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Tébessa: La préservation des sites historiques en question

par Ali Chabana

La récente découverte d'une mosaïque datant de l'époque romaine, dans la région de Negrine, au sud de la wilaya de Tébessa, contenant des inscriptions funéraires. œuvre d'art décoratif, aussitôt découverte, fut aussitôt vandalisée par des actes criminels. Puis une deuxième mosaïque, toujours dans la même contrée. Dans l'immédiat, cela a créé une indignation généralisée parmi la population, notamment chez les quelques personnes activant encore dans le volontariat de la sauvegarde du patrimoine culturel et civilisationnel. La question récurrente est de savoir, le comment et le pourquoi de l'intérêt accordé à ces sites et monuments, à qui revient la mission pour les sécuriser, les préserver, en particulier contre les fouilles non autorisées, à défaut de les valoriser, au titre de la promotion du tourisme culturel ou religieux. Du village pittoresque de Youkous, sur les hauteurs de la localité de Hammamet, à la tour de surveillance du djebel Mestiri, l'huilerie de Berzguene, oued Djebenna à Bir El Ater, en passant par les ruines antiques de Morsott, le monument de culte Basilique, ou encore la fortification dite muraille byzantine, l'amphithéâtre romain, réduit en dépotoir par les commerçants riverains. L'antique ville Tébessa Khalia (déserte), où semble-t-il des dizaines d'hectares de son périmètre font l'objet depuis toujours, du grignotage des constructions illicites, en dépit de l'existence du projet d'une clôture et ce, avec la complicité avérée de certains responsables locaux. De Tazbent à Chéria et Thlygene, d'Oum Ali, jusqu'aux vestiges de Gastel, tous ces sites plusieurs fois séculaires sont exposés aux saccage et pillage, d'actes d'agressions parfois signalés. Quand des gens viennent en toute impunité déplacer les pierres taillées, extirpées des édifices historiques, pour en faire des matériaux de construction de leurs propres bâtisses (!), c'est tout simplement aberrant. L'Office national de gestion et exploitation des biens culturels protégés, un organisme public à caractère industriel et commercial, est chargé comme son nom l'indique pour s'occuper des sites et monuments archéologiques et historiques répertoriés et protégés, alors que d'autres de ces lieux à valeur universelle se trouvent sans sécurité et donc vulnérables. Les sites les plus isolés sont souvent les plus exposés à la dégradation. Selon une liste, qui n'est pas exhaustive, ils sont au nombre de 25 sites et monuments classés, dont 21 biens culturels immobiliers classés. Certains sont même proposés pour être classés au patrimoine mondial, à l'exemple de l'arc de triomphe Caracalla. Alors faudra-t-il actionner les lois et criminaliser les auteurs de la dégradation des biens culturels matériels et immatériels, une richesse nationale que les pouvoirs publics doivent préserver, services de sécurité et autres judiciaires et administratifs sont censés intervenir avec la force de la loi, pour mettre un terme aux agressions caractérisées, par ignorance ou par mépris de tout ce qui est patrimoine historique, bien de la nation algérienne, repères civilisationnels de son évolution à travers les âges. Combien de fois avons-nous signalé les cas de saisie de lots entiers de pièces archéologiques, destinées à la contrebande, vendues pour les collectionneurs sur les marchés de certains pays européens. Tébessa est un véritable musée à ciel ouvert, reconnu, les visiteurs nationaux et étrangers vous le diront avec un brin d'amertume, que l'antique Thevest mérite mieux, ne serait-ce que pour son glorieux passé, la cité aux portes que racontaient voyageurs et historiens.