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Amnesty International dénonce «l'intensification des arrestations» en Algérie

par M. M.

  Dans un communiqué publié jeudi, le second en deux semaines, Amnesty International dénonce «l'intensification des arrestations et de la répression» depuis le début de la campagne électorale.

«Les autorités algériennes ont intensifié leur répression des manifestations à l'approche de l'élection présidentielle, en menant des arrestations arbitraires, en dispersant par la force des manifestations pacifiques contre l'élection présidentielle et en poursuivant en justice et en emprisonnant des dizaines de militants pacifiques ces dernières semaines», affirme le communiqué.

«Depuis le lancement de la campagne présidentielle, les autorités algériennes ont intensifié leur offensive contre la liberté d'expression et de réunion, signalant ainsi leur tolérance très limitée envers les Algériens et Algériennes appelant à un changement du système», a déclaré Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International.

Pour Amnesty, «les autorités algériennes doivent garantir le droit de la population algérienne de manifester pacifiquement et de s'exprimer librement». Citant des «avocats spécialistes des droits humains» et la LADDH, Amnesty fait état de l'arrestation «d'au moins 300 personnes» entre le 17 et le 24 novembre, dont «au moins 37 manifestants pacifiques opposés à l'élection présidentielle» arrêtés à Tlemcen lors «d'un rassemblement lié à la campagne électorale organisé par Ali Benflis, l'un des candidats à l'élection».

«Plus de 150 personnes ont été arrêtées à Alger le 20 novembre lors d'une manifestation nocturne contre l'élection, d'après le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD)», affirme encore l'ONG, qui précise que «la plupart de ces personnes ont par la suite été libérées», alors que «huit ont été inculpées d'»atteinte à la sécurité nationale» et d'»incitation à attroupement non armé» et sont toujours en détention provisoire», et «vingt et une autres personnes ont été libérées, mais doivent comparaître de nouveau devant le tribunal le 6 janvier 2020 pour des accusations comme «incitation à attroupement non armé», «désobéissance civile» et «atteinte à la sécurité nationale»». Dans son communiqué, Amnesty International cite de nombreux cas de personnes arrêtées dans plusieurs villes du pays, dont ceux de Halim Feddal de l'Association Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC).

«Amnesty International a également recensé au moins trois cas de détenus ayant été victimes de mauvais traitements en détention». Il s'agit de «Chems Eddine Brahim Lalami, un militant de Bordj Bou Arreridj arrêté le 20 novembre», de «Sofiane Babaci, un autre militant politique pacifique, a été frappé lors de son arrestation le 26 novembre à Boumerdès» et de «Younes Redjal, un manifestant arrêté lors d'une manifestation à Oran le même jour, présentait des contusions et était presque inconscient lorsqu'il a été trouvé par des membres de la LADDH dans un commissariat».

Pour Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International, «les autorités algériennes doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits aux libertés de réunion et d'expression». Ajoutant : «Ces lourdes peines sont le reflet inquiétant de l'intolérance des autorités algériennes envers la dissidence pacifique».

Amnesty note également que «les autorités algériennes ont également intensifié leurs manœuvres de harcèlement des journalistes». «Au moins cinq journalistes ont été arrêtés depuis le 28 novembre à Alger. Quatre ont été libérés quelques heures plus tard. Un des journalistes a déclaré à Amnesty que son équipement avait été confisqué et qu'ils avaient été menacés d'être inculpés d' «outrage» envers des représentants de l'État s'ils ne signaient pas le procès-verbal d'interrogatoire».

Le communiqué cite également le cas de «l'artiste Abdelhamid Amine, connu sous le nom de Nime», arrêté à Oran «lors d'une descente effectuée sur son lieu de travail, après que ses dessins satiriques représentant les candidats à l'élection présidentielle, le chef d'état-major de l'armée et l'ancien président du pays ont été diffusés sur les réseaux sociaux. Il est actuellement en détention et attend son procès».