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Equipe nationale: Une faillite collective

par Adjal Lahouari

Nous l'avions souligné à maintes reprises. Dans le football et toutes les disciplines, les meilleures séries prennent fin tôt ou tard. C'est la glorieuse incertitude du sport et personne ne pourra jamais éviter cette fatalité. Contre toute attente et contre toute logique, l'équipe nationale a vu stoppé net son extraordinaire parcours. Si cela était arrivé face à une grosse cylindrée, on aurait admis cette défaite. Le fait que ce revers ait été infligé par un adversaire de niveau moindre face au champion d'Afrique interpelle tout le monde. On pensait, naïvement peut-être, qu'échaudé par le ratage face à la Sierra Leone, Belmadi allait lancer une équipe conquérante avec des profils créateurs et offensifs.

Lorsque la composition a été révélée, tous les observateurs ont été fort surpris. En défense centrale, Mandi a été préféré à d'autres alors qu'il manque clairement de compétition et de confiance. A droite, Atal a multiplié les bourdes et l'on a même vu balancer le ballon en ligne de but sur une rentrée en touche. Certes, il a mis à son actif quelques raids mais les déchets l'ont emporté. Quant à Bendebka, lui-même a dû être surpris par sa titularisation aux côtés de l'irréprochable Bennacer qui s'est battu comme un lion. Pour sa part, Bensebaini n'a pas apporté le plus en attaque, récoltant un carton jaune très tôt. Par ailleurs, on se demande quelle mission a été confiée à Feghouli qui s'est confiné lui-même dans un rôle défensif. Il reste Bounedjah, décidément incorrigible et maladroit. Même les cracks techniquement parlant comme Mahrez et Belaili n'ont pas été à la hauteur. Donc, cette équipe en mal d'inspiration ne pouvait que laisser des plumes face à un adversaire réellement inférieur mais plus lucide et plus retors. En comment admettre les hors-jeu dans lesquels sont tombés nos représentants qui ont vu leurs deux buts annulés ? Quant aux relances, surtout en première mi-temps, elles se sont résumées par de longues balles à l'adversaire, avec Benlamri pour « compenser » les passes latérales de Mandi.

Oui, Belmadi fulminait dans la touche, mais c'est à lui que revenait le devoir de corriger les mauvais choix. En seconde période, les Verts ont acculé leurs adversaires et le seul « avantage », tout à fait platonique, soit dit en passant, aura été les 70% de possession du ballon. Après l'heure de jeu, Belmadi a commencé à abattre ses dernières cartes en faisant appel à Slimani, Boulaya et Brahimi, lesquels n'ont pas fait mieux que leurs coéquipiers Bounedjah, Feghouli et Bendebka. Nous signalerons humblement notre incompréhension à propos de cette piteuse prestation de nos représentants.

Circonstances atténuantes

L'explication la plus plausible est qu'ils n'ont pas joué sur leur valeur, faisant preuve d'engagement mais sans lucidité sur un terrain indigne d'une compétition de cette envergure qui pénalise les équipes techniques comme celle d'Algérie. « Si nous jouerons 100 fois cette même équipe de Guinée équatoriale sur une belle pelouse, elle ne nous résistera pas », nous a lancé un collègue. On doit dire aussi que les poulains de Belmadi ont égaré tout simplement les automatismes et le jeu collectif qui ont fait leur renommée depuis trois années de rêves. Il ne faudrait pas oublier l'arbitrage tatillon et irritant du référé Escobar qui, par ses décisions inopportunes, a contribué à la déstabilisation des Verts dès l'entame.

Que le sélectionneur assume cet échec après la contre-performance de mardi dernier est tout à son honneur. Mais il n'empêche que, pour la seconde fois d'affilée, il s'est trompé dans la distribution des postes et dans un système de jeu au départ trop frileux. Dans notre for intérieur, on espérait la « surprise du chef », en l'occurrence le lancement dans le grand bain du jeune Sétifien Amoura. Rien de tout cela, Belmadi étant trop conservateur. Pour le troisième match, seule la victoire pourrait maintenir en vie des Verts qui, cette fois, sont bel et bien au pied du mur. Le hic, c'est que les Ivoiriens ne vont pas se laisser manœuvrer, et vont tout faire pour tirer profit des doutes ayant envahi les champions d'Afrique. En conséquence, le staff technique doit tout remettre sur la table, analyser sereinement ce qui n'a pas fonctionné et prendre les décisions fortes, car l'équipe nationale est au-dessus de tout le monde.