L'on dit
qu'en matière d'administration, toutes les réformes sont odieuses. Un adage qui
va comme un gant à la dure réalité algérienne. C'est qu'il n'existe pas un seul
Algérien qui ne dénonce pas cette « pieuvre aux mille tentacules » qu'est
devenue l'administration algérienne, agissant comme un boulet de forçat,
réduisant à néant l'effort laborieusement entrepris pour redonner confiance au
citoyen en ceux chargés de gérer son quotidien. Le discours officiel qui ne
cesse d'appeler à simplifier la vie au citoyen auprès de l'administration
publique, agit toujours comme un cautère sur une jambe de bois. «La
bureaucratie, un danger pour le pays », « l'administration, un cancer métastasé
», «l'administration, un Etat dans l'Etat », autant de sentences prononcées
dans le discours officiel, mais toujours sans aucun effet réel sur le terrain
cahoteux de la réalité. Toujours considérée comme un « nid de cols blancs »,
qui sont là juste pour compliquer la vie au citoyen, toute l'action de l'Etat
se retrouve décrédibilisée à cause d'une administration tatillonne, brouillonne
et surtout archaïque. Dressant un constat sans appel sur les méfaits de la
bureaucratie, le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen
(CAPC), Sami Agli, poussait, comme un cri de
détresse, fin janvier dernier, qualifiant l'administration et son corollaire,
la bureaucratie, comme «une autre forme de terrorisme qu'il faut absolument
pénaliser puisque c'est un vrai danger pour le pays», avait-il lâché.«On est en détresse économique alors que les
décisions ne sont pas appliquées. Ce n'est pas normal, il y a des directions
qui n'accusent même pas réception de dépôt de notre courrier !» avait-t-il
dénoncé. Même les décisions prises au plus haut niveau de l'Etat ne sont
parfois pas appliquées une fois arrivées « en bas de l'échelle »,
décrédibilisant l'action de l'Etat et exacerbant le sentiment de rejet chez le
citoyen, obligé à faire le chemin de croix quand il s'adresse à une
administration pour réclamer un document ou régulariser un dossier. La
modernisation de l'administration publique, constitue, depuis de longues
années, un axe central de la politique des gouvernements successifs. En vain à
ce jour. Jusqu'à aujourd'hui, l'administration publique reste à la traîne du
train des réformes tous azimuts en cours dans le pays, incapable de jouer son
rôle moteur dans la croissance et la prospérité de la nation. Parce qu'il faut
se convaincre que la nouvelle Algérie passe, aussi, par une réelle
réhabilitation du fonctionnaire algérien.