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Matthieu Galvani: «Djezzy a mis toute son énergie collective en faveur de la solidarité»

par Mohamed Mehdi

Engagée depuis plus de deux ans dans un processus de digitalisation, Djezzy s'est vite adaptée aux restrictions posées en cette période de confinement. Dans un entretien téléphonique (avec deux autres confrères de la presse écrite), le Directeur Général de Djezzy, Matthieu Galvani, nous explique l'organisation de travail au sein de l'entreprise, les mesures de protection des employés et des clients prises depuis le début des décisions du gouvernement d'interdire les transports publics et de réduire les heures de travail. Outre la mise en place d'une «cellule de veille», avant l'annonce du confinement, il évoque également la double opération de solidarité lancée par Djezzy depuis le début de la crise.

Selon Matthieu Galvani, l'entreprise a, «dès la première semaine de mars», mis en place une organisation de travail autour d'une «cellule de veille et de décision» qui se réunit «tous les jours», «en mode présentiel au début, ensuite en mode virtuel» depuis le début du confinement. «Les objectifs de cette cellule c'est la protection du personnel et des clients, garantir une continuité de service technique et commercial, et la coopération avec les autorités, pour voir comment on peut aider, avoir le maximum d'impact et le plus rapidement possible».

Selon notre interlocuteur, le télétravail a été envisagé «dès le début» par la cellule de veille. «On s'est donné comme objectif que tous ceux pour qui le travail ne requiert pas une présence sur le terrain, il fallait considérer de les faire passer en mode de travail à distance». «Pour cela, nous avons mis en place rapidement tous les outils technologiques (VPN, accès indirect par Internet, procédures?). A tel point qu'au sein de la cellule de veille on s'était demandé si on n'allait pas un peu trop vite. Mais, quelques jours plus tard, le gouvernement décide du confinement», explique le DG de Djezzy.

«En dehors des magasins de Djezzy et des déplacements des ingénieurs et techniciens, qui nécessitent une présence, on a atteint 80% des effectifs en télétravail, soit plus de 2.000 personnes», dit-il encore.

«Pour nos personnels qui travaillent en boutique, on est passé à un système de volontariat. En dehors des femmes enceintes et celles qui ont des enfants en bas âge, tous nos personnels se sont portés volontaires pour continuer à travailler en magasin», affirme le DG. Cependant, «pour des raisons techniques», notamment «l'absence de transports en commun», Djezzy a fermé momentanément «15% de ses magasins». «Nous avons quand même pris le relais avec un système de voitures et de chauffeurs, pour aller chercher les gens chez eux ou à des points de collecte et les emmener en boutiques».

Sécurité des personnels et des clients

C'est la «cellule de veille», à laquelle prend part le syndicat de l'entreprise, qui est en charge du «suivi des nouveaux indicateurs comme le nombre de masques distribués (5.000 à 6.000 masques pour 2.500 personnes) et 20.000 petites bouteilles de gel désinfectant aux personnels en ?front line'». Autre élément de cette organisation interne, une communication quotidienne «avec l'ensemble des employés de Djezzy par email pour les tenir informés de la situation et des mesures que la cellule était en train de préparer pour être en accord avec les décisions du gouvernement». «On a aussi consacré une boîte email dédiée pour que tout employé puisse envoyer des questions ou solliciter la cellule de veille».

C'est cette communication qui a permis de mettre en place le système d'hygiaphone temporaire (un grand écran en plexiglas) qu'on a installé sur le bureau de chaque conseiller client dans toutes nos boutiques. On les a fait fabriquer en un temps record par une entreprise algérienne», explique M. Galvani.

Au cours de cette crise, le «top 400» de l'entreprise se réunit régulièrement avec le DG via un «système de vidéoconférence». «C'était la première fois qu'on établissait une réunion avec autant de personnes sur la même liaison Internet». La réunion virtuelle est destinée à informer les cadres de Djezzy «sur le processus interne de lutte contre le Covid-19, sur les performances de la société».

Solidarité

«C'est aussi dans le cadre de cette cellule qu'on a décidé très tôt de voir comment Djezzy pouvait apporter sa contribution à l'effort national de lutte contre le Covid-19. On a sollicité le ministère de la Santé qui a exprimé les besoins en matériel médical. Et c'est comme cela que nous avons pris la décision, en mars, et avec l'accord des actionnaires de Djezzy (FNI et Groupe Veon, ndlr), de débloquer 42 millions de DA pour un don destiné à l'achat d'équipements médicaux (essentiellement du matériel de réanimation et des masques pour le personnel soignant).

On a ensuite décidé de continuer cette action en avril en débloquant une enveloppe supplémentaire 58 millions DA, soit un don global de 100 millions de DA». La deuxième partie du don est destinée à «aider les orphelins et les familles démunies impactées dans cette épreuve de crise sanitaire, via des associations sur tout le territoire national». «Nous avons développé toute notre énergie collective en faveur de la solidarité dans la lutte contre le Covid-19, et dans l'esprit de partage de ce mois de Ramadhan nous prévoyons la distribution, via des associations sur le territoire national, de plus de 14.000 couffins, contenant chacun 23 articles en quantités suffisantes pour subvenir aux principaux besoins pendant ce mois», détaille M. Galvani.

Gestion du réseau

Depuis le début du confinement, Djezzy a noté «un changement de comportement sur le réseau». «Au début, on a eu une hausse de la consommation de data (Internet mobile) et de voix. Puis un ralentissement et une chute. Et cela vient du fait que les zones à forte activité économique ont vu leur consommation baisser, alors que celles qui sont plus à usage domestique (zones résidentielles) ont augmenté. Les charges sur notre réseau ont changé d'heures et d'endroits», explique notre interlocuteur. «Les gens ne se déplacent plus. Dans certains endroits, on a enregistré des chutes de mobilité de 60 à 70%. Ce qui veut dire que le confinement a extrêmement bien fonctionné en fait», explique Matthieu Galvani.

Cette situation a provoqué des «congestions dans certaines zones» dont la consommation a augmenté «par rapport à la demande existant avant le confinement». «Ce que nos ingénieurs ont fait, c'est d'essayer de réguler le trafic sur le réseau afin d'augmenter la capacité et s'assurer de donner la meilleure qualité de service et en fonction de la demande résultant de ces changements momentanés de la nature du trafic. Une chose est sûre, c'est qu'il n'y a pas eu de panne majeure sur notre réseau, ni de gros goulots d'étranglements», explique le DG de Djezzy.