La
pandémie actuelle ne doit pas nous empêcher d'essayer de décrypter la crise
géopolitique qui lui est sous-jacente. Jamais le leadership du monde n'a été
autant malmené, ni remis en cause. Le grand chamboulement est en cours. Les
événements se précipitent et s'accélèrent. La fin de l'histoire n'est pas
d'actualité tout comme la pérennité de la mondialisation et de ses effets
dévastateurs. Et le choc des civilisations brandi pour masquer les plus grandes
terreurs de l'histoire humaine comme celles infligées aux Indiens d'Amérique où
présentement au peuple palestinien, en errance et mutilé par la répression,
n'aura pas lieu. Les nouvelles puissances se mettent en place et les anciennes
se résignent. Les peuples s'émancipent et seuls les pouvoirs aveugles rusent.
Et pendant que l'Europe s'effondre, les Etats-Unis s'agrippent pour ne pas
sombrer. Le show must go one n'éclipsera pas la leçon
nord-coréenne et au large des Philippines des soldats américains tombent
malades sur un porte-avions censé défier la mer de Chine. La Chine qui triomphe
chez elle d'une crise sanitaire jamais égalée qu'elle a affrontée toute seule,
sort plus que jamais grandie de cette épreuve dont seul l'avenir nous précisera
l'origine. Et pendant que des Italiens hissent le drapeau
chinois à la place de l'emblème de l'Union Européenne et signifient, par là
même, au reste du monde que le ?brexit' n'est que le
début de l'histoire, des députés français demandent, quant à eux, à leur
gouvernement de solliciter l'expertise médicale avérée de Cuba dans le domaine
des maladies infectieuses pour sortir vite de l'impasse et de nombreux pays
retirent où pensent déjà à le faire, parfois en catimini, leurs troupes
militaires en situation d'agression en terres étrangères. Partout des
conflits s'estompent, d'autres murissent et dévoilent leurs véritables
instigateurs et parfois même le bruit des armes, soudainement, ne se fait plus
entendre. Les défenseurs de la terre et de la préservation des ressources
naturelles applaudissent. Jamais situation n'a été aussi profitable à
l'environnement et pendant que l'humanité se confine, l'air se purifie comme
jamais il ne l'a fait. La course au profit est ralentie, la pluie subitement
revient et les éléments de nouveau s'imposent. Et puis surgissent, dans ces
convulsions planétaires, les paroles prémonitoires de Pierre Rabhi, cet enfant prodige du Touat algérien, « oui le
problème n'est pas de ne pas avoir de croissance mais de ne pas avoir de
décroissance ». Et cette pandémie sera, en tous les cas, une véritable cure de
jouvence et tout le monde fera désormais sa quête de l'essentiel au détriment
du superflu.
Oui
de nouvelles solidarités se développeront, tout comme est en gestation un
nouveau paradigme porté par les peuples et qui structurera, certainement
l'avenir. Le respect de la nature et des droits humains en constitueront, sans
doute, le premier corpus. Oui, de nouveaux rapports de force verront aussi le
jour. Et l'Algérie qui semble avoir pris, dans ce chamboulement général, la juste
mesure des risques qui existent notamment en termes de sécurité nationale et
des enjeux qui s'annoncent en termes de refondation géopolitique de la planète,
se doit également d'encourager, chez elle, la clémence. Oui, à l'égard aussi de
tous ces Algériens qui n'ont que trop aimer ce pays et qui doivent, eux aussi,
revoir la lumière et retrouver l'affection de ceux qui leurs sont chers. La
noblesse des sentiments doit être au-dessus de tout. Oui, il ne faut pas que
cette pandémie décime notre peuple, nos éducateurs, nos médecins, nos
militaires, nos policiers, nos politiques, ... Cette Algérie bénie du ciel a
besoin de vivre, de prospérer et de s'inscrire, désormais, en acteur
incontournable dans ce nouvel ordre mondial qui, sans nul doute, se mettra en place
! Inchaâ Allah.