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Députés, mécaniciens et plombiers

par Abdou BENABBOU

On ne sait pas encore de quoi et par quoi sera faite la prochaine Assemblée nationale. A prêter attention à la teinture que lui projettent les différents commentaires aussi opposés les uns avec les autres, on est en droit de conclure que la future représentation institutionnelle ne bénéficiera que du ravalement de ses murs. Se pourrait-il qu'il en soit autrement si l'on doit respecter l'ensemble de la configuration humaine de la population algérienne, actrice vivace du bon, du moins bon et du mauvais ?

Avant de se pencher sur la consistance politique de cet événement, le respect pour chaque candidat doit être de mise et l'obligation de garder la tête froide pour ne pas oublier que dans un jeune Etat qui se construit avec moult difficultés le volontarisme n'a pas la même définition pour tous pour que finalement la classe politique soit le parfait reflet de la société. Au bout on trouvera toujours des gros bouts de déchets que les prétentions, les illusions et l'esprit des autosuffisances ont plantés.

Un demi-siècle ou un peu plus de souveraineté, souvent contrariée par les différents égoïsmes, ne suffit pas à totalement ancrer un peuple dans le concert des nations et lui donner la hardiesse d'une population capable de transcender les larges excroissances que les méfaits de l'Histoire lui ont imposées. Une certaine médisance est souvent renouvelée dans les tribunes et dans les rues pour lever le couvercle sur des peuples qui semblent avoir créé des miracles pour leurs développements, mais quand tous les comptes sont faits on s'aperçoit que leur Eden projeté n'est qu'un paradis surfait. La majorité des Vietnamiens ou Singapouriens ne baignent pas dans l'allégresse qu'on leur prêtait et eux aussi sont toujours familiers des terribles suées auxquelles les Algériens sont soumis.

Un député algérien ne peut être qu'à l'image de nos mécaniciens et nos plombiers. La masse des bricoleurs l'emporte sur la frange réduite des savants. Malgré une petite marge d'une d'élite qui sort du lot, la carrure de ceux qui cultivent et s'en tiennent à la pratique des à peu-près se confond avec celle du pays. Le degré de leurs compétences ne peut être qu'à la hauteur de celui de l'ensemble de la société. Leurs capacités à résoudre des problèmes ont une consistance identique.