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Quel sens
faut-il donner à la terrifiante décision du chef du gouvernement britannique
quand il affirme être prêt à offrir au coronavirus jusqu'à 500.000 vies de ses
concitoyens et que c'est le prix à payer pour s'en débarrasser ? N'est-ce pas
là le rappel zoomé d'un rite et une pratique des sociétés primitives qui
s'accommodaient d'offrandes sanguinaires comme prosternations aux pieds de
leurs dieux ? En tout cas, malgré son cynisme et sa manière en va-tout, il
semble avouer que devant un cataclysme naturel, l'homme est totalement désarmé
et qu'il est, devant le néant des ressources, parfois poussé à réclamer l'aide
des talismans et des totems. Ce qui est certain aujourd'hui est que derrière
les confinements généralisés des Etats, les nouvelles barricades des
frontières, les visas pour prendre l'air au coin de sa rue et le reste, la
reconfiguration forcée de la planète s'opère dramatiquement crescendo. De
profonds articulations et comportements sociaux s'ancrent avec une radicalité
imposée malgré une mise en hibernation de jour en jour accentuée de l'espèce
humaine.
Le mot d'ordre n'est plus aux préoccupations et à la préparation de lendemains meilleurs, il est enclin à devenir un sauve-qui-peut. Le souci des réformes et les efforts pour s'adapter à la crise économique mondiale présente ont changé de sens et il n'est plus question maintenant de vie mais de course pour la survie. La razzia sur les produits alimentaires partout dans tous les pays n'est en aucun cas une planification réfléchie, mais un élan instinctif pour respirer, reflexe presque animal pour continuer à exister. Il est vrai qu'on ne sait plus, qu'on ne sait pas s'il faille encore accorder du crédit à la redondance des conseils pour l'obligation faite aux humains pour la préservation d'une biosphère saine quand les prières elles-mêmes sont contrariées par les portes des temples cadenassées. L'ironie du sort veut que la préservation de l'environnement se limite drastiquement au confinement et au port de masques et de gants. Pour on ne sait combien de temps dans un monde qui annonce une large mue. |
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