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Arbitrage - VAR: Un système loin de faire l'unanimité

par Adjal Lahouari

En Angleterre, pays du football par excellence où la Premier League est la compétition la plus suivie à travers le monde, le VAR continue de susciter quelques polémiques. Et pourtant, tous les passionnés du sport-roi sont unanimes pour dire que les arbitres anglais sont bons, voire très bons. Les critiques sont assez rares après une juste utilisation de cet outil informatique censé éliminer les erreurs d'arbitrage. Certes, comme partout ailleurs, plusieurs fautes d'appréciation des arbitres ont été corrigées par le VAR, mais il reste encore des imperfections. On citera bien évidemment le coach de Tottenham José Mourinho, qui a critiqué le VAR avec son langage imagé habituel : « Celui qui porte le drapeau est l'assistant de l'assistant. Le véritable arbitre se trouve dans son bureau. C'est là que tout se décide ! » Même en tenant compter de la sévérité de ce polémiste archiconnu, on doit bien reconnaître le bien-fondé de sa déclaration. A notre avis, s'il exerçait en Espagne par les temps qui courent, Mourinho s'arracherait les cheveux car les referees anglais sont, de loin, meilleurs que ceux de la péninsule ibérique. D'une façon générale, et à l'exception d'un seul, les arbitres espagnols sont médiocres. Par leur façon de diriger un match avec un excès d'autorité qui surprend la plupart des observateurs, d'où les récriminations récurrentes des joueurs. Ensuite, par leur manière d'appliquer ou non les « appels » de leurs confrères en cabine du VAR. A l'inverse de leurs collègues anglais, ils n'utilisent que rarement le « révélateur » dans les cas du hors-jeu par exemple. Ces dernières journées, les rencontres de la Liga d'après Covid-19 ont été marquées par les mauvaises interprétations du VAR et de nombreux observateurs ont relevé de curieuses « absences » de certains arbitres. L'un d'eux a même accordé un penalty, tout à fait imaginaire à un attaquant qui s'est fait un croche-pied lui-même dans la surface, trompant ainsi le referee portant le badge FIFA. Or, au vu de cet attribut, l'arbitre n'aurait pas dû lui accorder le penalty, mais plutôt lui infliger un carton jaune pour simulation. La plupart d'entre eux sifflent souvent à contresens, ignorant les méfaits des joueurs rusés qui sont légion en Liga. Et lorsqu'un joueur adverse ose venir réclamer, il est tout de suite averti. Seuls quelques joueurs ont compris qu'on ne discute pas les décisions de ce genre d'arbitres, plus sensibles à une remarque qu'à une violence délibérée sur un adversaire. La polémique s'est enflée ces dernières semaines entre les médias catalans et madrilènes. Les premiers ont estimé que le Real a largement tiré profit du VAR, tandis que les seconds affirment que le titre de la Liga n'est nullement usurpé. Les deux positions sont évidemment inconciliables, chaque partie voyant midi à sa porte. En Angleterre, en Allemagne et en Italie, il n'y eut que très peu de polémiques. A ce propos, après avoir pris récemment sa retraite, un arbitre dont on ne citera pas le nom, ni la nationalité, a avoué sa préférence pour un club et a même précisé que 9 sur 10 de ses collègues sont dans le même cas ! Le plus intrigant, c'est qu'aucune institution sportive ou d'éthique n'a réagi à ces propos très graves sorties de la bouche d'un « juge » du football. On aurait pu s'attendre à une levée de boucliers et demandé, sinon des sanctions évidemment tardives et inopérantes, du moins une admonestation qui servirait d'avertissement à ceux qui oseraient tenir le même discours.

Qu'est-ce qu'un arbitre ?

Or, qu'est-ce qu'un arbitre ? Un simple guide répond à cette question : « L'arbitre est un sportif élargi de diriger un match, de veiller à ce qu'il se joue dans l'esprit et selon la lettre des lois du jeu et d'assurer aussi autant qu'il dépend de lui, la protection des joueurs. Son souci majeur est de permettre aux joueurs de se donner totalement et sans appréhension à leur jeu dont ils attendent bienfaits et satisfactions. L'arbitre doit être le sportif capable de suivre le jeu d'un bout à l'autre de la partie et toujours se trouver à moins de 20 mètres du ballon qu'il conserve toujours sous les yeux. Il doit en une fraction de seconde voir la faute la juger intentionnelle ou non et ne la sanctionner, c'est le principe de l'avantage, que si elle donne un avantage à l'équipe du joueur fautif. L'arbitre ne doit chercher de récompense que dans l'effort, à la fois physique, intellectuel et moral, car s'il a des pouvoirs, il n'a aucun droit sauf celui de bien arbitrer c'est-à-dire de diriger le match dans l'esprit du jeu et le respect des Lois ». Apparemment, ces principes ne sont pas les mêmes partout. Alors, comment s'étonner de ce grand débat du VAR ? Il est évident que ce sont les victimes de ce système qui ont élevé le ton, alors que les « bénéficiaires » font semblant de s'étonner.

Les penaltys posent problème

L'entraîneur de l'Atlético Diego Simeone, pour « justifier » les penaltys a dit : « Seules les équipes qui attaquent à outrance obtiennent des penaltys ». Venant de la part du coach de la plus défensive équipe du monde, cette déclaration a de quoi surprendre ! En vérité, Simeone ne recule devant aucun artifice pour remporter un match. Pour lui, peu importe la manière, et on le soupçonne de donner quelques « conseils » à ses joueurs. Le champion d'Europe Liverpool, l'a appris à ses dépens au mois de mars, lors du retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions d'Europe. Est-ce faire preuve de naïveté en dénonçant de tels propos ? Peut-être, car le football est devenu le sport le plus populaire dans le monde, où tous les travers de la société s'expriment comme cela se vérifie chaque saison à travers le monde. Il est vrai que le football actuel véhicule des enjeux financiers faramineux où les grands clubs tiennent à perpétuer leur situation dominante. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir comment l'UEFA ménage les grosses cylindrées, celles-ci menaçant de se constituer en « groupe fermé ». Car ce serait pour l'UEFA la mort de la poule aux œufs d'or. Or, le VAR était censé calmer les ardeurs des équipes victimes.

Il faudrait sans aucun doute attendre des années pour améliorer ce système si mal appliqué. La solution viendra peut-être des futurs logiciels de l'intelligence artificielle. Au vu de la pleine réussite du système lié à la ligne de but, l'espoir d'une solution existe bel et bien. Mais, en attendant, bonjour les débats et les polémiques !