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Ligues 1 et 2: Les clubs dans l'expectative

par M. Zeggai

  Les clubs algériens, toutes divisions confondues, sont dans l'expectative. Compte tenu de la conjoncture actuelle, personne n'est en mesure de tracer un programme de préparation en prévision de la saison prochaine tant que la situation est totalement floue. Ceci sans évoquer le projet sportif qui reste la condition principale du développement du sport-roi. Sur quelles bases les clubs vont-ils tracer leurs objectifs ? Comment vont-ils gérer le recrutement ? Comment vont-ils élaborer la feuille de route de la préparation ? Avec quels effectifs vont-ils aborder la nouvelle saison, surtout si le nouveau système de compétition venait à être appliqué? Ce sont là les questions de l'heure sans pour autant oublier la gestion des équipes des catégories jeunes.

Aussi, avec quels budgets prévisionnels les clubs vont-ils se baser pour gérer une saison qui s'annonce d'ores et déjà difficile ? C'est là où se situe la grande problématique en raison de la crise économique et sanitaire du pays, la chute du pétrole et les conséquences du coronavirus. C'est certain que les clubs ne pourront pas bénéficier des mannes financières comme cela fut le cas par le passé où l'ancien système a opté pour l'accompagnement des clubs pour préserver la paix sociale. Encore plus, Sid Ali Khaldi, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, a été très clair dans ses différentes interventions. «On va travailler afin de séparer l'argent sale du sport », a-t-il dit lors de sa prise de fonction en se montrant intransigeant par la suite sur le respect de la réglementation et ses décisions dans les affaires de corruption. Nous assistons aujourd'hui à un véritable cafouillage et une confusion qui mettent en péril l'avenir de l'élite footballistique algérienne. Financièrement, c'est l'asphyxie en raison des salaires astronomiques des joueurs avec des dessous-de-table pour les dirigeants et d'intermédiaires fantômes sans pour autant oublier certains journalistes. L'excès dans les dépenses sans aucun contrôle qui est à l'origine de cette situation de faillite de nos clubs. Aussi, si les SSPA sont régulièrement confrontées à des crises financières c'est en raison de l'absence d'une vraie politique managériale. Mais les dirigeants ont-ils les bagages pour ce genre d'actions ? A propos du recrutement, même si rien n'a été décidé sur le sort du championnat, certaines équipes ont déjà entamé la quête de l'oiseau rare dans un mecrato bien particulier. L'USMA, par le biais de son directeur sportif, Antar Yahia, a déjà commencé son marché avec l'engagement de l'attaquant Oussama Abdeldjalil en attendant d'autres joueurs franco-algériens. D'autres ont préféré la piste des jeunes.

Le Chabab a recruté Benmenni (CABBA), Mrezigue (MCA), Kerrache (OM), un jeune international U20. Pour sa part, la JSK a également pioché chez les jeunes. On annonce la signature des contrats pour les Larabi, Cherifi, Dilmi et Ait Ouadjene (ES Ben Aknoun), Bentaleb (IR Mécheria), Fillali (MCA) et Outroune (NR Zéralda). Le MCA a également procédé à la promotion de ses jeunes. Les autres formations ont préféré temporiser pour être fixés sur l'avenir du championnat avant d'entamer le recrutement.

Voilà où en est la situation du football algérien. Dans ce cas, comment voulez-vous exiger à nos clubs de s'imposer à l'échelle internationale ? C'est là où se situe la différence entre le projet sportif, initié ailleurs, et le bricolage devenu « contagieux » chez nos clubs. Les autorités du pays et la tutelle, à travers le MJS, doivent impérativement réagir face à cette mascarade qui n'a que trop duré.

Pour espérer un changement pour une Algérie nouvelle, il est indéniable de mettre fin aux anciens réflexes et d'ancrer de nouvelles mentalités et des dirigeants compétents. Notre football a besoin de vrais militants et non pas d'affairistes. « Les vrais riches sont ceux qui possèdent ce que l'argent n'achète pas », dit un proverbe. Ce qui signifie clairement que la crédibilité, l'honnêteté et la compétence, dont a besoin le football national, ne s'achètent pas. Aujourd'hui, le sport-roi algérien a besoin de toutes ces valeurs pour sortir de l'engrenage dans lequel il s'est engouffré. Une situation qui a fini par engendrer un climat de haine entre les supporters des différents clubs. Ce qui est très grave pour un sport basé sur le rapprochement et le fair-play.