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LA RESONNANCE D'UN ATTENTISME

par Abdou BENABBOU

A une question posée, il y a quelques années, au président déchu sur l'éventualité d'une revue complète de la structure politique algérienne pour appliquer son programme, il s'était embarqué dans une de ses colères noires dont il se servait régulièrement d'arguments. Le doigt haut levé, il avait vociféré qu'il n'y toucherait jamais. Sa réponse n'avait pas de quoi surprendre et on comprend encore mieux aujourd'hui les vrais tenants d'une dérobade bourrée d'arrière-pensées qui malheureusement pour lui n'ont pas tenu compte des implacables déroutages du temps.

Le sujet reste toujours d'une actualité brûlante et de nombreux observateurs soulignent en ce moment avec raison la non-conformité entre la volonté présidentielle d'aller vers une nouvelle architecture de la structure politique et celle présente qui a soutenu dans sa majorité, à bras-le-corps et les yeux fermés la mainmise déglinguée sur le pays par Bouteflika et son clan.

C'est sans doute la raison première qui a incité le tout frais chef du gouvernement de ne pas s'étaler avec précision et détail sur le programme présenté devant le Parlement. Cette visible retenue a une odeur de bienséance et permettait d'éviter aux parlementaires de se déjuger et sombrer dans le déni de leurs lourds applaudissements passés. Ils savent cependant que leurs jours sont comptés et ils s'accommodent non sans crainte du peu de crédit qui leur est provisoirement encore accordé. A leur décharge, depuis des décennies, l'exercice politique se limitait à privilégier l'art de la connivence et des renoncements.

Dans la résonnance de l'attentisme actuel, il devient certain que le nouveau pouvoir tient à rester d'abord braqué sur une imparable nouvelle constitution perçue comme la principale rampe de lancement pour toutes les grandes réformes annoncées. Avec le référendum populaire prévu, elle est censée établir une plus large légitimité présidentielle et adjointe avec la prochaine loi électorale, dans l'esprit des décideurs, elles sont supposées dégager une fluidité conséquente et justifiée pour des grandes décisions politiques à venir.