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MARCHER SUR LES PIEDS DES AUTRES

par Abdou BENABBOU

Heureusement non généralisé, ce qui s'est passé dans une APC de Souk Ahras dénote une forme évidente de débilité sinon d'inconscience chez une catégorie d'Algériens. Les huit fonctionnaires communaux inquiétés aujourd'hui par la justice ont eu la légèreté infantile de trafiquer les formulaires censés prédisposer des candidats à la présidentielle et démontrer que, par moments, tout ne tourne pas rond dans l'esprit de certains.

Au-delà de ce trafic fomenté avec une large complicité sur la base d'un monnayage évident, il nous arrive d'observer des faits et gestes prouvant avec insistance qu'une large partie de la population est touchée par une maladie indéfinie relevant presque de la psychiatrie. Ces faits et gestes quotidiens vont au-delà de l'incivisme mêlant dans les comportements allant des violences gratuites aux fanfaronnades primaires pour une affirmation de soi et un égocentrisme déplacé pour mettre à mal le vivre ensemble.

Tout y passe dans cette marmelade culturelle souvent effarante aux yeux des esprits sains qui va d'un code de la route malmené et du non-respect de ses voisins aux provocations les plus délurées. N'en déplaise aux tenants d'un vague optimisme reposant seulement sur le verbe et sur du vent, le patriotisme serait en passe de devenir une insaisissable météorite. Tendre l'oreille dans un transport public est un exercice souvent imposé par la proximité et rend un compte obligé de l'effarement des démêlés sociaux.

Les maux et un certain désespoir sont à l'évidence dus à une histoire nationale qui n'a pas seulement offert au peuple algérien une souveraineté censée l'extirper de l'esclavage des temps modernes mais qui lui a aussi livré toutes les tares d'un développement désaxé. Se conformer à la loi et à la bienséance devient une hérésie et le droit se transforme en vagues chalandages qui permettent à n'importe qui de marcher sur les pieds des autres.

Vouloir être président de la République à tout prix avec une superbe effronterie, devient donc conforme à l'état d'esprit d'un harrag et d'un immolé par le feu.