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BRAS D'HONNEUR

par Abdou BENABBOU

L'initiative du secrétaire général de l'ONU de réunir un ensemble de chefs d'Etat et de chefs de gouvernement en vidéoconférence pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour apporter un remède collectif à l'économie mondiale qui bat de l'aile est de bon sens. On ignore encore les résultats d'une telle initiative ni les leaders qui s'y sont prêtés. Mais on sait en revanche qu'une telle sollicitation onusienne a toutes les chances de se confondre avec un coup d'épée dans l'eau au vu de l'état d'esprit présent et courant de la majorité des Etats et il est douteux qu'une pandémie même de la taille du coronavirus puisse infléchir l'individualisme rituel de chacun.

L'unanimité n'ayant jamais été de circonstance en temps normal, on voit mal comment une entente collective pourrait s'établir aujourd'hui quand chacun tient à faire cavalier seul face à la conjoncture désastreuse actuelle. La meilleure preuve vient d'être donnée par le président américain en tournant définitivement le dos à l'Organisation mondiale de la santé, un des nerfs essentiels censé justifier la raison d'être de l'ONU. Un tel manifeste bras d'honneur se passe de la moindre explication sinon qu'il a de quoi désarçonner n'importe laquelle des éventuelles actions intentionnées de solidarité.

La majorité des autres Etats ne sont pas en reste. Tous à l'évidence s'échineront à rechercher en aparté la recette pour tirer leurs marrons du feu quitte à noircir davantage une économie mondiale déjà sérieusement assombrie. Supposée bloc compact et solidaire sur papier, l'union des Européens avoue en sourdine sa lente désagrégation faute d'entente sur des détails financiers qui renvoient à de sérieuses discordances politiques incompatibles avec toute idée de compassion et de générosité.

Il devient évident que le monde ne sera pas disposé à sortir du petit bout de sa lorgnette et que les calculs terre à terre de chacun ont déjà débuté pour s'engager dans une lutte politique et économique ne tenant compte que de son propre et réduit intérêt.

Il y aura bien sûr des initiatives d'aide ici et là, mais elles ne seront qu'un bras tendu pour un retour d'investissement à sens unique.