Le moral en
berne, j'ai décidé de ne plus allumer ma boîte à images, ni écouter la boîte à
sons, ni naviguer sur aucune toile? d'araignée vénéneuse. J'ai décidé de ne
plus lire la presse. Sa « météo » capricieuse. Ses coups de gueule factices. Sa
nécrologie en rubrique des « marronniers ». Oui, ils ont encore profané la
statue de la vierge Marie de l'église chrétienne de Santa Cruz à Oran. Pour
rien, juste pour le fun ! A 28 ans à peine, le Dr Wafa
est morte, avec son bébé dans le ventre, en martyre du Covid-19, la médecine était
à ses yeux « la passion d'une vie écourtée». « La force qui est en chacun de
nous est notre plus grand médecin », disait Hippocrate. Six bambins sont encore
morts noyés, laissant leurs géniteurs face à leur conscience « chloroformée ».
Non je ne veux rien savoir. Je veux fermer les yeux. Me boucher les oreilles.
M'anesthésier tous les sens. Encore une fois, je ne veux plus lire les journaux
qui écrivent de bas en haut, ni même ces « boîtes de Pandore » qui veulent nous
boucher toutes les lucarnes ! Je les déteste tous. Je les maudis. Parce que,
sous nos rues «enguenillées», il suffit de fixer, dans les yeux, n'importe quel
Algérien de la rue pour comprendre que quelque chose ne va pas dans un pays où
presque plus personne ne veut plus y vivre. Depuis le soleil de la liberté, le
pays et avec lui un peuple entier, ne font plus que rêvasser, à l'état éveillé,
à une Algérie que l'on dit « nouvelle ». Le pays transformé en un gigantesque
théâtre des paradoxes, ceux qui sont partis avant nous, voudront savoir pourquoi
ceux qu'ils ont laissés derrière eux, se retrouvent, aujourd'hui, à courir à
perdre haleine, après un destin hors de portée, qu'un limaçon gâcherait toute
une vie à tenter de rattraper une gazelle, chevauchant le vent, en plein désert
? Pourquoi alors ceux qui se sont «réveillés» de la longue nuit coloniale, sont
déprimés de voir la vie perdre de ses couleurs et les plus jeunes rêver, à
l'état (sur) éveillé, d'une vie meilleure, mais ailleurs ? « Ils » voudront
surtout savoir comment a vécu le peuple, entre le lever et le coucher du soleil
de la liberté, puis survécu jusqu'à la mort de l'homme moustachu, avant de
roupiller sur ses lauriers piégés, jusqu'à la tombée du Mur de Berlin et
rentrer, les pieds devant, dans un tunnel si noir que le faisceau de lumière
paraît, encore, si loin devant ! Le Dr Wafa et les
autres martyrs, d'hier, d'aujourd'hui et de demain, devront choisir d'être
glorifiés, oubliés, raillés ou, peut-être, utilisés. Quant à être compris,
jamais !