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Pour le 21ème vendredi: La protestation continue

par M. A.

Toujours la même détermination, toujours la même mobilisation pour l?édification d'un Etat de droit. Les citoyens ont occupé, en ce 21ème vendredi de contestation populaire, les espaces publics pour réclamer haut et fort « un Etat civil » et la libération des détenus d'opinion. A Alger, le décor n'a pas changé, mis à part un renforcement du dispositif sécuritaire. Des camions bleus de la police ont formé des lignes droites interminables de la Grande Poste d'Alger jusqu'à la Place Maurice Audin. Des fourgons installés dans les ruelles, près des espaces publics habituellement occupés par les manifestants. Ces derniers ont été fouillés par la police avant leur arrivée sur les lieux, et certains ont été arrêtés.

En dépit de la fermeture des accès menant vers la capitale, les citoyens sont sortis pour dire leur mot et pour formuler des propositions pour une sortie de cette crise politique. L'huile de moteur versée sur les poteaux électriques et aux alentours des stations du métro, vraisemblablement pour empêcher les manifestants de s'asseoir, n'a pas dissuadé les jeunes qui se sont installé dans d'autres endroits. D'autres ont marché, sans arrêt, dans les grandes artères de la capitale.

Le slogan-phare de cette 21ème action est « Etat civil et non militaire ». Et ce, en réponse au dernier discours de Gaid Salah. Les manifestants tenaient à l'édification d'un Etat civil « Non à la gestion de la République à partir des casernes », « primauté du civil sur le militaire » pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les protestataires. Les acteurs de ce mouvement populaire ont appelé à la libération des détenus et des manifestants emprisonnés : « libérez nos enfants », «libérez Lakhdar Bouragâa», «libérez les prisonniers d'opinion ». D'autres ont brandi les portraits des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance de l'Algérie. Les familles de disparus étaient parmi les manifestants en train de réclamer une justice indépendante ainsi que la vérité et rien que la vérité sur la disparation de leurs enfants, lors de la décennie noire.

A Constantine et sous une chaleur accablante, des centaines de manifestants ont tenu à battre le pavé, au centre-ville, pour ce 21ème vendredi des manifestations. Ils n'étaient pas aussi nombreux que la veille, lors des liesses populaires après la qualification de l'équipe nationale, au dernier carré de la CAN 2019, en Egypte, mais les manifestants étaient au rendez-vous, avec des slogans propres au ?Hirak', bien évidemment. « Ils ont vendu le pays, les traîtres », criait-on. « Dawla madania, machi aâskaria » (état civil, non militaire), est un autre slogan qui a été presque dans toutes les voix des manifestants, ainsi que les nombreux écriteaux portés par les citoyens. Aussi, les manifestants ne lâchent rien pour ce qui est du départ des «2B», Bensalah et Bedoui. « La chute de la Issaba, toute la issaba », scandaient des centaines de Constantinois qui ont investi le centre-ville après la prière du vendredi. Des chants patriotiques habituels ont été, également, repris par les manifestants, drapés de l'emblème national, en ce 21ème vendredi des manifestations contre le système. Les policiers déployés en nombre au centre-ville, comme à leur habitude, bloquant certains accès qui mènent vers la wilaya, n'ont pas eu à intervenir dans la marche des manifestants, qui se déroulait dans un climat pacifique.