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Le président du Syndicat des praticiens de la santé: Les dangers de la pandémie ont été sous-évalués

par R. N.

Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Dr Lyes Merabet, a suggéré l'ouverture de « structures spéciales » dédiées à la prise en charge des personnes atteintes de coronavirus. «Il y a lieu de revoir plus sérieusement et plus rapidement la manière de prendre en charge l'évolution de la pandémie du coronavirus, à travers l'ouverture de structures hospitalières spécialement dédiées à la Covid-19. Actuellement, tous les services affichent complet, y compris en soins intensifs où nous avons du mal à placer les malades», a déclaré le Dr Merabet à la radio nationale chaîne 3. Outre les structures de santé, l'intervenant a plaidé pour «l'exploitation d'autres espaces», en dehors du secteur de la santé, comme le Palais des expositions (Safex-Alger). M. Merabet a fait état d'une «instruction pour dégager d'autres structures en dehors des hôpitaux, comme les polycliniques, afin de les consacrer à la prise en charge du coronavirus.

Cela n'est pas suffisant en raison de la saturation de ces structures et ne fera que compliquer le travail des professionnels de la santé, tout en pénalisant les malades», a-t-il expliqué. Il a également suggéré la mise en place de «lieux de confinement» des personnes contaminées afin de les «isoler» du reste de la population et «casser ainsi la chaîne de transmissions». «Nous pouvons aller rapidement dans ce sens, tant que nous avons les moyens et le temps», a-t-il recommandé, rappelant les expériences positives menées par certains pays étrangers au début de l'apparition de la pandémie mondiale. Le président du SNPSP a aussi déploré «l'absence du concours des citoyens» dans la lutte contre la propagation du virus, en raison du non-respect des mesures barrières sans cesse recommandées, appelant ces derniers à «déclarer obligatoirement» leur positivité éventuelle dans leur entourage.

Menace sous-évaluée

Le Dr Lyes Merabet estime que les dangers de la pandémie ont été sous-évalués, qu'on a été « trop optimistes », ce qui explique que l'on n'a pas su répondre convenablement aux dangers qu'elle représente pour les Algériens. Alors que le nombre de contaminations à travers le pays ne cesse d'augmenter, franchissant la barre des 900 cas lundi, le Dr Mérabet signale, en outre, que 136 membres des personnels soignants sont décédés parmi environ 10.000 à avoir été contaminés depuis l'apparition de cette maladie. «Il y a un mois, nous avions recensé entre 8.000 à 8.500 cas d'infections dans les secteurs public et privé. Aujourd'hui, nous en sommes facilement à quelque 10.000 cas, parmi lesquels 136 décès dont 116 dans le corps des praticiens médicaux», a-t-il détaillé, avant de relever que le corps médical fait face, depuis 3 semaines, à «une pression continuelle et terrible».

Il a plaidé pour le dépistage de l'ensemble du corps médical de sorte à «identifier le personnel atteint, d'une part, et à empêcher d'autres contaminations par ce dernier, aussi bien en milieu professionnel que familial, d'autre part, notant que les soignants constituent «un facteur de propagation» du virus.

Commentant la situation dans le pays, il signale qu'après un calme relatif, celle-ci «est en train de s'aggraver, chaque jour», avec un flux de malades « de plus en plus important » vers les établissements hospitaliers, y engendrant, dit-il, « une pression terrible, au détriment de la prise en charge d'autres pathologies ».

Tout en recommandant, en outre, un «dépistage ciblé» du reste de la population, le président du SNPSP a défendu l'implication de la Sécurité sociale dans la prise en charge des tests de dépistage de la Covid-19, avant de remettre en cause, par ailleurs, l'éthique et la pratique médicale de «certains laboratoires privés».