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NOS RIZIERES PLETHORIQUES

par Abdou BENABBOU

Nous croyons rêver et si le songe venait à se dissiper, nous serons disponibles à être casés en tête de liste des premiers ignorants. Nous ne savions pas que l'Algérie exportait du lait, de la farine et du café ! Le rafraîchissement de notre mémoire dissipée est l'œuvre d'un communiqué de la douane nationale interdisant l'exportation d'un nombre de produits alimentaires et autres de premières nécessités. Les viandes rouges et blanches sont soumises elles aussi à la restriction.

Interdiction pour restriction, déduire que l'empêchement relève d'une décision d'extraterrestres est permis. Sauf si les Algériens qui gardent les pieds sur terre n'ont pas connaissance de nos rizières pléthoriques, de nos plantations de café envahissantes et de nos millions de vaches grasses et généreuses euphoriques.

En ces temps de malheur, il est difficile d'admettre que le communiqué de notre douane soit une plaisanterie et qu'il faut au contraire se rassurer de cette inattendue et réconfortante surprise pour les ignares que nous sommes. La bonne nouvelle ! Nous étions donc sans le savoir exportateurs de produits de base et nous avons eu tort de pleurnicher en maudissant nos hydrocarbures que nous pensions être la source de nos maux. Tous ceux paniqués qui réclament aujourd'hui malencontreusement une aide de l'Etat n'ont pas de raison de se lamenter et leur crainte est injustifiable et injustifiée. Nos rizières, nos plantations et nos vaches à traire sont bien là pour leur prodiguer une assurance pour des jours meilleurs et la décision douanière devrait calmer leurs inquiétudes. Mais alors, à quoi ont répondu les tractations animées avec leurs lots de sous-entendus politiques et commerciaux pour mettre des pays étrangers en compétition pour importer de chez eux du lait ou de la farine ? Sauf si nous importons des produits vitaux pour les réexporter sans penser que l'exercice relèverait de l'incongru et ferait de nous un comptoir international de premier ordre. Sur la foi d'un communiqué, les syndicalistes du patronat n'ont rien à craindre puisque l'agriculture avec sa richesse variée est là pour effacer leur angoisse.