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DEUX POIDS, DEUX MESURES

par Abdou BENABBOU

Malgré les lourdes vicissitudes qu'elle a imposées à la société algérienne, la pandémie du coronavirus a cependant le mérite de dévoiler des états d'esprit et des non-concordances dans l'articulation de la marche du pays. Elle a mis à nu des contradictions qui ne se sont pas limitées à souligner les tares et les insuffisances du monde de la santé et elle est allée aussi scruter les compréhensions figées sur différents secteurs et acteurs censés participer ensemble et en commun à l'essor et au développement du pays. L'un des plus essentiels est relatif à l'institution écolière.

A l'image de l'articulation actuelle de la santé, l'importance que prend le petit monde de la scolarité privée ne peut échapper à une clarification nécessaire et mieux ordonnée pour que le pays sache vers où il s'oriente.

Le sérieux bras de fer entre l'ensemble des parents d'élèves et les gérants des écoles privées à propos de l'obligation faite de payer des cours et des présences qui n'ont pas eu lieu à cause de la contrainte du confinement ne s'arrête pas seulement aux détails secondaires des conventions et des contrats. Il interpelle un engagement d'ordre politique du ressort de l'Etat pour qu'il tranche définitivement sur le sort dévolu au secteur privé dans son ensemble. S'agissant de l'éducation et de la formation des futures générations, le sujet est vital et il est navrant de constater que des institutions telles que les écoles privées soient presque perçues comme des locataires informels. Parents d'élèves, enseignants, Etat et propriétaires se partagent les torts pour avoir laissé les cours particuliers s'ériger en véritables étals d'épiceries.

Le flou politique qui trace une frontière entre les écoles du privé et du public en ne les logeant pas à la même enseigne face aux contrecoups d'une épidémie ne participe pas à l'impératif d'une concorde sociale et garantit la persistance d'un état d'esprit qui a fait son temps.

Il est compréhensible que les pouvoirs publics n'aient ni les moyens ni le loisir en ce moment de crise économique de défricher une situation embarrassante dans ce domaine particulier. D'autres secteurs aussi névralgiques attendent aux aguets pour réclamer des générosités circonstancielles de la part de l'Etat.

L'embarras actuel et les bras liés du moment, résultats d'une multitude d'improvisations déraisonnées passées, doivent permettre aux yeux de s'ouvrir pour qu'une voie soit mieux tracée par un déterminisme politique et social porteur et positivement conséquent.