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UNE RENCONTRE AVORTEE ET LES URGENCES DE L'HEURE

par Abdou BENABBOU

Le chef du gouvernement français et la délégation ministérielle qui devait l'accompagner ne sont, donc, pas venus à Alger. Le report de la visite a déployé des spéculations variées sans tenir compte de l'essentiel. En ce moment, le gouvernement français, comme son homologue algérien d'ailleurs, se démène dans une situation qui ne l'autorise de tenter d'avancer qu'à vue d'œil et ses préoccupations sont d'abord de faire face à d'immenses impondérables sanitaires qu'il ne parvient pas à, totalement, juguler, affrontant leurs conséquences économiques que la France n'a pas connues depuis la Deuxième Guerre mondiale. Face aux problèmes urgents de l'heure, il devenait logique que des ministres français et leur chef soient astreints à une consignation inévitable, confinement physique à la couleur politique, pour demeurer au guet des énormes difficultés de la population française. D'autant que ces responsables sont aujourd'hui tenus plus qu'hier, de garder un œil alerte sur les très prochaines élections présidentielles, dont l'issue devient incertaine. De même que les autorités algériennes n'auraient aucun intérêt à prendre des engagements qui s'avéreraient caducs, si le pouvoir français changerait.

Qu'il y ait eu des dissensions verbales ou des manifestations d'humeurs saupoudrant une rencontre avortée, cela relève d'un manque de franchise dû à des intérêts tus divergents. Mais le sentimentalisme n'a jamais été un socle pour des échanges entre les Etats.

Une rencontre bilatérale forcée d'être restreinte entre les gouvernements des deux rives de la Méditerranée, ne pouvait seulement, que se contenter de réaffirmer une volonté symbolique de coopération, en survolant de très sérieux dossiers. Ce n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans celui de la France.

En fait, dans l'urgence du moment, le débat conséquent était ailleurs. Il était au centre de la rencontre entre les deux chefs d'états-majors des armées des deux pays, vendredi à Alger. En militaires avisés et avertis, les yeux dans les yeux et non tenus de se laisser bercer par les littératures diplomatiques, ils se sont échangés des vérités concrètes à la hauteur des drames et du véritable tsunami qui menace la région du Sahel. Le grand danger qui pèse sur le bassin méditerranéen et sur toute l'Afrique n'est, en aucune façon, en adéquation avec les déclarations à la senteur virtuelle, même les influences politiciennes tapoteraient avec force pour que chacun préserve ses propres intérêts. Il se trouve que l'Algérie et la France ont des intérêts à partager en commun.