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LA TRAQUE INFORMELLE

par Abdou BENABBOU

Nos commerçants, petits et grands, les affiliés et les rebelles à la sauvette donnent une image pathétique, presque dramatique au négoce. Ceux entre quatre murs commencent à s'initier aux règles de la réception des acheteurs, clients devenus de plus en plus indociles même si la loi de l'offre et de la demande reste désaxée. Les informels, eux, se démènent, empêtrés dans un commerce qui ne leur produit que la consistance d'une présence et l'illusion de vivre.

Si les affiliés résistent pour échapper à la faillite et à la ruine, les marchands clandestins n'ont que leur ténacité pour une survie aléatoire, rendant ridicules et puériles les chasses à l'homme des autorités, successives et répétées pour effacer un commerce appelé pompeusement informel.

L'ineptie est que l'on occulte les vraies causes du problème et l'on fait semblant de se conformer à une rigueur sociale que l'on sait superficielle bien que convaincu que c'est la traque avec sirènes qui est elle-même informelle. On est resté figé dans l'esprit circonscrit au ravalement de quelques murs et au rafistolage des bouts de routes aux passages des officiels poussant l'infantilisme désarmant jusqu'à courber la tête et briser l'honneur pour effacer les dos d'âne quand un prétendu seigneur s'annonce.

C'est que tout ce qui devait concourir à l'harmonie d'une bonne gouvernance a failli. A la base, l'école et la formation ont été depuis toujours perverties par la monstrueuse cupidité politique et en se généralisant a fini de faire sombrer toute une nation dans l'indolence et la nonchalance. Cerise pourrie sur une tarte indigeste, la farfelue politique de l'ANSEJ est venue comme un coup de massue sur un état des lieux affligeant. Des milliers de milliards ont été jetés par les fenêtres en toute conscience comme si le bricolage érigé en science diffuse pour rendre le savoir et le savoir-faire un attribut inaccessible à une majorité d'Algériens revêtus de force d'habits de zombies corvéables.

A bien peser et évaluer le vaste marécage social, pour peu qu'il soit intègre et d'un sérieux à toute épreuve, il faudrait bien de la compassion à l'adresse du futur président.