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Le déluge

par Abdou BENABBOU

Les tribunaux sont en passe de transformer les milliards en instruments d'un nouveau jeu de bilboquet et l'inflation qui touche le dinar se vêt d'une curieuse compréhension à laquelle peu de citoyens s'attendaient. Les centaines de milliards des corsaires connus flottant à l'air ont donné aux institutions un visage de proxénète et tout le monde s'en accommodait pour que l'Algérie devienne un bien privé. L'inimaginable mise à nu de la manière avec laquelle des magnats arrivistes dans l'économie algérienne s'activaient à l'ombre des campagnes électorales ne s'arrête pas seulement à une histoire de malveillance envers la loi. Elle ne devrait pas s'arrêter au seul seuil d'une campagne présidentielle avortée.

Toutes les campagnes engagées par le président déchu ont obéi aux mêmes règles jusqu'à déteindre sur les modalités du choix des élus à tous les niveaux. Depuis 1999, il y a bien eu une première, une deuxième, une troisième et une quatrième campagne présidentielle et on imagine la masse d'argent qui a inondé les circuits secrets pour se demander dans quels coffres-forts elle est allée se nicher car l'entendement a de la peine à croire qu'une élection nécessitait une si colossale diarrhée.

Cent milliards par là. Trente et quelques à côté et mille autres ailleurs n'ont été fourgués que pour créer l'effacé de l'entendement. Ironiquement, une juge a été bien inspirée face à un faux gros bras en qualifiant sa générosité financière d'acte de management de grand génie. Il est en effet débile de croire que de curieux mécènes offrent des fortunes à la volée sans rien attendre en retour. Il est aussi saugrenu de croire que les bénéficiaires d'un déluge d'argent soit l'effet providentiel d'un don du ciel désintéressé.

Quand un chef de gouvernement s'investit en trabendiste et se fie sans pudeur et sans conscience au marché parallèle pour monnayer ses réels bijoux et sa conscience, tout est dit.

Il ne pouvait en être autrement dès lors qu'un homme de pouvoir local ou national, à quelque niveau qu'il soit, est agréé sur la base d'une culture et des procédés de piraterie.