et permettre de réduire la lourde facture des importations des céréales, qui a atteint 2,7 milliards de dollars, en 2019. Il s'agit de prévisions qui peuvent être faussées par plusieurs facteurs, dont les aléas du climat, mais le pas est fait en direction du renforcement des capacités du pays sur le plan de la production des céréales. Une filière très importante qui pèse en matière de sécurité alimentaire, quand on sait que la consommation de blé en Algérie augmente au même rythme d'une population qui adopte un régime alimentaire où le pain est essentiel. L'enjeu de produire plus de céréales et en importer moins reste, donc, indiscutablement de taille pour l'Algérie. Mais, selon les prévisions de spécialistes étrangers, qui ignorent certainement les encouragements à l'investissement et l'élargissement de la superficie dédiée aux céréales, les importations algériennes de céréales resteront capitales pour subvenir aux besoins de l'ensemble de la population algérienne. D'après le département américain de l'Agriculture (USDA), l'Algérie n'est en mesure de satisfaire qu'entre 34% et 36% de ses besoins en blé. Et si les Américains, eux-mêmes intéressés par l'investissement dans le domaine de l'Agriculture en Algérie (une délégation US a récemment effectué, dans ce sens, une tournée dans le pays), participaient au développement de la filière ?