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Acquisition du vaccin anti-Covid: L'Algérie prudente

par Houari Barti

Si l'acquisition du vaccin anti-coronavirus est aujourd'hui présentée en Algérie comme une «priorité de santé publique», au plus haut niveau de l'Etat, trois mots d'ordre semblent désormais guider les pouvoirs publics dans leur démarche : la prudence, la transparence et la gradualité dans le temps.

Pour le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Pr Abderrahmane Benbouzid, il s'agira en effet d'une démarche «très prudentielle» avec l'engagement ferme de l'Etat à faire «le meilleur choix» de ce produit pour la population. «L'acquisition du vaccin anti-coronavirus prendra le temps qu'il faudra et ce, au même titre que les autres pays. Il y a des pays qui avancent des dates avant d'en donner d'autres. Nous sommes dans une démarche très prudentielle face à la multitude des vaccins annoncés», a ainsi déclaré le ministre lors de son passage, mercredi soir, sur la chaîne Canal Algérie de la Télévision nationale. Une démarche, a-t-il souligné, qui s'appuiera sur «les compétences nationales» pour décider du vaccin à commander, avant de réitérer l'engagement des pouvoirs publics à «faire le choix du meilleur vaccin pour la population», sur les plans du «coût, de la qualité et du risque».

Ce qui est certain, a insisté l'hôte de l'émission «Santé MAG», «c'est qu'il ne faut pas qu'il y ait un quelconque doute», écartant, toutefois, toute considération de «prix» pouvant empêcher l'achat du produit en question. Il rappellera à ce propos les réunions organisées jusque-là avec les représentations diplomatiques des pays engagés dans la course à la production du vaccin anti-coronavirus. Le Pr Benbouzid a noté par ailleurs qu' «à ce jour, il n'existe pas de vaccination de masse, hormis dans certains pays ayant expérimenté la phase 3 en recourant à des volontaires», précisant «attendre» le mois prochain, durant lequel est annoncée, par certains pays, la mise sur le marché d'un vaccin destiné à mettre fin à cette pandémie mondiale.

Pour sa part, le ministre délégué à la Réforme hospitalière, Pr Smail Mesbah, a affirmé que la question de la vaccination contre la Covid-19 est «une priorité de santé publique au plus haut niveau de l'Etat, ce qui signifie que tous les moyens seront mobilisés pour l'acquérir», conviant la population à «en être convaincue».

Qualifiant le recours à la vaccination contre ce virus d'»arme puissante qui doit être néanmoins sûre et efficace», il a promis que «la transparence» caractérisera cette «opération d'envergure pour laquelle l'adhésion de la population est nécessaire», avant de mettre en garde sur le fait que cette vaccination sera une mesure «supplémentaire» dans la lutte contre cette pandémie, dans le sens où les mesures de prévention seront maintenues et soutenues. Le Pr Mesbah a tenu, toutefois, à relever que cette action se fera dans «un contexte spécifique, d'urgence et limité en approvisionnement», expliquant que «nous ne pourrons pas avoir toute la quantité au moment voulu et ce sera le cas pour tous les pays».

Cela signifie, a-t-il poursuivi, que l'opération de vaccination «s'étalera dans le temps et concernera plusieurs catégories de la population, contrairement aux autres campagnes» menées jusque-là par l'Algérie, avant de détailler le Plan national vaccination en cours d'élaboration pour la réussite de cette importante phase.

De son côté, la directrice générale de la Pharmacie au même ministère, le Pr Wahiba Hadjoudj, a tenu à relever «le caractère important» que revêt la question du vaccin chez les responsables du secteur, rappelant le protocole Covax signé en août dernier par l'Algérie dans la perspective de l'acquisition de ce produit, «seul remède» contre la Covid-19.

Covax est, note-t-on, l'un des trois piliers de l'accélérateur d'accès aux outils Covid-19 (ACT), qui a été lancé en avril par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission européenne et la France en réponse à cette pandémie. Rassemblant des gouvernements, des organisations mondiales de santé, des fabricants, des scientifiques, le secteur privé, la société civile et la philanthropie, il vise à fournir un accès innovant et équitable aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins Covid-19. Le pilier Covax est axé sur ce dernier. Il s'agit de la seule solution véritablement mondiale à cette pandémie, car c'est le seul effort visant à garantir que les populations de tous les coins du monde auront accès aux vaccins Covid-19 une fois qu'ils seront disponibles, quelle que soit leur richesse.